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Politique française

Le Parti socialiste cherche sa voie

Après les défaites du printemps dernier - élections présidentielle et législatives - et en prévision du Congrès de Dijon, prévu en mai 2003, les ténors socialistes cherchent à s’attirer les bonnes grâces des militants.
La route est encore longue pour François Hollande avant le congrès de Dijon. Le premier secrétaire du Parti socialiste doit faire face depuis la défaite de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle, le 21 avril dernier à la fronde de certains de ses condisciples. En effet, après Jean-Luc Mélenchon et Henri Emmanuelli qui ont créé, au sein du PS, un nouveau courant baptisé «Nouveau monde» et Julien Dray, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, fondateurs du «Nouveau Parti socialiste», François Hollande voit la rébellion enfler de toute part. Désaveu à son encontre pour sa gestion du parti depuis le départ de Lionel Jospin, prix à payer pour avoir imposé, il y a quelques mois, Laurent Fabius comme numéro deux du parti ou les deux à la fois ? Selon toute vraisemblance, cette crise ne trouvera son issue que lors de la tenue du congrès du 16 au 18 mai prochain, à Dijon.

François Hollande, le 21 novembre, dans le journal Libération, a donc mis les choses au point sur la méthode qu’il entend adopter pour le congrès de Dijon où il présentera seul ses idées, en espérant ainsi se dégager de la pression des autres sensibilités. En procédant de la sorte, il espère échapper au poids des courants et de leurs leaders. «Je ferai, dès l’ouverture de notre processus de congrès, des propositions de manière libre et ouverte», a-t-il précisé. Auparavant, le 19 octobre lors d’un conseil national, cerné de tous les côtés et pressé de clarifier ses positions, François Hollande s’était engagé à défendre un «réformisme de gauche».

Le «Nouveau monde» et le «Nouveau Parti socialiste» en embuscade

Fidèle à la ligne qu’il défend depuis la rentrée politique, marquée au PS par des tiraillements entre radicaux et sociaux-libéraux, le premier secrétaire a réaffirmé qu’il n’entendait pas se situer «par rapport aux personnes, mais par rapport aux idées» et c’est notamment pour cette raison, qu’il a décidé de présenter, seul, une contribution. Cependant, il est d’ores et déjà acquis qu’il aura face à lui au moins deux motions : celle de l’aile gauche, le «Nouveau Monde» et celle du trio rénovateur du «Nouveau Parti socialiste».

Le 23 novembre, lors de l’université d’automne de la fédération socialiste de Paris, François Hollande a reçu un soutien de poids du maire PS de Paris, Bertrand Delanoë. La présence de ce dernier aux côtés du chef du PS, au moment où celui-ci est contesté de toutes parts dans le débat du congrès, a revêtu une grande importance. «François représente une chance pour ce congrès», a-t-il affirmé, avant d’ajouter : «je ne suis pas engagé pour je ne sais quelle combinaison, je suis engagé à tes côtés pour tes qualités de militant, ton talent d’animateur et pour tes convictions de socialistes dans lesquelles j’ai confiance». Bertrand Delanoë a, à cette occasion, également mis en garde contre les divisions internes à l’approche du fameux rassemblement de mai prochain : «Je pense que nous pouvons concilier notre propre remise en cause, la fidélité à nos valeurs et à notre action passée récente, notre capacité à rénover et que nous pouvons le faire dans un esprit de rassemblement et de responsabilité».

Le lendemain, Laurent Fabius, invité du Grand jury RTL-Le Monde, réaffirmait son soutien «clair» à la démarche de François Hollande, de présenter seul ses idées au congrès. Interrogé sur les querelles de mouvements entre lui-même et François Hollande, Laurent Fabius a plaisanté en déclarant «on nous appelle les éléphants, éléphanteaux: on ne cache pas un éléphant derrière une fraise des bois». De son côté, Dominique Strauss-Kahn (DSK), l'une des figures supposées de la reconstruction idéologique et stratégique du Parti socialiste après le départ de Lionel Jospin, se fait discret et reste dans l’ombre. Jusqu’à quand ? Dénigré par certains à la gauche du Parti socialiste, DSK ne suscite pourtant pas autant de critiques que Laurent Fabius, même si plusieurs de leurs thèses politiques sont semblables.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 28/11/2002