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Politique française

Confusion chez les Verts

Réunis les 14 et 15 décembre, en congrès à Nantes, les Verts n'ont pas réussi à s'entendre sur une nouvelle équipe dirigeante. Ils ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la candidature de Gilles Lemaire, un proche d'Alain Lipietz, pour remplacer Dominique Voynet. La secrétaire nationale du mouvement est donc maintenue provisoirement à la tête des Verts jusqu'au prochain conseil national, prévu les 11 et 12 janvier 2003.
Les Verts ont retrouvé leurs vieux démons, à Nantes, en se montrant incapables de désigner une nouvelle direction. Après s'être donnés, le 14 décembre, une majorité fortement marquée à gauche, ils ont refusé, le lendemain, la direction qui leur était proposée, reportant ainsi la décision à la mi-janvier. Ce congrès, s’il n’a pas totalement abouti, n’en a pas moins marqué un changement de majorité au sein du mouvement écologiste au profit d’une équipe plus «radicale» et beaucoup plus critique quant à la stratégie de la gauche plurielle. En fait, cette nouvelle majorité est très sceptique à l’égard du parti socialiste et sur la participation des Verts au gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2002.

La motion présentée par Alain Lipietz -candidat éphémère à la présidentielle- et les «environnementalistes» de Maryse Arditi associée à Guy Hacouët -ancien ministre de l’environnement de Lionel Jospin- a obtenu 54,4% des suffrages. Un résultat qui n’a pas suffi pour s’imposer. En effet, les statuts des Verts imposent, lors d’un congrès, une majorité de 50% pour définir les nouvelles tendances politiques, mais de 60% au conseil national inter-régional, pour entériner une direction. «On est en état de crise» a souligné Noël Mamère, dont le texte a été crédité de 23,5% des voix.

Le Parti socialiste inquiet

La conséquence de ce résultat est que Dominique Voynet a été priée de jouer les prolongations. Elle reste donc secrétaire nationale des Verts jusqu’au 11 janvier. Un coup dur pour elle qui rêvait de «prendre du champ» pour souffler un peu et s’occuper de sa famille. «Je vais expédier les affaires courantes», a-t-elle indiqué, avant d’ajouter : «il y a une majorité, je ne la remets pas en cause du tout, elle a été choisie par les militants et ce choix doit être respecté». Cependant, lucide, elle a tenu à préciser : «rien ne sert de masquer nos divergences, il convient au contraire d’en faire l’inventaire (…) Au point où nous en sommes, le débat n’oppose pas des gauchistes et des droitiers, il oppose des militants qui s’interrogent sur les moyens de faire progresser une même cause», a-t-elle poursuivi, regrettant toutefois le «décalage» entre l’importance des idées défendues par les Verts et leur poids électoral.

Pressenti pour succéder à Dominique Voynet, Gilles Lemaire, militant de fraîche date, très ancré dans la mouvance «écologie politique» va devoir patienter un peu. A 51 ans, cet informaticien a pu constater, le 15 décembre, toute la difficulté liée aux statuts particuliers du mouvement écologiste. Après avoir renvoyé Dominique Voynet et Noël Mamère dans la minorité, il va devoir, à son tour, apporter des réponses concrètes pour faire avancer le mouvement. Intronisé le samedi et désavoué le dimanche, Gilles Lemaire ne voulait y voir «qu’un retard». Les discussions entre les différentes sensibilités vont donc se poursuivre jusqu’au 11 janvier.

Cette nouvelle orientation choisie par les Verts inquiète sérieusement leurs anciens alliés du Parti socialiste. Réunis à Montreuil pour une journée de débat préparatoire à leur congrès, les responsables PS ont montré de la prudence dans leur commentaire sur leur ex-partenaire de la gauche plurielle. Les relations entre la nouvelle majorité verte et le parti de François Hollande risquent d’être difficiles. Ainsi le premier secrétaire socialiste à lancé une mise en garde : «Si la gauche dans ses différentes familles pratique le repli sur soi, la dérive identitaire et l’oubli de ce qu’est la valeur fondamentale de l’unité, alors la droite a de beaux jours devant elle».

Lire également :
Les Verts ont-ils encore un avenir ?
(L’Editorial politique de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/12/2002 Dernière mise à jour le 15/12/2002 à 23:00 TU