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Politique française

Prestation télévisée réussie pour Nicolas Sarkozy

Durant deux heures, le ministre français de l'Intérieur a décortiqué sa méthode au cours de l'émission télévisée de France 2 «100 minutes pour convaincre». Il a défendu son projet de loi sur la sécurité intérieure et dénoncé le «terrorisme intellectuel» de certains de ses détracteurs.
Nicolas Sarkozy, ministre omniprésent sur la scène politique depuis son entrée en fonction en mai dernier, a fait une apparition télévisée remarquée, le 9 décembre, sur France 2 dans le cadre de l’émission «100 minutes pour convaincre». Faute d’être le numéro un du gouvernement, Nicolas Sarkozy s’est attaché, pendant deux heures, à être un numéro deux actif, un homme de droite sans complexe qui combine fermeté et ouverture.

Tous les sujets ou presque ont été passés au crible : la sécurité routière, l’insécurité, la prostitution, les GIR (Groupements d’interventions régionaux), la répartition police-gendarmerie, l’islam, la Corse, la double-peine, le fichier d’empreintes génétiques, le couac des Roms du Val-de-Marne, Sangatte…etc. Sans difficulté, celui que l’on surnomme «Speedy» en raison de son hyper-activité, a passé l’épreuve du grand oral. Fort d’un sondage en sa faveur (IPSOS pour France 2 et Le Monde), Nicolas Sarkozy a cependant estimé «les sondages, ça va, ça vient (…) C’est une incitation à agir». Pour plus de 60% des Français «la politique de lutte contre l’insécurité réussira», 43% d’entre eux pensent également que sa politique «aura des effets sur l’insécurité».

Vives réactions à gauche

La principale annonce de cette prestation télévisée aura été la conclusion d’un accord, le 9 décembre au matin, entre les trois grandes tendances de l’islam de France en vue de créer une instance représentatives de l’islam, deuxième religion de France. Il a confirmé que cette dernière serait désignée «pour partie par l’élection, pour partie par cooptation», qu’elle comprendra des femmes, que «tout le monde sera représenté» et que ne sera acceptée «aucune intervention étrangère».

Sur le dossier corse, le premier flic de France a reconnu qu’il a, comme ses prédécesseurs d’ailleurs, «plus de chance d’échouer que de réussir». Mais il a annoncé qu’il retournerai sur l’île d’ici quelques jours et a affirmé croire «qu’il y a un tout petit chemin pour réussir, ce n’est pas sûr, mais il faut l’emprunter». Tout en utilisant un vocabulaire musclé, il a dénoncé la «lâcheté» de ceux qui mettent des «cagoules la nuit pour aller poser des bombes». De plus, il a annoncé au nationaliste Jean-Guy Talamoni (Corsica Nazione) qu’il se rendrait le 7 janvier prochain «avec tout l’échiquier politique corse» chez le président de la Commission européenne, Romano Prodi, pour défendre un «statut fiscal» pour l’île de Beauté.

Concernant l’immigration, un des thèmes majeurs de la soirée télévisée et sur lequel Jean-Marie Le Pen, invité à débattre avec lui, l’a fortement attaqué, Nicolas Sarkozy a réaffirmé que «la France a toujours accueilli des réfugiés». En outre, il a répété que la question de la double peine -expulsion des étrangers à l’issue d’une peine de prison- serait réglée d’ici trois à quatre mois. Sur tous les autres sujets, il a surtout rappelé ses principes, sans révélation majeure, si ce n’est celle d’un redéploiement police-gendarmerie dans neuf départements.

A gauche, les réactions n’ont pas tardé à venir. Daniel Vaillant, ancien ministre socialiste de l’Intérieur a notamment reproché à son successeur de «ne pas s’attaquer aux causes de l’insécurité». En revanche, sur le dossier corse, il a estimé que Nicolas Sarkozy était «sur la bonne voie». Manuel Valls, député-maire socialiste d’Evry, a quant à lui, déclaré que le locataire de la place Beauvau «fait aujourd’hui illusion» en tenant «un discours politique très fort».

Tout au long de l’émission, le ministre a toujours placé son action sous la double autorité du chef de l’Etat et du Premier ministre et a pris grand soin de ne pas dire un mot sur sa rivalité avec Alain Juppé, le président de l’UMP, le grand parti chiraquien.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 10/12/2002