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Australie

Tensions dans les communautés musulmane et indonésienne

L’Australie, toujours sous le choc de l’attentat de l’île indonésienne, se lance sur son propre territoire, dans la lutte contre le terrorisme. En découvrant qu’Abu Bakar Bashir, s’est rendu onze fois en Australie, le gouvernement Howard a décidé de frapper fort. Une série de raids «musclés» ont été conduits par les services de sécurité dans les principales villes du pays. Les leaders des communautés indonésienne et musulmane s’inquiètent de cette tension croissante.
De notre correspondante à Melbourne

Depuis l’attentat de Bali qui a coûté la vie à 180 personnes dont 90 Australiens, l’Australie s’est lancée dans une lutte contre le terrorisme non plus seulement aux portes du pays mais aussi sur son propre territoire. Selon les experts de la sécurité, une attaque sur le territoire national «est juste une question de temps. Le pays doit se préparer à faire face à une période d’alerte de trois à cinq ans». Déjà depuis près d’un mois maintenant, le gouvernement de John Howard a pris une série de mesures dans ce sens. Après l’inscription de l’association Jemaah Islamiah sur la liste des organisations terroristes fin octobre, les services de sécurité ont lancé une dizaine de raids dans les principales villes du pays.

Ces opérations de police visaient essentiellement des Indonésiens, fervents musulmans, installés dans le pays depuis plusieurs années et soupçonnés d’entretenir des liens avec Jemaah Islamiah. Ils ont, dans leur majorité, assisté à des lectures faites par Abu Bakar Bashir. Le leader religieux, soupçonné d’être à la tête de l’organisation terroriste Jemmaah Islamiah, s’est rendu près de onze fois en Australie principalement dans les villes de Sydney, Melbourne et Perth. Les services de sécurité admettent ne pas connaître les raisons de ces voyages, mais présument qu’il s’agissait «d’étendre l’influence de Jemaah Islamiah en Australie». Au total une dizaine d'opérations ont été menées dans ces trois villes.

L’Australie compte 300 000 musulmans

Les violences policières ont provoqué une forte émotion dans les communautés indonésienne et musulmane. Le ministre des Affaires étrangères indonésien a appelé son homologue australien, Alexander Downer, pour lui faire part de ses réserves sur les méthodes utilisées lors de ces contrôles. Les relations entre les deux pays voisins qui s’étaient renforcées depuis l’attentat de Bali, connaissent désormais quelques tensions. L’ambassade d’Indonésie en Australie a appelé tous ces concitoyens à rapporter les incidents dont ils seraient victimes.

Les leaders religieux musulmans en Australie ont eux aussi condamné ces méthodes d’intervention qui ont provoqué une crainte croissante dans la communauté musulmane. L’Imam de la mosquée de Preston, à Melbourne, s’inquiète du fait que ces interventions incitent des membres de la communauté à des actes de violence. Le président du Conseil arabo-australien, Roland Jabbour, se dit, quant à lui, préoccupé qu’un «délit de faciès» s’installe et contribue à la marginalisation des ressortissants du Moyen-Orient vivant en Australie. Il faut savoir que le pays compte plus de 300 000 musulmans pratiquants.

John Howard, en réponse aux vives réactions provoquées par ces événements, a rappelé que ceux-ci avaient été exécutés dans le respect de la loi internationale. «Ils ne visaient pas les Indonésiens; nous ne visons pas la communauté musulmane. Une dizaine de raids a été effectuée et la population musulmane en Australie s’élève à plusieurs milliers», a t-il précisé. «Chacun a le droit d’être traité avec respect et de pratiquer sa propre croyance. Ceux qui tuent au nom de dieu déshonorent le nom même du dieu qu’ils invoquent». Afin d’apaiser la tension, le 3 novembre dernier, sur l’initiative du président du conseil islamique du Victoria, Yasser Soliman, les leaders de la communauté musulmane ont, dans une déclaration commune, condamné les actes terroristes accomplis au nom de l’islam et confirmer que les musulmans sont prêts à aider les services de renseignements dans leur combat contre le terrorisme.



par Carole  Martin

Article publié le 10/11/2002