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Comores

Putsch raté de mercenaires italiens

La police italienne a annoncé jeudi dernier, à Vérone, la découverte d’un réseau de mercenaires italiens, dirigé par un journaliste free lance, qui comptait perpétrer un énième coup d’Etat aux Comores, dans le but de renverser le président actuel, et y installer de nouveaux dirigeants. Ceux-ci auraient promis aux mercenaires d’importants investissements dans ce «paradis pour touristes» de l’océan indien.
Tout a commence l’année dernière, à Vérone. La police locale ouvre une enquête sur des graffitis antisémites et racistes apparus sur les murs de la cité de «Roméo et Juliette», et notamment sur ceux de la synagogue. En enquêtant sur les milieux d’extrême-droite véronais, la police est intriguée par un curieux personnage, âgé de 40 ans: Franco Nerozzi, officiellement journaliste free lance ayant collaboré parfois avec la radio-télévision italienne (RAI), mais aussi membre d’une organisation non gouvernementale, Popoli (Peuples).

Nerozzi n’est pas un inconnu: il a du mal à cacher ses idées néo-fascistes et fréquente des milieux proches des terroristes partisans d’un régime autoritaire qui ont déjà perpétré certains attentats en Italie du Nord. A ses côtés, un certain Fabio Leva, originaire de la Dalmatie (Croatie) mais vivant près de Trieste, ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes vivant dans différentes villes italiennes. Pour la police, ils sont tous impliqués dans la préparation d’une tentative de putsch aux Comores, et sont en lien avec le plus connus de tous les mercenaires: l’homme d’affaire français Bob Denard, qui depuis près de trente ans a été mêlé à presque tous les coups d’Etat perpétrés (ou ratés) aux Comores.

«Association à but terroriste»

Les deux principaux mercenaires Nerozzi et Leva ont été mis en examen pour «association à but terroriste» et sont actuellement aux arrêts domiciliaires; tandis qu’une demande d’extradition devrait être émise sous peu à l’encontre de Bob Denard, qui réside en France.

Pour la police véronaise, les armes nécessaires pour réaliser ce putsch contre le colonel Azali Assumani -élu président le 14 avril dernier- se trouvaient en Afrique du sud et au Mozambique, où des complices locaux étaient chargés de les faire parvenir aux Comores lors du déclenchement du coup d’Etat. Apparemment, le financement de cette opération a été assuré par certains «complices» italiens, qui auraient financé cette opération dans l’espoir d’obtenir ensuite des nouveaux dirigeants comoriens qu’il s’apprêtaient à «installer» à Moroni, l’autorisation d'effectuer d’importants investissements touristiques.

Ce n’est pas la première fois que des mercenaires italiens sont signalés en Afrique, notamment en Afrique du sud et au Zimbabwe. Dans les années 70 l’armée rhodésienne de Ian Smith avait recruté quelques mercenaires italiens, chargés de pourchasser des guérilleros de la Zanu de Robert Mugabe et de la Zapu de John Nkomo. Au début des années 80, à la suite de l’accession au pouvoir de Robert Mugabe, la plupart des mercenaires européens présents au Zimbabwe ont traversé la frontière avec l’Afrique du sud, où ils ont résidé jusqu’à l’accession au pouvoir de l’ANC de Nelson Mandela.



par Elio  Comarin

Article publié le 07/12/2002