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Immigration

Adapter les migrants aux besoins des entreprises

Pour faire face aux difficultés de recrutement des entreprises françaises dans certains secteurs d'activité la France devra, dans les années à venir, continuer d’avoir recours à l’immigration. Mais, précise le Commissariat général au plan dans un récent rapport, pas de façon massive ni indifférente aux qualifications. Une proposition : l’accueil, en cours de formation, d’étrangers adaptés aux besoins du marché du travail.
«La porte de l’immigration de travail non qualifié semble bien durablement fermée» affirme Carole Deneuve chercheuse au Centre d’observation économique, dans sa contribution au rapport du Commissariat général au plan, consacré à l’intégration des immigrés sur le marché du travail. En effet, les entreprises françaises connaissent des difficultés d’embauche dans certains secteurs en développement comme l’informatique liée aux nouvelles techniques d’infirmation et de communication, les services aux entreprises, mais aussi la santé, le commerce, l’hôtellerie-restauration, le transport ou le tourisme. Sachant que ces «manques» coexistent avec plus de deux millions de chômeurs, il apparaît que les entreprises recherchent bien des compétences précises pour certains types de métiers. Ces tiraillements entre l’offre et la demande devraient s’aggraver à partir de 2006 avec le départ en retraite des générations nées dans l’après deuxième guerre mondiale.

Pour autant, les experts concluent que ce n’est pas l’immigration qui résoudra seule le problème du vieillissement de la population ou du déficit des caisses de retraites. Ils s’élèvent aussi contre un rapport de l’ONU qui, en 2000, préconisait l’immigration de plusieurs millions de personnes pour compenser la baisse de la fécondité. Ainsi, la France devrait avoir besoin d’accueillir environ 120 000 immigrants par an pour maintenir les effectifs de sa population active dans les 50 ans à venir.

Nouvelles coopérations internationales

La France compte aujourd’hui 1,5 million d’actifs étrangers, soit 6% de la population active. Le nombre des immigrés, dans l’ensemble de la population est stabilisé à 7,5%, soit moins qu’en Allemagne (9%) ou aux Etats-Unis (plus de 10%). Les étrangers occupent pour 46% d’entre eux des emplois non qualifiés contre 27% des Français, avec des contrats courts (13% contre moins de 10%) et se trouvent au chômage plus souvent (20% contre 10%). La solution n’est donc pas de ce côté.

Certains pays ont mis en place des systèmes de sélection pour recruter des migrants qualifiés. La France confrontée à la pénurie de main-d’œuvre a accueilli de manière dérogatoire 4000 informaticiens en 2001, deux fois moins que l’Allemagne avec son système «à points». Mais une alternative à l’immigration de personnels qualifiés est proposée dans ce rapport. C’est la formation des nationaux et des migrants déjà installés aux métiers de demain. A cela s’ajoute une proposition plus originale : l’accueil des jeunes étrangers en cours de scolarité ce qui permettrait à la France de bénéficier d’une main d’œuvre étrangère qualifiée, maîtrisant des compétences linguistiques et techniques et plus facilement adaptable aux besoins des entreprises.

Formés en France ou par le système éducatif français ces étudiants, ces spécialistes et ces chercheurs «seraient un atout précieux pour les entreprises». Voilà, en outre le moyen d’inciter à de nouvelles formes de coopération internationale. Cela implique de mettre un terme à «l’incohérence selon laquelle l’étudiant étranger a vocation à rentrer dans son pays d’origine sitôt sa formation terminée». Il ne s’agit pas d’occulter le débat sur la fuite des cerveaux généralement considéré comme négatif pour les pays d’origine. Toutefois, des études récentes nuancent ce propos en suggérant, sans conclure, qu’au contraire les pays de départ peuvent en retirer des bienfaits sous forme de formations préparatoires à la migration, du maintien des contacts et des retours.



par Francine  Quentin

Article publié le 20/11/2002