Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Madagascar

Très large victoire du parti présidentiel

A Madagascar, le parti présidentiel, Tiako i Madagasikara, est le grand vainqueur des élections législatives du 15 décembre. Il obtient la majorité absolue dans la future Assemblée nationale. Le ministère de l’Intérieur vient de publier les résultats complets du scrutin, en attendant leur officialisation par la Haute cour constitutionnelle.
De notre correspondant à Madagascar

L’Assemblée nationale, c’est comme un gros gâteau à se partager. Lors des élections législatives anticipées du 15 décembre, le parti présidentiel (TIM, Tiako i Madagasikara) s’est indiscutablement taillé la plus grosse part à lui tout seul. Sur les 160 sièges à pourvoir, la formation politique fondée par Marc Ravalomanana en remporte 104. Donc 65% des députés sont vert et bleu, aux couleurs du TIM. C’est plus que la majorité absolue. C’est presque la majorité des 2/3.

«Le TIM ? un rouleau compresseur!» constate sèchement un candidat indépendant, battu. Encore plus compresseur si on y ajoute la vingtaine de députés élus sous l’étiquette «Solidarité nationale». Il s’agit d’une coalition de partis fidèles au président, avec 3 formations politiques : l’AVI, le RPSD et… le TIM. Cette alliance permettait des candidatures uniques pro-Ravalomanana dans certaines circonscriptions.

Premier enseignement de ces résultats : l’électorat s’est mobilisé très massivement en faveur du président de la République lui-même, sans doute davantage que pour les candidats qui le représentaient. Ces élections législatives anticipées étaient souhaitées par la communauté internationale qui voulait mesurer la légitimité de Marc Ravalomanana, parvenu au pouvoir à l’issue de la crise politique du premier semestre. La légitimité est éclatante. Les Malgaches ont plébiscité leur nouveau président.

Dans le partage du gâteau, les grands perdants sont les petits partis qui avaient pourtant soutenu Marc Ravalomanana dans son accession au pouvoir. «On n’a même pas les miettes», reconnaît un des leaders de ces petits partis, avec un brin d’amertume. Seulement un député. Une des explications : le mode de scrutin, majoritaire uninominal à un tour, ce qui polarise la vie politique, à la différence du scrutin à la proportionnelle.

Les formations de l’opposition sont laminées

Dans plusieurs circonscriptions, les candidats l’ont emporté avec une majorité relative. Cela suffit pour être élu, même si ça n’est pas toujours représentatif de la diversité électorale. «On souhaitait une majorité plurielle, commente un des perdants, et on ne l’a pas!»

Quant aux formations indépendantes, elles sont laminées. L’AREMA, l’ancien parti au pouvoir, ne compte plus que 3 députés. Le Leader Fanilo, qui était la 2ème formation politique en nombre de représentants dans la précédente Assemblée, n’a pu remporter que deux sièges.

Même résultat pour le MFM, pourtant un des partis historiques malgaches. Les chefs politiques traditionnels sont écartés. L’électorat leur a préféré de nouvelles têtes. Peut être un renouveau de la classe politique.

Géographiquement, si le raz-de-marée du parti présidentiel est national, il est encore plus significatif dans la province d’Antananarivo. Les hommes de Marc Ravalomanana y décrochent la totalité des 41 sièges qui étaient à pourvoir. C’est presque le sans-faute au nord, dans la région d’Antsiranana, où le TIM l’emporte dans 12 des 13 circonscriptions. En revanche, les voix sont proportionnellement plus dispersées dans les provinces de Fianarantsoa (sud-est) et de Toamasina (est). En tout cas, le chef de l’état est largement en mesure de négliger ceux qui appelaient au boycott du scrutin, puisque le taux de participation est relativement élevé : autour de 66%, en moyenne nationale.

Le fait de disposer d’une large majorité absolue à l’Assemblée renforce les moyens d’action du président. Les projets de loi de son gouvernement devraient pouvoir être adoptés sans réels blocages parlementaires, en tout cas à la chambre basse. Et puis, avec de tels résultats, Marc Ravalomanana se trouve théoriquement à l’abri d’une éventuelle motion d’empêchement. Mais plus généralement, il évite d’avoir à composer avec une mouvance présidentielle, par définition… mouvante. Il ne risque donc pas de faire les frais des querelles politiciennes, contrairement à ce qui s’était passé dans les années 90, sous la présidence d’Albert Zafy.

Les résultats publiés ce lundi par le ministère de l’Intérieur doivent maintenant être contrôlés et validés par la Haute cour constitutionnelle (HCC), l’arbitre suprême en matière électorale. Les résultats complets et officieux deviendront alors officiels. Cette procédure juridique de la HCC pourrait prendre plusieurs jours. Il s’agit non seulement de vérifier les documents électoraux, mais aussi d’étudier les requêtes et les plaintes déposées notamment par les candidats. A ce jour, les magistrats de la Haute cour ont déjà reçu plusieurs dizaines de réclamations concernant ces élections.



par Olivier  Péguy

Article publié le 24/12/2002