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Afghanistan

Sécurité et reconstruction : bilan d’un an de «paix»

Un an après l’accord conclu entre les différentes factions afghanes pour un retour à la normale dans ce pays, la communauté internationale fait le point de la situation politique, militaire et économique. On est encore loin des objectifs de sécurité et de reconstruction fixés à Bonn et à Tokyo.
Le 10 décembre 2001, au terme d’une négociation intense d’une semaine, les quatre principales factions afghanes, réunies à Bonn en Allemagne, sous l’égide des Nations Unies, parvenaient à un accord ouvrant la porte à la réconciliation nationale et à la reconstruction d’un pays ravagé par vingt ans d’affrontements et plusieurs années de régime des Taliban. La Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (Isaf) était créée. La coalition antiterroriste dirigée par les Etats-Unis pour démanteler le réseau Al-Qaïda, Enduring freedom, était également maintenue.

En janvier 2002, une soixantaine de pays et 20 organisations internationales se rassemblaient à Tokyo pour apporter leur contribution financière au redressement de l’Afghanistan. Près de 2 milliards de dollars étaient promis pour 2002 et 4,5 milliards sur cinq ans, chaque pays rivalisant de générosité à l’égard du pays martyr qui avait alimenté l’actualité depuis les attentats du 11 septembre à New York et Washington.

Fin 2002 où en est-on en Afghanistan alors que l’attention de la communauté internationale se tourne davantage vers le Proche-Orient, Israël et Irak ? C’est à cette question que 32 délégations représentant les pays de la région, ceux participant à la reconstruction, l’Onu et l’Union européenne vont tenter de répondre lundi, au Petersberg près de Bonn, là où s’est tenue la conférence de paix il y a un an.

Eviter le retour du passé

Le tableau de la situation en Afghanistan est très nuancé. Sur le plan politique et de la sécurité intérieure le général Franks, responsable de l’opération antiterroriste américaine, évalue à un tiers du territoire afghan la zone dans laquelle les Taliban et leurs alliés constituent encore un danger réel. D’aucun vont même jusqu’à dire que l’autorité du chef de l’Etat Hamid Karzai ne dépasse pas les limites de la capitale Kaboul, le reste étant aux mains des différents chefs de guerre. De plus, les attentats contre les responsables politiques afghans ou les forces internationales se poursuivent.

Sur le plan économique les choses ne vont pas aussi vite, loin s’en faut, que le souhaiterait la population. Les récentes manifestations d’étudiants pour dénoncer la précarité de leurs conditions de vie en est un exemple parmi d’autres. En dehors de Kaboul il semble que la pauvreté et la situation des réfugiés et déplacés n’aient pas connu une grande amélioration. Programmes d’urgence, réhabilitation rurale ou des infrastructures se heurtent à la difficulté d’accéder aux endroits les plus reculés.

Joschka Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères, a pris l’initiative de cette conférence estimant que si la reconstruction ne s’accélère pas l’Afghanistan pourrait bien retomber dans ses travers passés. La réunion de Bonn devra se pencher sur les moyens à mettre en œuvre pour mener à bien le désarmement des civils, la constitution d’une commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme ou la création d’une police et d’une armée nationales.

D’autant que pourrait être lancée l’idée d’une conférence, sous l’égide de l’ONU, étendant le mandat de l’Isaf à l’extérieur de Kaboul et reprenant les compétences antiterroristes de la coalition américaine, laquelle se consacrerait davantage à la reconstruction. L’Allemagne et les Pays-Bas prendront en février 2003 le commandement de l’Isaf pour 6 mois, après renouvellement par le conseil de sécurité de l’ONU du mandat de la force internationale pour un an. Cette force de 5 000 hommes est sous commandement de la Turquie jusqu'au 20 décembre prochain.



par Francine  Quentin

Article publié le 01/12/2002