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Affaires politico-financières

Emplois fictifs : Alain Juppé désigné

L’ancien Premier ministre et actuel président de l’Union pour un mouvement populaire -UMP : le grand parti de droite- a été nommément mis en cause par Michel Roussin, le 3 octobre dernier, devant le juge Alain Philibeaux, en charge de l’affaire des emplois présumés fictifs à la mairie de Paris. Une information révélée par le quotidien Le Monde, dans son édition du 4 décembre.
Ce rebondissement pourrait gêner les nouvelles ambitions du tout nouveau président de l’UMP, élu le 17 novembre dernier, lors du Congrès fondateur du parti, au Bourget. En effet, mis en examen depuis l’été 1998 pour abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux et prise illégale d’intérêt, dans l’enquête menée sur les emplois présumés fictifs du RPR, Alain Juppé pourrait voir son avenir terni par la révélation, toute relative, de Michel Roussin, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris dans les années 90.

Le journal Le Monde, dans son édition du 4 décembre, a révélé que Michel Roussin -aujourd’hui témoin assisté dans cette affaire, sa mise en examen ayant été annulée en juin 1991-, le 3 octobre dernier, lors d’une audition, a affirmé face au juge Philibeaux -qui a repris le dossier après quasiment achevé par le juge Patrick Desmure qui a depuis quitté le tribunal de Nanterre- qu’Alain Juppé avait été, en 1991, le «commanditaire de l’un des emplois pris en charge abusivement par la mairie de Paris». Il s’agit en fait de Nordine Cherkaoui, ancien secrétaire national du RPR, qui travaillait alors au parti gaulliste.

Un avenir assombri ?

«Le directeur de cabinet du maire n’avait pas l’initiative d’une embauche de ce genre (…) Il y avait obligatoirement à la base une demande soit d’un élu, soit d’une direction de l’administration municipale. La demande, en l’espèce de M. Juppé, alors adjoint aux Finances et cadre dirigeant au RPR, m’a été transmise et c’est en réponse à cette demande que j’ai saisi l’administration générale», a déclaré Michel Roussin. Cette déclaration de l’ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac diffère quelque peu de celle qu’il avait donnée en octobre 1998, où il n’avait pas nommément désigné Alain Juppé mais où il avait seulement dit que cette demande d’emploi pour M. Cherkaoui provenait «d’une mairie d’arrondissement».

Interrogé à ce sujet, Alain Juppé en déplacement dans les Yvelines le 3 décembre, a affirmé : «Je n’ai rien à dire, je m’expliquerai le moment venu devant les juges et je n’ai pas de commentaires à faire sur ce point». Peu avant, le 14 novembre dernier, dans l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, l’ancien Premier ministre avait évoqué sa condamnation et avait déclaré : «Dans ce cas, j’abandonnerai la politique. C’est une question d’éthique personnelle», avant d’ajouter : «Je l’ai dit à Jacques Chirac, les yeux dans les yeux. Je ne sais pas comment je réagirai si je suis condamné à une peine infamante».

Sans nul doute, cette nouvelle mise en cause intervient à un très mauvais moment pour le président de l’UMP. En effet, en 1998, Alain Juppé avait refusé de se rendre à une convocation du juge Desmure pour des raisons de procédures mais aujourd’hui il semble difficile qu’il puisse essayer de se soustraire à un procès qui devrait se tenir en 2003. Procès au terme duquel il pourrait être condamner à de la prison avec sursis mais surtout à quelques années d’inéligibilité. Une situation qui ne servirait pas ses intérêts, si toutefois il avait des intentions présidentielles pour 2007.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 04/12/2002