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Santé

Les maternités débordées par le baby-boom

Rien ne va plus dans les maternités françaises. Médecins-accoucheurs, sages-femmes, infirmières dénoncent les manques d’effectifs, alors que le nombre de bébés est en augmentation depuis plusieurs années. L’an 2000 et 2001 ont même connu un «baby-boom».
Le ministre de la Santé le reconnaît: la France manque de gynécologues-obstétriciens, ces spécialistes de la grossesse et de l’accouchement, et la situation devrait encore s’aggraver dans les années à venir car de moins en moins d’étudiants choisissent cette filière. De plus, on forme trop peu de sages-femmes et, chaque année, des promotions de 750 professionnelles sortent des écoles là où il en faudrait un millier. Quant aux infirmières, celles qui travaillent en maternité souffrent de la même désaffection pour le métier que dans les autres secteurs hospitaliers. Le fossé entre les besoins et les effectifs réels se creuse progressivement.

La situation devient si tendue dans les maternités qu’un chef de service renommé vient, de manière spectaculaire, de donner sa démission, en expliquant ses raisons. Le manque d’effectifs fait courir des risques aux mères et à leurs bébés. Les nouvelles dispositions sur les repos obligatoires entre deux périodes de garde ainsi que l’application des 35 heures de travail hebdomadaire, dont les bienfaits sont évidents dans l’absolu, ont cependant entraîné une certaine désorganisation des services et aggravé les sous-effectifs.

D’autant que l’évolution de la société tend à augmenter le nombre des naissances qui présentent des difficultés potentielles. Les aides à la procréation sont à l’origine de naissances multiples en plus grand nombre, ce qui n’est pas sans conséquences. Les mères sont souvent de plus en plus jeunes mais on compte aussi bon nombre de femmes plus âgées que par le passé. Enfin, les naissances de prématurés sont en constante augmentation et les maternités équipées d’un service de réanimation néo-natale, ce qui implique aussi des effectifs médicaux et infirmiers renforcés, sont en nombre insuffisant. D’où l’idée émise récemment par le ministre de la Santé Jean-François Mattéi de regrouper les services de maternité tant sur le plan technique qu’en personnels. Les partisans des petites maternités de proximité protestent.

L’«effet millésime» se prolonge

Le regain de la natalité en France, au cours des dernières années, ne permet pas d’espérer que les choses se régleront d’elles-mêmes. Bien au contraire. Les statistiques démographiques sont là pour rappeler que, depuis 1998, les naissances sont en croissance soutenue, année après année, avec, en 2000 et 2001, une sorte de baby-boom. Alors qu’en 1997 seulement 726 800 avaient vu le jour en France, ils étaient plus de 738 000 l’année d’après, près de 745 000 en 1999, et avec une augmentation brutale de 4% en 2000 on passait à 774 800 bébés au tournant du siècle. Toutefois, les démographes font remarquer que «l’effet millésime» n’est pas seul en cause car le phénomène s’est maintenu en 2001 avec un nombre de naissance du même niveau.

Désormais on compte 1,9 enfant par femme contre 1,7 il y a cinq ans. Ce qui, compte tenu de celles qui n’ont pas d’enfant, remet en cause le modèle de la famille de deux enfants et pas plus. En effet les jeunes mères de moins de 25 ans sont plus nombreuses depuis trois ans mais c’est surtout après 30 ans que les femmes ont plus d’enfants qu’auparavant. En revanche, le recul de l’âge de la maternité, fait de société pendant près de vingt ans est pratiquement interrompu.



par Francine  Quentin

Article publié le 25/12/2002