Brésil
Lula veut relancer le Mercosur
Afin de renforcer l’intégration entre les deux principales économies de la region, le président élu brésilien, ex-leader du Parti des travailleurs réserve à l’Argentine son premier voyage international.
De notre correspondant à Buenos Aires
Luiz Inacio Lula da Silva a tenu parole: confirmant des déclarations faites durant la campagne présidentielle, il a réservé à l’Argentine, lundi 2 décembre, sa première visite internationale en tant que président élu du Brésil. Alors qu’il n’était encore que le candidat du Parti des travailleurs (PT) à la succession de Fernando Henrique Cardoso, Lula avait affirmé qu’il ferait ce voyage, au cas où il l’emporterait le 26 octobre, afin de marquer que sa priorité en politique extérieure serait de renforcer l’alliance «stratégique» avec Buenos Aires, dans le cadre du Marché commun du Sud (Mercosur). La visite était attendue avec d’autant plus d’intérêt par les Argentins que Lula, à moins d’un mois de sa prise de fonctions, le 1er janvier 2003, devait être accompagné des poids lourds de son futur gouvernement, à commencer par Antonio Palocci, successeur désigné de Pedro Malan aux Finances.
Fervent partisan du Mercosur, bloc commercial formé en 1995 par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, auquel se sont joints depuis, en tant que membres associés, la Bolivie et le Chili, Lula souhaite le relancer en s’inspirant du modèle européen. «Nous devons mettre en place des politiques intégrées dans l’industrie, l’agriculture, la science et la technologie, l’éducation et la culture, le social», affirme Marco Aurélio García, figure historique du PT qui pourrait être nommé aux Affaires étrangères. «Il nous faut créer des institutions qui permettent de résoudre les différends commerciaux entre nos pays, donner plus de pouvoirs au secrétariat exécutif, réfléchir à l’éventualité de se doter d’un Parlement communautaire, avancer dans la convergence des politiques macro-économiques et, pourquoi pas, instituer une monnaie commune», poursuit García, certainement l’homme qui traduit le mieux la pensée du leader de la gauche brésilienne sur ces questions.
Alca contre Mercosur
A Buenos Aires, on se dit d’accord pour aller de l’avant: «Nous entendons raffermir le Mercosur et accueillons positivement les déclarations de Lula. Il y a des possibilités d’aller au-delà des simples relations commerciales», déclare Alfredo Atanasof, chef de cabinet et coordinateur de l’action gouvernementale. «Nous avons pleine confiance dans les nouvelles autorités brésiliennes, ce qui favorisera l’intégration régionale. D’ailleurs, sur ce sujet, on note de nombreux points communs entre les positions des présidents Eduardo Duhalde et Lula da Silva», ajoute ce proche collaborateur du chef de l’Etat argentin.
L’ennui, c’est que Duhalde quittera le pouvoir le 25 mai prochain et il n’est pas sûr que ses vues soient partagées par son successeur. En particulier, si le nouvel élu à la présidence argentine était Carlos Menem, qui propose le retour à un taux de change fixe entre le peso et le dollar, système qu’il avait mis en place lors de son premier mandat, en 1991, ou même d’instituer la dollarisation, c’est-à-dire le remplacement pur et simple de la monnaie nationale par la devise nord-américaine.
Derrière ces divergences de politique monétaire se profilent des attitudes différentes, sinon opposées, à l’égard de l’Accord de libre échange des Amériques (Alca) qui doit rassembler tous les pays du continent en 2005: dans l’esprit de Lula, la création d’une monnaie commune renforcerait l’intégration régionale et permettrait de mieux négocier la place des pays du cône sud latino-américain dans cet ensemble dont Washington est le principal promoteur.
En revanche, si le peso était à nouveau lié au dollar ou s’il disparaissait au profit du billet vert, le Brésil risquerait de se trouver isolé et affaibli, tandis que la mise en place de l’Alca pourrait sonner le glas du Mercosur. On n’en est pas encore là, d’autant moins que l’orientation défendue par Menem en la matière demeure minoritaire dans son pays. Et que l’interdépendance entre les deux principales économies du bloc commercial est une réalité. De fait, compte tenu de l’écart favorable au Brésil, en termes de population et de PIB, l’alliance «stratégique» qu’évoque Lula s’impose tout particulièrement à l’Argentine.
