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Politique française

Premier revers pour l’UMP

L’ancien président d’Air France et de la RATP, soutenu par l’UDF de François Bayrou, est arrivé en tête, au premier tour d’une élection législative partielle dans les Yvelines, devant le candidat UMP, Philippe Brillaut. Ce dernier a décidé de se retirer, laissant seul en lice Christian Blanc pour le second tour, le 15 décembre.
L’UDF vient d’infliger un revers à l’UMP. Ce succès du parti de François Bayrou équivaut d’autant plus à un désaveu pour l’UMP que le parti chiraquien en avait fait un test national pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Christian Blanc, 60 ans, ex-rocardien, a obtenu 46,36% des voix contre 30,74% pour Philippe Brillaut, maire du Chesnay, qui tirant les leçons de cet échec a immédiatement annoncé son retrait du second tour. Un résultat à relativiser par le faible taux de participation : 30,92%. Contrairement à son candidat, l’état-major de l’UMP a décidé de donner une consigne de vote : voter le 15 décembre pour celui qui, en 1988, avait négocié les accords de Matignon sur la Nouvelle Calédonie.

A l’annonce des résultats, François Bayrou, le président de l’UDF, a déclaré que ce résultat avait «une signification profonde : c’est que les électeurs, y compris ceux de droite, veulent le pluralisme et pas un parti unique», avant d’ajouter : «ils veulent conserver la liberté de choisir leur candidat». Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre a, quant à lui, indiqué qu’il ne «voyait pas de problème majeur dans cette élection. Les deux candidats se réclament du gouvernement et soutenaient l’action du gouvernement». En effet, cette élection législative partielle, organisée pour pourvoir le siège d’Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’Etat UDF aux Transports nommée en septembre dernier à la présidence de la RATP, a pris une dimension nationale s’agissant des rapports de force dans la majorité, entre l’UDF et l’UMP.

Vives tensions à droite depuis une semaine

Christian Blanc, rocardien au départ, s’est progressivement écarté de la gauche, allant jusqu’à qualifier la politique économique d’Alain Juppé de «la plus adaptée» à la France, un mois avant la défaite de la droite aux législatives en 1997. En avril dernier, il a tenté de se présenter à la présidentielle mais avait finalement renoncé. Cependant, sous l’étiquette Energies démocrates - mouvement qu’il a lancé dans le cadre des élections législatives de mai -, il s’est présenté dans la 3ème circonscription de Paris où il n’avait recueilli que 9,6% des suffrages.

La semaine dernière, cette élection a donc déclenché l’ouverture des hostilités entre les deux partis de droite. Le 3 décembre, Alain Juppé, président de l’UMP, venu soutenir Philippe Brillaut avait jugé «inacceptable» le soutien du ministre UDF de l’Equipement, Gilles de Robien, à Christian Blanc. Deux jours après, François Bayrou réagissait vivement aux propos d’Alain Juppé, accusant le chef du parti chiraquien de «caporalisme» et de «sectarisme», assurant même que «l’UMP avait tous les pouvoirs, tous les postes sans aucune exception». Pendant ce temps, Gilles de Robien acceptait d’annuler son déplacement dans la circonscription des Yvelines alors qu’il avait décidé de venir appuyer l’ancien PDG d’Air France.

La vigueur de cette passe d’armes entre l’UMP et l’UDF tient essentiellement au fait que cette élection était le premier test électoral pour le grand parti de droite et qu’elle pouvait, selon certains, préfigurer les échéances électorales de 2004, même s’il est encore trop tôt pour faire quelques pronostics que ce soit.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 09/12/2002