Médias
Le CSA autorise Khalifa TV
Rafik Abdelmoumen Khalifa, l’homme d’affaires algérien, sponsor de l’Olympique de Marseille, devient officiellement patron de télévision, à la veille de l’année de l’Algérie en France. La réussite de cet entrepreneur de 36 ans suscite en France autant d’admiration que des questions sur l’origine de sa fortune.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel vient d’autoriser KTV (Khalifa télévision) à émettre en France pour une période de deux ans. Le 3 septembre dernier, Rafik Khalifa a lancé sa chaîne de télévision à Cannes en présence de nombreuses vedettes du spectacle. Il n’a pas attendu l’autorisation d’une quelconque instance de contrôle et de surveillance du paysage audiovisuel français pour démarrer les programmes diffusés en France par satellite. Depuis le mois d’octobre KTV a cessé d’émettre après avoir démontré ses capacités à occuper un réel espace. Dans le dossier soumis au CSA, la nouvelle chaîne se propose d’émettre à la fois en direction d’un certain public en France mais aussi en Algérie. Elle prévoit des émissions en français, en arabe et en kabyle.
KTV se défint comme une télévision généraliste même si la musique alimentera dans un premier temps l’essentiel des programmes. Des tranches d’information sont prévues et progressivement des programmes originaux habilleront l’antenne. Ils se feront en fonction des recrutements qui semblent déjà être d’une grande ampleur. De nombreuses figures des arts et spectacles ont été approchées sans qu’on ne sache pour l’instant si des engagements ont été pris. Les premiers engagements de KTV devant le CSA concernent la production musicale et audiovisuelle. Dix millions d’euros proviennent des fonds propres des entreprises Khalifa pour soutenir la télévision naissante.
L’intrusion de plus en plus remarquée de cet homme d’affaires de 36 ans en France procède certainement d’un schéma qui ne laisse rien au hasard. En émettant avant de faire demande d’une existence légale est une démonstration de puissance que le CSA n’a pas jugé arrogante ni répréhensible. Sa surface financière et ses fréquentations forcent une considération qu’on lui accorde bien volontiers. Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Claudia Schiffer font partie de son réseau d’amis proches. Cet homme qu’on dit timide achète sa notoriété par ses réalisations par petites touches et surtout en flairant très vite les bons coups. L’année 2003 étant déclarée en France «Année de l’Algérie» de nombreux observateurs voient en l’action de Rafik Khalifa un prétexte pour forcer la main aux autorités françaises, toujours frileuses sur les questions se rapportant à l’Algérie. Dans tous les cas, le résultat est là. Le paysage audiovisuel français se dote d’un nouveau média, franco-algérien, dont le droit d’émettre a été signé par le président du comité d’organisation de «l’Année de l’Algérie en France» et surtout ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Hervé Bourges.
Football, banque, pharmacie, BTP et télé, Khalifa touche à tout
Rafik Khalifa s’est montré au grand jour en France lorsqu’il est devenu en 2001 le principal soutien financier du célèbre club de football, l’Olympique de Marseille. Le désengagement du sponsor précédent, Ericsson, géant suédois des télécoms, avait plongé le club dans un désarroi financier que le sauveur Rafik Khalifa a rétabli en apportant au club 2 millions d’euros par an. Pour cela il dispose d’un espace publicitaire à tous les matchs de l’OM et d’une inscription sur les maillots du club. Il apporte dans une moindre mesure un soutien financier au club de rugby Bordeaux-Bègles.
Mais d’où vient l’argent de ce richissime homme d’affaires ? Rafik aurait hérité en 1990, à la mort de son père, d’une entreprise familiale de fabrication et d’importation de produits pharmaceutiques. A cette époque l’Etat algérien qui importait 500 millions de dollars par an de médicaments et décide de se désengager de ce secteur. Le début de la fortune du jeune héritier de 26 ans trouverait là une première explication. Son entreprise KRG Pharma produit des médicaments génériques sur un site à Alger et un autre à Vitrolles, dans le sud de la France.
