Congo démocratique
Kabila fait le ménage
La lutte contre la corruption provoque un remaniement gouvernemental en République démocratique du Congo. Le président Joseph Kabila se sépare de plusieurs proches collaborateurs pour calmer l’opinion publique et contenter les milieux d’affaires internationaux.
«Tous ceux qui détiennent des éléments de preuve montrant l’implication de ces personnalités dans le pillage de ressources congolaises doivent se mettre en contact avec le procureur de l’Etat», déclare Evariste Boshab un conseiller du président Joseph Kabila à la télévision nationale. Cet appel à la délation et à l’exhumation de dossiers compromettant va inévitablement servir de prétexte à certains individus qui chercheront à «plomber» la carrière d’un potentiel adversaire politique. Les experts de l’ONU qui ont rendu public un rapport sur le pillage des ressources du Congo ne s’attendaient certainement pas à de tels rebondissements. La presse locale s’est saisie du dossier pour nommément qualifier des proches du pouvoir de pilleurs. L’église qui représente un pouvoir moral très écouté s’est mêlée au débat pour dire aussi son indignation sur l’établissement d’un réseau mafieux au plus haut sommet de l’Etat.
La réaction du président Kabila a été prompte. Il a limogé trois de ses ministres directement mis en cause dans le rapport. Il s’agit de Augustin Katumba Mwanke, ministre à la Présidence, proche conseiller du président Kabila, de Mwenze Kongolo, ministre de la Sécurité et de l’ordre public et de Denis Kalume, le ministre du Plan et de la reconstruction. Le président par ce geste tente de calmer le mécontentement populaire suscité par la publication du rapport des experts de l’ONU.
La suspension de ces ministres répond aussi à une volonté de Joseph Kabila qui veut envoyer un signal fort à l’opinion internationale, aux milieux d’affaires et aux institutions financières internationales pour faire la démonstration qu’il tient bien les rênes du pouvoir. Mais après cet effet d’annonce, bien reçu dans les milieux concernés, le pouvoir congolais devra maintenant faire face à la collusion d’intérêts entre les milieux d’affaires et le monde politique dans un pays ravagé par la guerre.
La crédibilité internationale de Kinshasa est en jeu
Un premier rapport des experts de l’ONU avait déjà accusé les pays étrangers impliqués dans le conflit congolais de se livrer au pillage des ressources de ce pays. Le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, soutiens des mouvements rebelles, et même le Zimbabwe allié du pouvoir ont été épinglés dans ledit rapport qui a établi des connexions avec le trafic international. Des minerais rares se retrouveraient sur le marché et constitueraient des sources de financement de la guerre. Le départ des troupes étrangères est alors analysé comme une voie salutaire pour le règlement du conflit. Pour la première fois les instances internationales ont fait le lien entre l’économie et la guerre au Congo. De nombreuses organisations humanitaires ont alors demandé un boycott actif de l’or ou du diamant congolais vendus sur le marché international et qui ne soient pas passés par les canaux officiels.
Mais à la veille d’un nouveau round de négociation à Pretoria, impliquant toutes les parties prenantes au conflit, la Banque mondiale et le FMI (Fonds monétaire international), présumant d’un accord de partage du pouvoir à Kinshasa ont dépêché sur place des experts chargés d’étudier la mise en route d’une économie saine à travers des structures financières fiables. Les travaux de ces experts ont conduit à la mise à nu de nombreux dysfonctionnements dans la gestion de l’économie de la RDC. Elle répond encore à une économie de guerre établie sur des réseaux parallèles qui soutiennent l’effort de guerre. La crédibilité du gouvernement congolais est alors liée au démantèlement du système. Le président en assume la responsabilité politique en se séparant officiellement de certains de ses proches collaborateurs.
