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Irak

L’opposition prépare l’après-Saddam

Les représentants des mouvements d’opposition réunis à Londres se sont mis d’accord sur une plate-forme commune et ont annoncé la création d’un «comité» de 65 membres.
L’Irak nouveau qui émergera après la chute de Saddam Hussein et du parti Baath sera démocratique et fédéral. C’est sur ce serment que se séparent les quelque 300 représentants des différents courants de l’opposition irakienne qui viennent de se réunir quatre jours durant à Londres, non sans avoir, préalablement, mis sur pied l’embryon d’un futur gouvernement provisoire, un comité comportant 65 membres.

Dire que l’opposition irakienne, traditionnellement divisée entre Kurdes, sunnites, chiites, communistes, baathistes repentis, islamistes de toutes tendances, y est parvenu sans peine serait très exagéré. Ces divisions sont d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la réunion, initialement prévue le 22 novembre à Bruxelles, a été repoussée de trois semaines. La journée de lundi a été marquée par d’âpres marchandages sur le document qui a été adopté en fin de journée. Cette «déclaration politique» prévoit l’instauration d’un «gouvernement démocratique, parlementaire pluraliste et fédéral». Une période transitoire de deux ans précèderait des élections générales et un référendum sur la nature du régime, république ou monarchie. Ce dernier point a été obtenu de haute lutte par le Mouvement pour la monarchie constitutionnelle, mené par le prince Cherif Ali, cousin du roi Fayçal d’Irak renversé et assassiné en 1958.

Le fédéralisme est pour les participants la seule façon de prendre en compte la spécificité des Kurdes, dont le droit à l’autodétermination est reconnu par le texte. L’Irak de demain abandonnerait toutes les armes interdites par les conventions internationales et renoncerait à la production d’armes de destruction massive. Une cinquantaine d’anciens dirigeants, responsables des «pratiques répressives et terroristes» sous le régime de Saddam Hussein seraient poursuivis pour crimes contre l’humanité devant un tribunal spécial.

Présence discrète du représentant américain

Ce document s’inspire largement d’un autre, celui qui avait été adopté en 1992 lors de la conférence de Salaheddine (Kurdistan irakien), à un moment où ces mêmes courants d’opposition, pressentant la fin prochaine du régime au pouvoir à Bagdad, tentaient de s’entendre pour réduire les oppositions politiques, religieuses et ethniques sur lesquelles Saddam Hussein a su jouer à merveille toutes ces années. Depuis ce rare moment d’unité, l’opposition s’était à nouveau déchirée, au désespoir des Britanniques et des Américains qui tentaient d’unifier les courants hostiles à Saddam.

A Londres, la conférence était d’ailleurs parrainée plus ou moins discrètement par les États-Unis qui avaient dépêché sur place le nouveau représentant spécial du président Bush pour les affaires irakiennes, Zalmay Khalilzad, Américain d’origine afghane.

Après l’accord politique, restait à former le «gouvernement fantôme» destiné à occuper le pouvoir après la chute du régime baathiste. La nuit de lundi à mardi et la matinée de mardi ont été nécessaires pour se mettre d’accord. Afin de ne fâcher personne, il a bien fallu se résoudre à désigner un «comité» pléthorique de 65 membres qui se réunira le 15 janvier prochain au Kurdistan irakien. En attendant de pouvoir, rapidement, descendre plus au sud à Bagdad.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 17/12/2002