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Italie

Tremblement de terre meurtrier

La région du Molise, au sud-est de Rome, a été touchée par un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter. Il s’agit du plus violent tremblement de terre en Italie depuis 1997. Il a été ressenti sur une distance de 360 kilomètres, entre Rome et Potenza, dans le sud du pays. Le bilan est lourd puisqu’on annonce déjà 29 décès. Et l’émotion est d’autant plus vive que la plupart des victimes sont de jeunes enfants qui se trouvaient dans une école.
A 10h32, jeudi matin, une forte secousse a été ressentie dans toute la région de Campobasso, le chef lieu de canton de la région du Molise. Une quinzaine de localités ont été touchées par ce séisme mais c’est à San Giuliano di Puglia, un village médiéval de mille deux cents habitants, que s’est situé l’épicentre du tremblement de terre.

En quelques instants, ce petit bourg tranquille a sombré dans le chaos. De nombreux témoignages font état du choc et de la surprise provoqués par ce séisme. Le sol a tremblé, les maisons ont bougé, les murs se sont lézardés et on a assisté à des mouvements de panique. Si la secousse n’a duré que deux ou trois secondes, les dégâts n’en sont pas moins importants. Soixante-dix pour cent des habitations de la zone où elle a été la plus violente ont été endommagées. Près de trois mille personnes de la région se sont retrouvées sans abris.

A San Giuliano di Puglia, c’est l’école qui a été la plus touchée. Elle s’est complètement effondrée. Au moment du drame, il y avait dans l’établissement cinquante-six enfants mais aussi quatre enseignants et deux surveillants réunis pour fêter Halloween. Lorsque les habitants du village ont vu l’épaisse fumée dégagée par l’effondrement du bâtiment, ils ont compris l’ampleur des dégâts. Des gens se sont précipités pour essayer de porter secours aux enfants le plus vite possible mais il a fallu attendre l’arrivée des sauveteurs avec le matériel adéquat et des chiens pour commencer effectivement les recherches. Ils ont réussi à extirper des amas de gravats trente-cinq personnes encore vivantes. Certaines sont grièvement blessées et ont été transportées dans les hôpitaux de la région. Deux enfants seraient dans un état très grave.

L’école n’était pas aux normes

Durant toute la nuit, les sauveteurs ont continué à fouiller les décombres devant les familles rongées d’angoisse. Vendredi, les autorités italiennes ont annoncé qu’il y aurait vraisemblablement 29 victimes. Parmi elles, 25 enfants présents à l’école, pour la plupart âgés de sept ou huit ans, une enseignante et deux vieilles dames qui ont été tuées dans leurs maisons. Un enfant et un adulte sont encore portés disparus. Mais au fil des heures, l’espoir de les retrouver vivants s’amenuise. Le bilan aurait pu être plus lourd. Au moment où la secousse a eu lieu, de nombreux enfants étaient en train de faire des jeux dans la cours. C’est ce qui les a sauvé.

Les corps des victimes déjà dégagés par les sauveteurs ont été regroupés dans un gymnase de la ville. Seules les familles sont autorisées à s’y rendre. Depuis hier, San Giuliano di Puglia vit au rythme des plaintes et des pleurs des pères et des mères dont les enfants sont morts. Certaines familles ont été totalement détruites. Une femme a ainsi perdu ses trois enfants. Face à ce drame, la colère commence à monter. L’école est, en effet, le seul bâtiment à s’être complètement effondré. Construite en 1953 et récemment réhabilitée, elle n’était pas aux normes antisismiques en vigueur. Le plafond, en béton, était trop lourd par rapport aux murs en briques. C’est ce qui explique l’effondrement si rapide du bâtiment. D’autre part, le curé de la paroisse qui avait senti de petites secousses, quelques heures auparavant, avait conseillé de ne pas ouvrir l’école ce jour-là, au cas où. Il n’a pas été écouté.

Les autorités ont annoncé qu’une enquête allait être ouverte pour déterminer les causes de ce drame. Et Silvio Berlusconi, le président du conseil, qui a qualifié ce tremblement de terre de «tragédie», s’est rendu vendredi dans la région où l’état d’urgence a été décrété. La polémique risque d’enfler dans les prochains jours car, selon les spécialistes, le risque de tremblement de terre n’est quasiment pas pris en compte par les constructeurs alors que cette région italienne se situe dans une zone sismique active et qu’un certain nombre de mesures préventives et de contrôles pourraient limiter les dangers.



par Valérie  Gas

Article publié le 01/11/2002