Huit ans plus tard il crée la première institution financière et de crédit en Algérie: EL Khalifa Bank. Cette banque revendique 35% des opérations bancaires réalisées en Algérie en 2001. Cette réussite pousse le jeune homme à créer une compagnie aérienne, Khalifa Airways. Cette dernière entreprise est rapidement devenue la vitrine des entreprises Khalifa et a la particularité d’appartenir à 100% à la banque du même nom. Son entreprise de BTP «Khalifa construction» a racheté la branche internationale de Philip Holzmann, un des plus importants groupes allemands de BTP. La diversification et la délocalisation semblent s’inscrire en lettres d’or dans la stratégie commerciale de Rafik Khalifa. A l’Assemblée nationale française, le député «Vert» Noël Mamère vient de demander la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour en savoir plus la fortune de cet jeune homme, qui lui semble tout de même douteuse.
Ecouter également :
Portrait de Rafik Khalifa
par Amar Ben Salem 05/12/2002, 1 min
KTV se défint comme une télévision généraliste même si la musique alimentera dans un premier temps l’essentiel des programmes. Des tranches d’information sont prévues et progressivement des programmes originaux habilleront l’antenne. Ils se feront en fonction des recrutements qui semblent déjà être d’une grande ampleur. De nombreuses figures des arts et spectacles ont été approchées sans qu’on ne sache pour l’instant si des engagements ont été pris. Les premiers engagements de KTV devant le CSA concernent la production musicale et audiovisuelle. Dix millions d’euros proviennent des fonds propres des entreprises Khalifa pour soutenir la télévision naissante.
L’intrusion de plus en plus remarquée de cet homme d’affaires de 36 ans en France procède certainement d’un schéma qui ne laisse rien au hasard. En émettant avant de faire demande d’une existence légale est une démonstration de puissance que le CSA n’a pas jugé arrogante ni répréhensible. Sa surface financière et ses fréquentations forcent une considération qu’on lui accorde bien volontiers. Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Claudia Schiffer font partie de son réseau d’amis proches. Cet homme qu’on dit timide achète sa notoriété par ses réalisations par petites touches et surtout en flairant très vite les bons coups. L’année 2003 étant déclarée en France «Année de l’Algérie» de nombreux observateurs voient en l’action de Rafik Khalifa un prétexte pour forcer la main aux autorités françaises, toujours frileuses sur les questions se rapportant à l’Algérie. Dans tous les cas, le résultat est là. Le paysage audiovisuel français se dote d’un nouveau média, franco-algérien, dont le droit d’émettre a été signé par le président du comité d’organisation de «l’Année de l’Algérie en France» et surtout ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Hervé Bourges.
Football, banque, pharmacie, BTP et télé, Khalifa touche à tout
Rafik Khalifa s’est montré au grand jour en France lorsqu’il est devenu en 2001 le principal soutien financier du célèbre club de football, l’Olympique de Marseille. Le désengagement du sponsor précédent, Ericsson, géant suédois des télécoms, avait plongé le club dans un désarroi financier que le sauveur Rafik Khalifa a rétabli en apportant au club 2 millions d’euros par an. Pour cela il dispose d’un espace publicitaire à tous les matchs de l’OM et d’une inscription sur les maillots du club. Il apporte dans une moindre mesure un soutien financier au club de rugby Bordeaux-Bègles.
Mais d’où vient l’argent de ce richissime homme d’affaires ? Rafik aurait hérité en 1990, à la mort de son père, d’une entreprise familiale de fabrication et d’importation de produits pharmaceutiques. A cette époque l’Etat algérien qui importait 500 millions de dollars par an de médicaments et décide de se désengager de ce secteur. Le début de la fortune du jeune héritier de 26 ans trouverait là une première explication. Son entreprise KRG Pharma produit des médicaments génériques sur un site à Alger et un autre à Vitrolles, dans le sud de la France.
Huit ans plus tard il crée la première institution financière et de crédit en Algérie: EL Khalifa Bank. Cette banque revendique 35% des opérations bancaires réalisées en Algérie en 2001. Cette réussite pousse le jeune homme à créer une compagnie aérienne, Khalifa Airways. Cette dernière entreprise est rapidement devenue la vitrine des entreprises Khalifa et a la particularité d’appartenir à 100% à la banque du même nom. Son entreprise de BTP «Khalifa construction» a racheté la branche internationale de Philip Holzmann, un des plus importants groupes allemands de BTP. La diversification et la délocalisation semblent s’inscrire en lettres d’or dans la stratégie commerciale de Rafik Khalifa. A l’Assemblée nationale française, le député «Vert» Noël Mamère vient de demander la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour en savoir plus la fortune de cet jeune homme, qui lui semble tout de même douteuse.
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par Didier Samson
Article publié le 04/12/2002