Luiz Inacio Lula da Silva a tenu parole: confirmant des déclarations faites durant la campagne présidentielle, il a réservé à l’Argentine, lundi 2 décembre, sa première visite internationale en tant que président élu du Brésil. Alors qu’il n’était encore que le candidat du Parti des travailleurs (PT) à la succession de Fernando Henrique Cardoso, Lula avait affirmé qu’il ferait ce voyage, au cas où il l’emporterait le 26 octobre, afin de marquer que sa priorité en politique extérieure serait de renforcer l’alliance «stratégique» avec Buenos Aires, dans le cadre du Marché commun du Sud (Mercosur). La visite était attendue avec d’autant plus d’intérêt par les Argentins que Lula, à moins d’un mois de sa prise de fonctions, le 1er janvier 2003, devait être accompagné des poids lourds de son futur gouvernement, à commencer par Antonio Palocci, successeur désigné de Pedro Malan aux Finances.
Fervent partisan du Mercosur, bloc commercial formé en 1995 par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, auquel se sont joints depuis, en tant que membres associés, la Bolivie et le Chili, Lula souhaite le relancer en s’inspirant du modèle européen. «Nous devons mettre en place des politiques intégrées dans l’industrie, l’agriculture, la science et la technologie, l’éducation et la culture, le social», affirme Marco Aurélio García, figure historique du PT qui pourrait être nommé aux Affaires étrangères. «Il nous faut créer des institutions qui permettent de résoudre les différends commerciaux entre nos pays, donner plus de pouvoirs au secrétariat exécutif, réfléchir à l’éventualité de se doter d’un Parlement communautaire, avancer dans la convergence des politiques macro-économiques et, pourquoi pas, instituer une monnaie commune», poursuit García, certainement l’homme qui traduit le mieux la pensée du leader de la gauche brésilienne sur ces questions.
Alca contre Mercosur
A Buenos Aires, on se dit d’accord pour aller de l’avant: «Nous entendons raffermir le Mercosur et accueillons positivement les déclarations de Lula. Il y a des possibilités d’aller au-delà des simples relations commerciales», déclare Alfredo Atanasof, chef de cabinet et coordinateur de l’action gouvernementale. «Nous avons pleine confiance dans les nouvelles autorités brésiliennes, ce qui favorisera l’intégration régionale. D’ailleurs, sur ce sujet, on note de nombreux points communs entre les positions des présidents Eduardo Duhalde et Lula da Silva», ajoute ce proche collaborateur du chef de l’Etat argentin.
L’ennui, c’est que Duhalde quittera le pouvoir le 25 mai prochain et il n’est pas sûr que ses vues soient partagées par son successeur. En particulier, si le nouvel élu à la présidence argentine était Carlos Menem, qui propose le retour à un taux de change fixe entre le peso et le dollar, système qu’il avait mis en place lors de son premier mandat, en 1991, ou même d’instituer la dollarisation, c’est-à-dire le remplacement pur et simple de la monnaie nationale par la devise nord-américaine.
Derrière ces divergences de politique monétaire se profilent des attitudes différentes, sinon opposées, à l’égard de l’Accord de libre échange des Amériques (Alca) qui doit rassembler tous les pays du continent en 2005: dans l’esprit de Lula, la création d’une monnaie commune renforcerait l’intégration régionale et permettrait de mieux négocier la place des pays du cône sud latino-américain dans cet ensemble dont Washington est le principal promoteur.
En revanche, si le peso était à nouveau lié au dollar ou s’il disparaissait au profit du billet vert, le Brésil risquerait de se trouver isolé et affaibli, tandis que la mise en place de l’Alca pourrait sonner le glas du Mercosur. On n’en est pas encore là, d’autant moins que l’orientation défendue par Menem en la matière demeure minoritaire dans son pays. Et que l’interdépendance entre les deux principales économies du bloc commercial est une réalité. De fait, compte tenu de l’écart favorable au Brésil, en termes de population et de PIB, l’alliance «stratégique» qu’évoque Lula s’impose tout particulièrement à l’Argentine.
par Jean-Louis Buchet
Article publié le 01/12/2002