Santé
Cancer : une opération «miracle»
Il s’agit d’une première mondiale. Une équipe italienne a réussi à traiter le foie d’un patient atteint d’un cancer en pratiquant une ablation temporaire pour l’exposer à des radiations nucléaires avant de le réimplanter. Cette intervention a eu lieu il y a un an. Le patient est toujours vivant et son cancer a disparu.
Il s’agissait de l’opération de la dernière chance. Le patient, un homme de 48 ans, n’avait que quatre ou cinq mois à vivre, au plus. Après une ablation d’une partie de l’intestin à cause d’un cancer du colon, en 2000, il était atteint d’un nouveau cancer au foie. Au moins 14 tumeurs avaient été décelées après un examen au scanner. Elles avaient résisté à la chimiothérapie et le traitement aux rayons traditionnels n’avait qu’une chance infime de stopper la progression d’un cancer aussi avancé. Les chirurgiens de l’hôpital San Matteo de Pavie ont donc décidé de tenter une intervention inédite avec l’aide des physiciens de la division locale de l’Institut national de physique nucléaire.
Ils ont ainsi lavé le foie du patient avec une solution à base d’acide aminé, qui est absorbée «six fois plus» par les cellules cancéreuses, pour que celles-ci soient le plus réceptives possible au traitement par irradiation. Ils ont ensuite pratiqué l’ablation de l’organe, qui a été lavé, avant d’être transporté dans un sac en téflon (une matière qui laisse passer les rayons), jusqu’à un réacteur nucléaire dans lequel il a été irradié pendant onze minutes. Le foie traité a ensuite été réimplanté chez le patient. L’intervention a duré 21 heures mais il n’a fallu que 35 minutes entre l’extraction de l’organe et sa réimplantation.
Onze minutes d’irradiation
Les médecins italiens ont expliqué que dix jours après cette intervention, qui s’est déroulée le 19 décembre 2001, «toutes les métastases étaient détruites». Aujourd’hui, le patient est en bonne santé. Les trous laissés dans le foie par les tumeurs se sont rebouchés avec des tissus sains. L’organe fonctionne normalement et aucune tumeur n’est réapparue.
L’équipe qui a réalisé cette intervention travaillait depuis 15 ans sur la mise au point d’une telle technique. L’une de ses principales tâches a été de déterminer la meilleure manière d’irradier l’organe sans toucher les tissus qui l’entourent et en évitant de réduire ses effets à cause des obstacles constitués notamment par les os. Selon Tazio Pinelli, un physicien qui a coordonné les recherches avec le chirurgien Aris Zonta, «en exposant l’organe [seul], nous pouvions donner une dose forte et uniforme à l’ensemble du foie, ce qui est impossible à faire à l’intérieur du corps sans risque important pour le patient».
Les résultats obtenus semblent encourageants. Et l’équipe envisage d’ores et déjà six nouvelles interventions sur des patients jeunes, de trente ans environ, dans le courant de l’année 2003. La première pourrait avoir lieu rapidement, dès le mois de janvier ou février.
Cette technique, si elle fait ses preuves sur d’autres patients et n’a pas d’effets secondaires, ouvre des perspectives intéressantes pour traiter certains types de cancers qui touchent des organes transplantables. Il peut s’agir, outre du foie, du rein, du pancréas, du poumon. Par contre, ce traitement ne peut être efficace que dans les cas où le cancer n’a pas encore de métastases au-delà de l’organe concerné. D’autre part, une telle intervention ne peut être pratiquée qu’en dernier recours, lorsqu’il n’y a plus aucun espoir de sauver le malade par un autre moyen. Et elle ne peut aussi avoir lieu que si le patient est encore dans un état général qui lui permet de supporter une opération aussi longue que celle-ci. Un ensemble de contraintes non négligeables auxquelles s’ajoutent la nécessité de pratiquer cette intervention dans des hôpitaux situés à proximité de centres disposant de réacteurs nucléaires.
Ils ont ainsi lavé le foie du patient avec une solution à base d’acide aminé, qui est absorbée «six fois plus» par les cellules cancéreuses, pour que celles-ci soient le plus réceptives possible au traitement par irradiation. Ils ont ensuite pratiqué l’ablation de l’organe, qui a été lavé, avant d’être transporté dans un sac en téflon (une matière qui laisse passer les rayons), jusqu’à un réacteur nucléaire dans lequel il a été irradié pendant onze minutes. Le foie traité a ensuite été réimplanté chez le patient. L’intervention a duré 21 heures mais il n’a fallu que 35 minutes entre l’extraction de l’organe et sa réimplantation.
Onze minutes d’irradiation
Les médecins italiens ont expliqué que dix jours après cette intervention, qui s’est déroulée le 19 décembre 2001, «toutes les métastases étaient détruites». Aujourd’hui, le patient est en bonne santé. Les trous laissés dans le foie par les tumeurs se sont rebouchés avec des tissus sains. L’organe fonctionne normalement et aucune tumeur n’est réapparue.
L’équipe qui a réalisé cette intervention travaillait depuis 15 ans sur la mise au point d’une telle technique. L’une de ses principales tâches a été de déterminer la meilleure manière d’irradier l’organe sans toucher les tissus qui l’entourent et en évitant de réduire ses effets à cause des obstacles constitués notamment par les os. Selon Tazio Pinelli, un physicien qui a coordonné les recherches avec le chirurgien Aris Zonta, «en exposant l’organe [seul], nous pouvions donner une dose forte et uniforme à l’ensemble du foie, ce qui est impossible à faire à l’intérieur du corps sans risque important pour le patient».
Les résultats obtenus semblent encourageants. Et l’équipe envisage d’ores et déjà six nouvelles interventions sur des patients jeunes, de trente ans environ, dans le courant de l’année 2003. La première pourrait avoir lieu rapidement, dès le mois de janvier ou février.
Cette technique, si elle fait ses preuves sur d’autres patients et n’a pas d’effets secondaires, ouvre des perspectives intéressantes pour traiter certains types de cancers qui touchent des organes transplantables. Il peut s’agir, outre du foie, du rein, du pancréas, du poumon. Par contre, ce traitement ne peut être efficace que dans les cas où le cancer n’a pas encore de métastases au-delà de l’organe concerné. D’autre part, une telle intervention ne peut être pratiquée qu’en dernier recours, lorsqu’il n’y a plus aucun espoir de sauver le malade par un autre moyen. Et elle ne peut aussi avoir lieu que si le patient est encore dans un état général qui lui permet de supporter une opération aussi longue que celle-ci. Un ensemble de contraintes non négligeables auxquelles s’ajoutent la nécessité de pratiquer cette intervention dans des hôpitaux situés à proximité de centres disposant de réacteurs nucléaires.
par Valérie Gas
Article publié le 20/12/2002