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Côte d''Ivoire

Villepin à Abidjan et Bouaké

Le ministre français des Affaires étrangères se rend d’urgence en Côte d’Ivoire pour tenter de désamorcer la «crise ouverte».
Dominique de Villepin n’avait pas prévu de passer cette fin de semaine en Côte d’Ivoire. Mais le bombardement le 31 décembre par un hélicoptère de l’armée gouvernementale du village de Menakro, situé en zone rebelle, qui a fait une douzaine de morts civils a précipité les choses. L’armée française, intervenue dans un premier temps pour assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers, a vu sa mission évoluer en garante du cessez-le-feu conclu entre loyalistes et rebelles.

C’est au nom de cette mission que des soldats français, a plusieurs reprises, ont ouvert le feu contre les rebelles du MPCI ou des mouvements jumeaux qui se sont développés notamment dans l’ouest du pays. Mais Paris ne pouvait se taire après le bombardement de Menakro, qui constitue une violation des accords de cessez-le-feu, sauf à donner raison aux rebelles qui accusent Paris de faire la police pour le compte du gouvernement de Laurent Gbagbo.

Situation de crise ouverte

«La France doit assumer sa responsabilité en se démarquant clairement de Laurent Gbagbo», indique un communiqué du MPPCI. Le mouvement se déclare prêt à déclencher une attaque contre Abidjan. «La France considère comme inadmissible cette violation de l’accord de cessez-le-feu du 17 octobre 2002 et entend demander des explications aux autorités ivoiriennes. Nous assistons au nord à des violations de cessez-le-feu, à l’ouest à des accrochages. Dans le même temps, les menaces sur les droits de l’homme se multiplient», a déclaré, comme en écho, le porte-parole du Quai d’Orsay François Rivasseau. Et c’est sur place que le chef de la diplomatie française va les demander. Mais, nouveauté par rapport à son voyage précédent, cette fois-ci, Dominique de Villepin ne se contentera pas d’une escale à Abidjan: il se rend également à Bouaké, devenue la capitale de fait des militaires rebelles du MPCI. Dans un entretien au Parisien de ce vendredi, Dominique de Villepin constate que il y a «une situation de crise ouverte avec un double risque: l’aggravation de la situation intérieure et l’instabilité de l’ensemble de la région».

La France devra sans doute aussi préciser et peut-être redéfinir la mission de ses soldats déployés le long de la «ligne de non-franchissement» instituée par les accords du 17 octobre. Jusqu’où peut-elle rester passive et jusqu’où doit-elle intervenir ? Quoi qu’il en soit, sa mission, prévue à l’origine pour durer quelques semaines tout au plus apparaît aujourd’hui sans limite dans le temps. Cette présence, a indiqué le général Beth, chef d’état-major des forces françaises en Côte d’Ivoire, est conditionnée par l’arrivée et le déploiement des forces de maintien de la paix de la CEDEAO, mais surtout par la conclusion des négociations entre les acteurs de la crise. En somme, la Côte d’Ivoire s’installe dans la crise, et l’armée française avec.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 03/01/2003