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Immigration

Les réfugiés de Calais ont été évacués

Les forces de l’ordre sont intervenues à l’aube pour évacuer l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Calais où étaient retranchés une centaine de clandestins refoulés du centre de la Croix Rouge à Sangatte, qui voulaient se rendre coûte que coûte en Angleterre. Depuis quatre jours, des négociations étaient en cours pour essayer de convaincre les réfugiés d’accepter les propositions de prise en charge du gouvernement français. Devant leur refus, les autorités ont finalement décidé, après deux ultimatum non respectés, de les déloger de force.
Il faisait encore nuit. La plupart des réfugiés étaient endormis sur les bancs ou à même le sol, dans l’église de Calais où ils s’étaient regroupés depuis le 9 novembre. Les CRS (Compagnie républicaine de sécurité) chargés de l’intervention n’ont donc eu aucun mal à les faire sortir de l’enceinte de cet édifice. Les forces de l’ordre étaient accompagnées d’interprètes qui leur ont expliqué la situation. Surpris, apeurés, ils n’ont pas opposé de résistance. En moins d’une demi-heure, les 99 migrants kurdes et afghans qui avaient refusé de sortir de l’église ont été évacués des lieux. A l’extérieur, des bus les attendaient pour les transporter vers plusieurs commissariats de la région (Boulogne-sur-mer, Coquelle, Saint-Omer) où leurs cas vont être étudiés individuellement.

L’abbé de Saint-Pierre-Saint-Paul, Jean-Pierre Boutoille, qui a participé aux négociations avec les réfugiés depuis le début de l’occupation de l’église a estimé que l’intervention des forces de l’ordre s’était faite «de manière correcte». Il a aussi précisé qu’il avait souhaité que l’évacuation ait lieu «de nuit, pendant leur sommeil pour éviter des réactions trop brutales». Il est vrai que la détermination des derniers irréductibles de Saint-Pierre-Saint-Paul pouvait laisser craindre des réactions désespérées en cas d’intervention de la police. Ils avaient inscrit sur des pancartes : «Aller à Sangatte ou mourir» en guise d’ultime revendication et de réponse aux propositions du gouvernement français.

Malgré tout, dès hier, les réfugiés semblaient être de moins en moins résolus. Deux kurdes ont d’ailleurs accepté, mercredi soir, de sortir et de demander l’asile en France, renonçant de fait à faire la même demande en Grande-Bretagne comme ils le désiraient au départ. La majorité de leurs compatriotes semblaient être proches d’accepter eux aussi cette solution mais ont voulu rester solidaires des Afghans présents dans l’église à leurs côtés, qui «n’étaient pas encore décidés».

Demande d’asile ou hébergement d’urgence

A l’intérieur de l’édifice, les conditions de vie devenaient de plus en plus difficiles notamment à cause de l’absence d’installations sanitaires adéquates pour permettre à une centaine de personnes d’avoir une hygiène correcte, dans un lieu, il est vrai, au départ dédié au culte. Quelques cas de gale ont d’ailleurs été détectés parmi les réfugiés. Dans un tel contexte, le collectif d’associations qui leur venait en aide avait estimé que leur situation était difficilement tenable. D’autant que les riverains trouvaient eux aussi le temps long et manifestaient de plus en plus leurs craintes face à la prolongation de l’occupation de l’église.

C’est donc finalement le président du tribunal de Boulogne-sur-mer qui a ordonné l’évacuation à la demande du maire de Calais, Jacky Hénin qui avait déjà posé deux ultimatum pour inciter les réfugiés à accepter de sortir de manière volontaire. Le dernier avait expiré mercredi midi sans avoir obtenu le résultat escompté.

Les migrants évacués ce matin vont pouvoir soit demander l’asile en France, soit être hébergés dans des centres d’accueil situés hors du département. Ceux qui refuseront les propositions du gouvernement feront, par contre, l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière. Le préfet a annoncé que 76 des 99 réfugiés avaient, dès jeudi matin, décidé de demander l’asile, et que 13 autres désiraient accéder à un centre d’hébergement d’urgence avec un sauf-conduit de 5 jours. Six réfugiés ont refusé les deux solutions. Il a, d’autre part, confirmé que l’Etat s’engageait à accueillir tous les migrants qui se présenteraient à Calais. Cette décision a été prise pour répondre à la demande des élus de la région, qui ont été reçus, mardi, par le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy et se sont inquiétés auprès de lui des conséquences de l’arrêt anticipé de l’accueil dans le centre de Sangatte, effectif depuis le 5 novembre.



par Valérie  Gas

Article publié le 14/11/2002