Mwenze Kongolo, l’un des piliers du gouvernement, ministre de la Sécurité et principal négociateur du pouvoir de Kinshasa dans les discussions avec les rebelles pour un partage du pouvoir, a été limogé parce que son nom est plusieurs fois cité dans des malversations politico-financières. La lutte contre la corruption réclamée par les institutions financières internationales trouve ainsi un écho auprès de Joseph Kabila qui s’engage dans la voie des sanctions exemplaires. Mais, pour échapper au rouleau compresseur de l’Etat policier, plusieurs sociétés ont délibérément mis leurs fichiers à dispositions du pouvoir, provoquant de fait une crise de confiance des hommes d’affaires. Le pouvoir congolais découvre par cette occasion que le manque de confiance des opérateurs économiques est aussi nuisible que la corruption à l’économie nationale.
La réaction du président Kabila a été prompte. Il a limogé trois de ses ministres directement mis en cause dans le rapport. Il s’agit de Augustin Katumba Mwanke, ministre à la Présidence, proche conseiller du président Kabila, de Mwenze Kongolo, ministre de la Sécurité et de l’ordre public et de Denis Kalume, le ministre du Plan et de la reconstruction. Le président par ce geste tente de calmer le mécontentement populaire suscité par la publication du rapport des experts de l’ONU.
La suspension de ces ministres répond aussi à une volonté de Joseph Kabila qui veut envoyer un signal fort à l’opinion internationale, aux milieux d’affaires et aux institutions financières internationales pour faire la démonstration qu’il tient bien les rênes du pouvoir. Mais après cet effet d’annonce, bien reçu dans les milieux concernés, le pouvoir congolais devra maintenant faire face à la collusion d’intérêts entre les milieux d’affaires et le monde politique dans un pays ravagé par la guerre.
La crédibilité internationale de Kinshasa est en jeu
Un premier rapport des experts de l’ONU avait déjà accusé les pays étrangers impliqués dans le conflit congolais de se livrer au pillage des ressources de ce pays. Le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, soutiens des mouvements rebelles, et même le Zimbabwe allié du pouvoir ont été épinglés dans ledit rapport qui a établi des connexions avec le trafic international. Des minerais rares se retrouveraient sur le marché et constitueraient des sources de financement de la guerre. Le départ des troupes étrangères est alors analysé comme une voie salutaire pour le règlement du conflit. Pour la première fois les instances internationales ont fait le lien entre l’économie et la guerre au Congo. De nombreuses organisations humanitaires ont alors demandé un boycott actif de l’or ou du diamant congolais vendus sur le marché international et qui ne soient pas passés par les canaux officiels.
Mais à la veille d’un nouveau round de négociation à Pretoria, impliquant toutes les parties prenantes au conflit, la Banque mondiale et le FMI (Fonds monétaire international), présumant d’un accord de partage du pouvoir à Kinshasa ont dépêché sur place des experts chargés d’étudier la mise en route d’une économie saine à travers des structures financières fiables. Les travaux de ces experts ont conduit à la mise à nu de nombreux dysfonctionnements dans la gestion de l’économie de la RDC. Elle répond encore à une économie de guerre établie sur des réseaux parallèles qui soutiennent l’effort de guerre. La crédibilité du gouvernement congolais est alors liée au démantèlement du système. Le président en assume la responsabilité politique en se séparant officiellement de certains de ses proches collaborateurs.
Mwenze Kongolo, l’un des piliers du gouvernement, ministre de la Sécurité et principal négociateur du pouvoir de Kinshasa dans les discussions avec les rebelles pour un partage du pouvoir, a été limogé parce que son nom est plusieurs fois cité dans des malversations politico-financières. La lutte contre la corruption réclamée par les institutions financières internationales trouve ainsi un écho auprès de Joseph Kabila qui s’engage dans la voie des sanctions exemplaires. Mais, pour échapper au rouleau compresseur de l’Etat policier, plusieurs sociétés ont délibérément mis leurs fichiers à dispositions du pouvoir, provoquant de fait une crise de confiance des hommes d’affaires. Le pouvoir congolais découvre par cette occasion que le manque de confiance des opérateurs économiques est aussi nuisible que la corruption à l’économie nationale.
par Didier Samson
Article publié le 12/11/2002