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Burundi

Début de la fin de la guerre civile

Les Burundais viennent de franchir un pas supplémentaire vers une paix totale au Burundi. Le chef de l’Etat, Pierre Buyoya, vient de signer un accord de cessez-le-feu avec le principal mouvement rebelle, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) de Pierre Nkurunziza.
Dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 décembre, à Arusha en Tanzanie, le président Pierre Buyoya, de l’ethnie minoritaire tutsi, a signé un accord de cessez-le-feu avec le chef des FDD, Pierre Nkurunziza de l’ethnie majoritaire hutu. Cette signature a eu lieu en présence du président ougandais Yoweri Museveni et de Jacob Zuma, vice-président sud-africain et principal médiateur dans la crise burundaise. Depuis le déclenchement de la guerre civile en 1993, c’est la première fois que les deux parties se réunissent, discutent et négocient un accord de fin des hostilités. Ces rencontres augurent d’un avenir de paix selon les parrains dudit accord. Réunis au sein d’une Initiative régionale pour le Burundi présidée par Yoweri Museveni et regroupant les dirigeants des pays des grands lacs, ils avaient imposé un ultimatum aux belligérants pour qu’ils aboutissent avant la fin de cette année à une cessation des combats.

La date d’application de cet accord est «immédiate» selon les signataires, mais le règlement de plusieurs autres détails techniques font dire aux uns et aux autres que l’entrée en vigueur effective se situe raisonnablement à la fin de ce mois de décembre. Le gouvernement a garanti que ses troupes seraient immédiatement informées des nouvelles dispositions et ne seront pas responsables d’éventuels accrochages. Pour les rebelles FDD, trois jours seront bien nécessaires pour lever l’état d’alerte des différentes unités de combat dans le maquis et dans divers endroits du pays. Mais la cessation des hostilités ne sera réellement effective que si le volet politique de l’accord trouve un écho favorable auprès des hommes politiques pour un vrai partage du pouvoir.

Hutus et Tutsi se partageront le pouvoir

Selon Ambroise Niyonsaba, émissaire du gouvernement burundais, les trente prochains jours seront mis à profit pour étudier «comment les FDD vont participer au gouvernement de transition». Cette transition politique avait été définie dans un accord de paix signé à Arusha, déjà, en août 2000. Cet accord incluait la participation, aux instances de transition, des partis politiques et non des rebellions armées. Mais aujourd’hui le cadre défini par Arusha 2000 semble convenir aux Tutsis et Hutus dans leur globalité, puisqu’il prévoit un partage des pouvoirs. Les Tutsis, ethnie minoritaire au Burundi dominent l’armée, ce qui, pour de nombreux Hutus est le principal point de discorde. En 1993, Melchior Ndadaye, Hutu et président démocratiquement élu avait été assassiné, ce qui a déclenché des massacres interethniques et la guerre civile au Burundi.

Les dirigeants du FRODEBU (Front pour la démocratie au Burundi), le premier mouvement rebelle hutu d’alors, avaient déclaré que «l’assassinat de Ndadaye a montré aux Hutus qu’aucun des leurs ne pourra jamais diriger le Burundi si l’armée restait aux mains des Tutsis». Cette lecture de la politique au Burundi a poussé les Hutus dans un extrémisme qui est atténué par l’accord de paix d’Arusha de 2000 sur le partage du pouvoir. Depuis janvier 2002 par exemple, l’Assemblée de transition est présidée Jean Minani, le président du FRODEBU. Aujourd’hui l’accord de cessez-le feu du 3 décembre 2002 d’Arusha dans lequel tous les pays de la région se sont impliqués est un facteur rassurant pour les Hutus. Les rebelles seront intégrés dans l’armée régulière, pendant que de nouvelles instances républicaines verraient le jour, le tout surveillé par «une Commission mixte de cessez-le-feu». Elle siègera à Bujumbura et tous les signataires y seront représentés. L’Union africaine dépêchera pour sa part une «Mission africaine» de vérification et de contrôle, en plus du rôle de parrains que se réservent l’Ouganda et la Tanzanie et l’Afrique du sud.



par Didier  Samson

Article publié le 03/12/2002