Irak
Les préparatifs de guerre s’intensifient
Si l’administration américaine a affirmé dès la semaine dernière qu’elle considérait que la déclaration de Bagdad sur son programme d’armement était en «violation patente» de la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations unies, elle devrait attendre la fin du mois de janvier avant d’annoncer une très probable guerre contre l’Irak. Washington a décidé dans cette optique de renforcer son dispositif militaire dans le Golfe ce qui lui permettrait de déclencher très rapidement son offensive. Une position également adoptée par la Grande-Bretagne, alliée indéfectible des Etats-Unis, qui a annoncé la semaine dernière l’envoi de plusieurs bâtiments de guerre dans la région. Les agences humanitaires de l’ONU, inquiètes des conséquences d’une guerre en Irak, se préparent en outre activement à prendre en charge des réfugiés qui selon leurs estimations pourraient être au nombre de 900 000.
Le 27 janvier prochain apparaît de plus en plus comme le jour de tous les dangers pour Saddam Hussein. Ce jour là en effet, Hans Blix, le chef des inspecteurs de l’ONU doit remettre au Conseil de sécurité son rapport officiel sur la déclaration irakienne concernant ses armes de destruction massive. Washington, pour qui Bagdad est déjà en «violation patente» de la résolution 1441 des Nations unies, devrait alors saisir cette occasion pour annoncer officiellement sa décision d’intervenir militairement contre le régime irakien. A moins bien sûr que Saddam Hussein ne décide, dans un retournement de situation de dernière minute, de capituler, ce qui paraît, selon de nombreux analystes, bien peu probable. L’administration américaine cherchera sans doute à obtenir un mandat du Conseil de sécurité pour intervenir. Mais elle pourrait aussi très bien, si les choses tardaient à se concrétiser, s’en passer puisque dans sa lecture de la résolution 1441, une nouvelle réunion du Conseil de sécurité n’est pas nécessaire pour déclencher une guerre en Irak.
Conscients que la période la plus favorable pour une offensive contre l’Irak se situe au mois de février, les Etats-Unis n’entendent pas perdre une telle occasion. Après le mois de mars en effet, les chaleurs rendraient les choses beaucoup plus compliquées pour les troupes au sol si elles devaient notamment utiliser des combinaisons contre des attaques biologiques ou chimiques. En outre les vents de sable, qui soufflent dès le mois d’avril sur la région, réduiraient considérablement les possibilités de bombardements de l’aviation américaine. En attendant le 27 janvier, Washington se prépare donc activement à la guerre puisque le Pentagone a annoncé l’envoi d’ici la fin du mois de janvier de 50 000 hommes et de matériel militaire supplémentaire dans la région. «Nous voulons être prêts», a ainsi affirmé un haut responsable américain de la défense tout en soulignant que «la décision d’un conflit était bien sûr du ressort de président Bush». L’armée américaine peut déjà compter sur la présence de 65 000 soldats principalement stationnés dans ses bases du Koweït et du Qatar. Depuis des mois les Américains acheminent en outre discrètement des équipements militaires lourds dans la région. Ce prépositionnement d’hommes et de matériels a pour but essentiel de diminuer le temps nécessaire pour lancer une invasion. Actuellement estimé de quatre à six mois, ce laps de temps pourrait rapidement être ramené à moins de quatre semaines.
Inquiétude des agences humanitaires de l’ONU
La Grande-Bretagne, plus que jamais alignée sur les positions américaines, a également annoncé un renforcement de sa présence dans la région. Elle devrait annoncer dans les jours qui viennent, «peu après noël» selon Tony Blair, sa réponse définitive sur la déclaration irakienne. Pour l’heure, Londres a déjà décidé de dépêcher un groupe naval dans le Golfe, composé du porte-avion Ark Royal et de plusieurs navires d’escorte. Et si les autorités britanniques n’en sont pas à déployer des hommes, elles se préparent en revanche à mobiliser des réservistes pour venir renforcer les unités régulières.
Les Nations unies sont par ailleurs très inquiètes des conséquences d’une guerre en Irak qui, selon un document confidentiel de l’organisation, pourrait provoquer l’exode de quelque 900 000 réfugiés. Le 13 décembre dernier, lors d’une réunion à Genève, l’ONU a appelé une dizaine de pays donateurs à lui fournir 37,4 millions de dollars afin de financer ses plans d’urgence pour la région. Les agences humanitaires ont d’ores et déjà prépositionné des stocks de vivres, de médicaments et d’équipements et un responsable du Haut commissariat aux réfugiés a ainsi confirmé que le HCR se préparait à parer à un manque de nourriture et à des risques sanitaires en Irak. Selon Ron Redmond, plusieurs scenarios ont même été étudiés, y compris celui de l’utilisation des armes chimiques et biologiques contre les populations civiles. Soucieux de ne pas donner l’impression que les Nations unies sont convaincues de l’imminence d’une guerre, il a toutefois tenu à préciser qu’il s’agissait d’une procédure normale mise en place dans tous «les points chauds» du monde et que l’Onu espérait que l’Irak se conformerait aux résolutions du Conseil pour éviter toute «crise humanitaire».
