Indonésie
Craintes et incertitudes après l’attentat de Bali
L’attentat du 12 octobre a porté un coup très dur à l’industrie touristique indonésienne, une des principales ressources en devises étrangères de l’Archipel. C’est donc toute l’économie, déjà précaire, du pays qui est aujourd’hui menacée d’effondrement. Et il n’est pas sûr que les progrès réalisés dans l’enquête suffisent à restaurer la confiance des touristes et des investisseurs étrangers.
De notre envoyé spécial à Bali
Bali est l'île la plus prospère d'Indonésie. Cette prospérité repose à 90% sur le tourisme qui attire chaque année plus d'un million et demi de voyageurs. Surnommée «l'Ile des dieux», Bali rapporte un tiers des cinq milliards de dollars de devises étrangères qui rentrent chaque année en Indonésie grâce au tourisme. Mais les conséquences de l’attentat, qui a fait près de 190 morts, de jeunes routards occidentaux pour la plupart, sont déjà visibles partout. Les taxis attendent désespérément des clients, les restaurants sont presque vides et les hôtels, où les taux de remplissage atteignent péniblement les 10%, ont parfois baissé leurs tarifs de moitié. Résultat: 130 000 employés du secteur pourraient être bientôt licenciés.
Pour éviter l’effondrement économique, les responsables locaux envisagent de lancer une campagne de promotion internationale intitulée «Retour à Bali». Mais ces chances de réussite seront minces si le gouvernement indonésien ne met pas tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme. Car l'industrie touristique dépend avant tout de la sécurité. Longtemps critiqué pour sa passivité, Jakarta tente maintenant de répondre à cet impératif. La protection des installations stratégiques (hôtels internationaux, aéroports, sites pétroliers…etc.) a été renforcée ; un décret créant une force antiterroriste adopté et Abou Bakar Bashir, le chef spirituel supposé de la Jamaa Islamya, arrêté. Cette semaine l’enquête a même connu un rebondissement spectaculaire avec les aveux du coordinateur de l’attaque du 12 octobre, un dénommé Amrozi.
Les Etats-Unis et l’Australie inquiets
Des aveux qui devraient permettre l’arrestation rapide des autres membres du commando, entre six et neuf personnes, toutes indonésiennes. Restera alors à établir la nature de leurs liens avec la Jamaya islamya. Amrozi aurait déclaré qu’il n’appartenait pas formellement à cette organisation mais qu’il était imprégné des idées d’Abou Bakar Bashir. Dans le sillage d’Amrozi on retrouve également le très mystérieux Hambali qui aurait fourni un appui logistique aux auteurs de l’attentat. Cet indonésien, recherché par toutes les police d’Asie du Sud-Est pour une série d’attaques terroristes aux Philippines et en Indonésie, est le chaînon qui permet de relier Amrozi à l’organisation d’Oussama Ben Laden qui a revendiqué le carnage de Bali sur le site web de CNN. Car si Hambali est considéré comme le chef opérationnel de la Jamaa islamya, il serait aussi, d’après les services de renseignements de plusieurs pays, membre de la direction exécutive d’Al-Qaïda.
Malgré ces progrès, les Etats-Unis et l’Australie continuent de multiplier les signes d’alerte quant aux «risques très élevés» de nouveaux attentats anti-occidentaux dans l’Archipel. Washington et Canberra ont même décidé de retirer une partie de leurs diplomates et conseillé à leurs ressortissants de quitter le pays. Dans la foulée, la Nouvelle-Zélande, la Grande Bretagne, l'Allemagne et le Danemark ont adressé le même conseil à leurs citoyens. Résultats: la fréquentation touristique a déjà chuté de 80% à Solo et à Yogyarkarta, deux des villes les plus visitées de l’île de Java. Avec la chute du secteur touristique, quatrième source de devises étrangères après le pétrole, le gaz et le textile, c’est toute l’économie indonésienne, déjà ébranlée par le krach boursier asiatique de 1997, qui pourrait s’enfoncer un peu plus dans la crise. Les investissements étrangers du secteur privé, qui tardaient à revenir en raison, notamment, de l’absence totale de sécurité juridique, resteront sans doute encore longtemps loin des rives de l’Archipel. L’Indonésie, déjà classée par l’EIU (Economist Intelligence Unit) de Londres comme le quatrième pays le plus risqué du monde pour le commerce, est désormais placée par les grandes compagnies d’assurances sur la liste des pays où les risques liés au terrorisme sont les plus élevés.
Plus inquiétant encore, la psychose de nouveaux attentats, alimentée par l’explosion récente d’une bombe artisanale dans un centre commercial de Bandung (Java-centre), affecte également la consommation locale. Cette baisse est d’autant plus ennuyeuse qu’elle intervient alors que s’ouvre une période particulièrement propice aux affaires: le mois musulman du ramadan et les célébrations chrétiennes de Noël. Pour amortir le choc, le gouvernement envisage d’augmenter les dépenses de développement en 2003. Mais sa marge de manœuvre budgétaire est étroitement limitée par le remboursement d’une dette extérieure exorbitante.
