Entreprises
France Telecom : redressement avant privatisation
Deux mois après son arrivée à la tête de France Telecom, Thierry Breton a présenté un plan de redressement en trois ans de l’entreprise en faisant appel à ses actionnaires et à ses créanciers et en réalisant des économies drastiques, intitulé «Ambition FT 2005». L’Etat français, actionnaire majoritaire de l’entreprise, n’exclut pas, dans l’avenir, la privatisation de France Telecom.
Le Conseil d’administration de France Telecom a approuvé un programme de redressement des comptes d’ici 2005 afin de faire face à un endettement de 70 milliards d’euros, (soit les PNB du Maroc et du Nigeria réunis), la chute des cours boursiers et une perte évaluée de 17 à 19 milliards d’euros en 2002. Ce plan ambitieux, et qui s’affiche comme tel sous le nom «Ambition FT 2005», prévoit des économies internes à hauteur de 15 milliards d’euros aussi bien dans le fonctionnement que dans l’investissement.
Afin de reconstituer les fonds propres mis à mal par la crise qui secoue les opérateurs de télécommunications les actionnaires sont appelés à mettre la main à la poche. Et, sur ce point, l’Etat français actionnaire à 56% est aux premières loges : sur ces 15 milliards d’euros de renforcement des fonds propres, sa part au prorata revient à 9 milliards d’euros. Pour ne pas aggraver le déficit budgétaire de la France, déjà dans le collimateur de la Commission européenne et sous le coup d’une procédure d’avertissement, les parts de l’Etat dans France Telecom seront transférées à un établissement public industriel et commercial, l’ERAP. Enfin, France Telecom va négocier avec ses créanciers un rééchelonnement de sa dette pour 15 milliards d’euros également.
La recapitalisation quasi inévitable de France Telecom n’est pas prévue pour l’instant, en raison de l’incertitude qui règne actuellement sur les marchés financiers et de ses difficultés financières qui rendent l’entreprise peu attractive. Mais, pour l’avenir, le gouvernement ouvre la porte à la privatisation. Dans un communiqué, le ministère des Finances annonce que «si à l’avenir l’intérêt stratégique de l’entreprise l’exigeait, le Gouvernement ne ferait pas obstacle à ce que l’Etat détienne moins de la majorité du capital de France Télécom. Si cette évolution devait intervenir, elle se ferait naturellement dans le respect des intérêts, notamment statutaires, des salariés de l’entreprise».
Deux obstacles, les salariés et Bruxelles
Cette dernière précision n’est pas inutile car les personnels de France Telecom sont très attachés à leur statut de fonctionnaire, incompatible avec une privatisation. Dès à présent, alors que des «dégraissages» sont prévisibles dans l’entreprise, les salariés fonctionnaires se verront offrir sur la base du volontariat une affectation à un autre poste dans la fonction publique. Parmi les 200 000 salariés du groupe dont 145 000 en France, 20 000 font déjà l’objet d’un plan de mise à la retraite et les recrutements sont à présent gelés.
Mais l’Union européenne a également son mot à dire sur les décisions du conseil d’administration de FT approuvées par le gouvernement. La Commission européenne va les examiner pour s’assurer qu’elles n’ont pas d’incidence sur les déficits et la dette de la France. Le subterfuge qui consiste à transférer les parts de l’Etat à l’ERAP sera scruté à la loupe car, déjà, l’Italie a été épinglée pour avoir tenté de réduire son déficit public en ayant recours à la titrisation. Quant aux services de la concurrence de Bruxelles, ils sont toujours extrêmement sourcilleux pour ce qui ressemble de près ou de loin à des aides publiques aux entreprises du secteur concurrentiel.
Afin de reconstituer les fonds propres mis à mal par la crise qui secoue les opérateurs de télécommunications les actionnaires sont appelés à mettre la main à la poche. Et, sur ce point, l’Etat français actionnaire à 56% est aux premières loges : sur ces 15 milliards d’euros de renforcement des fonds propres, sa part au prorata revient à 9 milliards d’euros. Pour ne pas aggraver le déficit budgétaire de la France, déjà dans le collimateur de la Commission européenne et sous le coup d’une procédure d’avertissement, les parts de l’Etat dans France Telecom seront transférées à un établissement public industriel et commercial, l’ERAP. Enfin, France Telecom va négocier avec ses créanciers un rééchelonnement de sa dette pour 15 milliards d’euros également.
La recapitalisation quasi inévitable de France Telecom n’est pas prévue pour l’instant, en raison de l’incertitude qui règne actuellement sur les marchés financiers et de ses difficultés financières qui rendent l’entreprise peu attractive. Mais, pour l’avenir, le gouvernement ouvre la porte à la privatisation. Dans un communiqué, le ministère des Finances annonce que «si à l’avenir l’intérêt stratégique de l’entreprise l’exigeait, le Gouvernement ne ferait pas obstacle à ce que l’Etat détienne moins de la majorité du capital de France Télécom. Si cette évolution devait intervenir, elle se ferait naturellement dans le respect des intérêts, notamment statutaires, des salariés de l’entreprise».
Deux obstacles, les salariés et Bruxelles
Cette dernière précision n’est pas inutile car les personnels de France Telecom sont très attachés à leur statut de fonctionnaire, incompatible avec une privatisation. Dès à présent, alors que des «dégraissages» sont prévisibles dans l’entreprise, les salariés fonctionnaires se verront offrir sur la base du volontariat une affectation à un autre poste dans la fonction publique. Parmi les 200 000 salariés du groupe dont 145 000 en France, 20 000 font déjà l’objet d’un plan de mise à la retraite et les recrutements sont à présent gelés.
Mais l’Union européenne a également son mot à dire sur les décisions du conseil d’administration de FT approuvées par le gouvernement. La Commission européenne va les examiner pour s’assurer qu’elles n’ont pas d’incidence sur les déficits et la dette de la France. Le subterfuge qui consiste à transférer les parts de l’Etat à l’ERAP sera scruté à la loupe car, déjà, l’Italie a été épinglée pour avoir tenté de réduire son déficit public en ayant recours à la titrisation. Quant aux services de la concurrence de Bruxelles, ils sont toujours extrêmement sourcilleux pour ce qui ressemble de près ou de loin à des aides publiques aux entreprises du secteur concurrentiel.
par Francine Quentin
Article publié le 05/12/2002