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lui aussi stocké par précaution des médicaments et des vivres supplémentaires dans plusieurs pays frontaliers de l’Irak comme la Jordanie, le Koweït et l’Iran, pour un montant de 11 millions de dollars. Il y a quelques semaines, son directeur des opérations, Pierre Kraehenbuehl, soulignait en effet que l’«on ne pardonnerait pas au CICR de ne pas se préparer à l'éventualité d'un conflit de grande ampleur». L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), enfin, a également mis en place des plans d'urgence pour notamment évacuer les travailleurs migrants de l’Irak, voire de toute la région.
Conscients que la période la plus favorable pour une offensive contre l’Irak se situe au mois de février, les Etats-Unis n’entendent pas perdre une telle occasion. Après le mois de mars en effet, les chaleurs rendraient les choses beaucoup plus compliquées pour les troupes au sol si elles devaient notamment utiliser des combinaisons contre des attaques biologiques ou chimiques. En outre les vents de sable, qui soufflent dès le mois d’avril sur la région, réduiraient considérablement les possibilités de bombardements de l’aviation américaine. En attendant le 27 janvier, Washington se prépare donc activement à la guerre puisque le Pentagone a annoncé l’envoi d’ici la fin du mois de janvier de 50 000 hommes et de matériel militaire supplémentaire dans la région. «Nous voulons être prêts», a ainsi affirmé un haut responsable américain de la défense tout en soulignant que «la décision d’un conflit était bien sûr du ressort de président Bush». L’armée américaine peut déjà compter sur la présence de 65 000 soldats principalement stationnés dans ses bases du Koweït et du Qatar. Depuis des mois les Américains acheminent en outre discrètement des équipements militaires lourds dans la région. Ce prépositionnement d’hommes et de matériels a pour but essentiel de diminuer le temps nécessaire pour lancer une invasion. Actuellement estimé de quatre à six mois, ce laps de temps pourrait rapidement être ramené à moins de quatre semaines.
Inquiétude des agences humanitaires de l’ONU
La Grande-Bretagne, plus que jamais alignée sur les positions américaines, a également annoncé un renforcement de sa présence dans la région. Elle devrait annoncer dans les jours qui viennent, «peu après noël» selon Tony Blair, sa réponse définitive sur la déclaration irakienne. Pour l’heure, Londres a déjà décidé de dépêcher un groupe naval dans le Golfe, composé du porte-avion Ark Royal et de plusieurs navires d’escorte. Et si les autorités britanniques n’en sont pas à déployer des hommes, elles se préparent en revanche à mobiliser des réservistes pour venir renforcer les unités régulières.
Les Nations unies sont par ailleurs très inquiètes des conséquences d’une guerre en Irak qui, selon un document confidentiel de l’organisation, pourrait provoquer l’exode de quelque 900 000 réfugiés. Le 13 décembre dernier, lors d’une réunion à Genève, l’ONU a appelé une dizaine de pays donateurs à lui fournir 37,4 millions de dollars afin de financer ses plans d’urgence pour la région. Les agences humanitaires ont d’ores et déjà prépositionné des stocks de vivres, de médicaments et d’équipements et un responsable du Haut commissariat aux réfugiés a ainsi confirmé que le HCR se préparait à parer à un manque de nourriture et à des risques sanitaires en Irak. Selon Ron Redmond, plusieurs scenarios ont même été étudiés, y compris celui de l’utilisation des armes chimiques et biologiques contre les populations civiles. Soucieux de ne pas donner l’impression que les Nations unies sont convaincues de l’imminence d’une guerre, il a toutefois tenu à préciser qu’il s’agissait d’une procédure normale mise en place dans tous «les points chauds» du monde et que l’Onu espérait que l’Irak se conformerait aux résolutions du Conseil pour éviter toute «crise humanitaire».
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lui aussi stocké par précaution des médicaments et des vivres supplémentaires dans plusieurs pays frontaliers de l’Irak comme la Jordanie, le Koweït et l’Iran, pour un montant de 11 millions de dollars. Il y a quelques semaines, son directeur des opérations, Pierre Kraehenbuehl, soulignait en effet que l’«on ne pardonnerait pas au CICR de ne pas se préparer à l'éventualité d'un conflit de grande ampleur». L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), enfin, a également mis en place des plans d'urgence pour notamment évacuer les travailleurs migrants de l’Irak, voire de toute la région.
par Mounia Daoudi
Article publié le 23/12/2002