Bali est l'île la plus prospère d'Indonésie. Cette prospérité repose à 90% sur le tourisme qui attire chaque année plus d'un million et demi de voyageurs. Surnommée «l'Ile des dieux», Bali rapporte un tiers des cinq milliards de dollars de devises étrangères qui rentrent chaque année en Indonésie grâce au tourisme. Mais les conséquences de l’attentat, qui a fait près de 190 morts, de jeunes routards occidentaux pour la plupart, sont déjà visibles partout. Les taxis attendent désespérément des clients, les restaurants sont presque vides et les hôtels, où les taux de remplissage atteignent péniblement les 10%, ont parfois baissé leurs tarifs de moitié. Résultat: 130 000 employés du secteur pourraient être bientôt licenciés.
Pour éviter l’effondrement économique, les responsables locaux envisagent de lancer une campagne de promotion internationale intitulée «Retour à Bali». Mais ces chances de réussite seront minces si le gouvernement indonésien ne met pas tout en œuvre pour lutter contre le terrorisme. Car l'industrie touristique dépend avant tout de la sécurité. Longtemps critiqué pour sa passivité, Jakarta tente maintenant de répondre à cet impératif. La protection des installations stratégiques (hôtels internationaux, aéroports, sites pétroliers…etc.) a été renforcée ; un décret créant une force antiterroriste adopté et Abou Bakar Bashir, le chef spirituel supposé de la Jamaa Islamya, arrêté. Cette semaine l’enquête a même connu un rebondissement spectaculaire avec les aveux du coordinateur de l’attaque du 12 octobre, un dénommé Amrozi.
Les Etats-Unis et l’Australie inquiets
Des aveux qui devraient permettre l’arrestation rapide des autres membres du commando, entre six et neuf personnes, toutes indonésiennes. Restera alors à établir la nature de leurs liens avec la Jamaya islamya. Amrozi aurait déclaré qu’il n’appartenait pas formellement à cette organisation mais qu’il était imprégné des idées d’Abou Bakar Bashir. Dans le sillage d’Amrozi on retrouve également le très mystérieux Hambali qui aurait fourni un appui logistique aux auteurs de l’attentat. Cet indonésien, recherché par toutes les police d’Asie du Sud-Est pour une série d’attaques terroristes aux Philippines et en Indonésie, est le chaînon qui permet de relier Amrozi à l’organisation d’Oussama Ben Laden qui a revendiqué le carnage de Bali sur le site web de CNN. Car si Hambali est considéré comme le chef opérationnel de la Jamaa islamya, il serait aussi, d’après les services de renseignements de plusieurs pays, membre de la direction exécutive d’Al-Qaïda.
Malgré ces progrès, les Etats-Unis et l’Australie continuent de multiplier les signes d’alerte quant aux «risques très élevés» de nouveaux attentats anti-occidentaux dans l’Archipel. Washington et Canberra ont même décidé de retirer une partie de leurs diplomates et conseillé à leurs ressortissants de quitter le pays. Dans la foulée, la Nouvelle-Zélande, la Grande Bretagne, l'Allemagne et le Danemark ont adressé le même conseil à leurs citoyens. Résultats: la fréquentation touristique a déjà chuté de 80% à Solo et à Yogyarkarta, deux des villes les plus visitées de l’île de Java. Avec la chute du secteur touristique, quatrième source de devises étrangères après le pétrole, le gaz et le textile, c’est toute l’économie indonésienne, déjà ébranlée par le krach boursier asiatique de 1997, qui pourrait s’enfoncer un peu plus dans la crise. Les investissements étrangers du secteur privé, qui tardaient à revenir en raison, notamment, de l’absence totale de sécurité juridique, resteront sans doute encore longtemps loin des rives de l’Archipel. L’Indonésie, déjà classée par l’EIU (Economist Intelligence Unit) de Londres comme le quatrième pays le plus risqué du monde pour le commerce, est désormais placée par les grandes compagnies d’assurances sur la liste des pays où les risques liés au terrorisme sont les plus élevés.
Plus inquiétant encore, la psychose de nouveaux attentats, alimentée par l’explosion récente d’une bombe artisanale dans un centre commercial de Bandung (Java-centre), affecte également la consommation locale. Cette baisse est d’autant plus ennuyeuse qu’elle intervient alors que s’ouvre une période particulièrement propice aux affaires: le mois musulman du ramadan et les célébrations chrétiennes de Noël. Pour amortir le choc, le gouvernement envisage d’augmenter les dépenses de développement en 2003. Mais sa marge de manœuvre budgétaire est étroitement limitée par le remboursement d’une dette extérieure exorbitante.
par Jocelyn Grange
Article publié le 10/11/2002