Sénégal
Les revirements de Me Wade sur la crise ivoirienne
Après avoir jugé inutile la réunion de Paris, le chef de l’Etat sénégalais a pris acte de son isolement dans le traitement de la crise ivoirienne et il s’associe désormais au processus de discussion initié par Paris entre les belligérants ivoiriens.
De notre correspondant à Dakar
En s’exprimant dimanche sur RFI, Me Wade a radicalement changé son fusil d'épaule. La réunion de Paris entre les parties prenantes de la crise ivoirienne qu’il jugeait inutile il y a deux semaines parce que les chefs d'Etat de la CEDEAO «maîtrisaient parfaitement le processus de paix en Côte d'Ivoire», est maintenant devenue «une excellente chose». Pourtant les raisons qu'il donne aujourd'hui pour justifier sa nouvelle position ne sont pas nouvelles et étaient connues de tous depuis longtemps. En effet, Me Wade confie aujourd'hui que depuis «très longtemps», il avait dit à «(nos) amis français, qu'ils étaient les seuls à pouvoir trouver une solution à ce problème». «En tant que président de la CEDEAO, je me suis aperçu que malheureusement on n'a pas tellement bougé et que finalement la France pouvait, de par sa position en Côte d'Ivoire et ses relations avec un certain nombre d'Etats, élaborer une solution tenant compte des différents avis. Donc je soutiens ce plan».
En réalité, Me Wade, en vieux briscard de la politique, s'est rendu compte que la CEDEAO, du fait de sa composition, de l'implication de certains de ses membres dans la crise, des déchirements pour le leadership et la paternité d'une éventuelle issue de la crise, ne pouvait plus aller de l'avant. Les difficultés sont devenues sérieuses pour le président sénégalais avec le boycott par certains chefs d'Etat du sommet de Dakar le 18 décembre dernier. Il s'agit notamment du Nigeria, du Togo, du Mali et du Ghana.
Me Wade avait d’abord voulu minimiser ce signal d'alarme. Sa position a ensuite évolué, d’abord avec la venue à Dakar au lendemain du sommet d’Alassane Ouattara, en provenance de Libreville où il réside depuis son exfiltration d'Abidjan par la France fin novembre. Alors que certaines délégations n'avaient pas encore quitté Dakar, celui-ci martèle ses revendications qui sont aux antipodes des décisions du sommet avorté. Le leader du RDR ivoirien réclame de nouvelles élections; la non reconnaissance de la légitimité de Gbagbo parce que les élections de 2000 n'avaient pas été démocratiques et transparentes et explique qu’en tant que président du RDR il accepte la réunion de Paris.
Quand Gbagbo court-circuite Wade
La semaine suivante, Laurent Gbagbo, qui s'était engagé à en envoyer aux d'Etat de la CEDEAO, en premier lieu à son président en exercice, dans la semaine, son «plan global de sortie de crise», organisait des fuites dans la presse sur un «pré projet» court-circuitant ainsi ses pairs. C'est peu dire que Dakar n'a pas apprécié le geste des autorités ivoiriennes. La réalité est alors apparue cruellement au président Wade: Gbagbo l'a floué et a choisi la solution de Paris et son parapluie militaire renforcé dans la même période, alors que la CEDEAO, n'a pas pu elle, tenir sa promesse de déployer ses quelques 1 300 soldats le 31 décembre comme annoncé à Dakar. Jusqu'à ce jour, seuls une soixantaine de soldats (des officiers pour l'essentiel) sont sur place depuis le 4 janvier dernier, le reste de la troupe est maintenant annoncée pour la mi-janvier. Et le clou de la «trahison» est venu de Lagos avec l'annonce par les autorités nigérianes qu'elles n'enverraient pas de troupes en Côte d'Ivoire. Or, dans toutes les opérations de maintien de l'ordre initiées jusqu'ici par la CEDEAO, du Libéria à la Sierra Leone, le Nigeria a toujours été, le principal fournisseur de troupes.
Enfin, l’estocade est finalement venue des accords obtenus par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique De Villepin, lors de son voyage en Côte d'Ivoire le week-end dernier. En effet, toutes les forces politiques, y compris les mouvements rebelles, ont donné leur accord pour se rendre à Paris le 15 janvier.
L'Union africaine, présidée par le président sud-africain Thabo Mbeki, jusqu'ici très discrète dans le traitement de la crise, a approuvé l'initiative de Paris par la voix du président de la Commission, l'Ivoirien Amara Essy. Avec la présence annoncée du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la boucle est bouclée. Les bailleurs de fonds et les garants militaires du cessez-le-feu seront tous présents sur les rives de la Seine. Me Wade, à moins de vouloir terminer sa présidence (de la CEDEAO) par un isolement total sur le continent où il mécontente beaucoup de chefs d'Etat par ses sorties peu diplomatiques, ne pouvait qu'aller à Canossa.
En s’exprimant dimanche sur RFI, Me Wade a radicalement changé son fusil d'épaule. La réunion de Paris entre les parties prenantes de la crise ivoirienne qu’il jugeait inutile il y a deux semaines parce que les chefs d'Etat de la CEDEAO «maîtrisaient parfaitement le processus de paix en Côte d'Ivoire», est maintenant devenue «une excellente chose». Pourtant les raisons qu'il donne aujourd'hui pour justifier sa nouvelle position ne sont pas nouvelles et étaient connues de tous depuis longtemps. En effet, Me Wade confie aujourd'hui que depuis «très longtemps», il avait dit à «(nos) amis français, qu'ils étaient les seuls à pouvoir trouver une solution à ce problème». «En tant que président de la CEDEAO, je me suis aperçu que malheureusement on n'a pas tellement bougé et que finalement la France pouvait, de par sa position en Côte d'Ivoire et ses relations avec un certain nombre d'Etats, élaborer une solution tenant compte des différents avis. Donc je soutiens ce plan».
En réalité, Me Wade, en vieux briscard de la politique, s'est rendu compte que la CEDEAO, du fait de sa composition, de l'implication de certains de ses membres dans la crise, des déchirements pour le leadership et la paternité d'une éventuelle issue de la crise, ne pouvait plus aller de l'avant. Les difficultés sont devenues sérieuses pour le président sénégalais avec le boycott par certains chefs d'Etat du sommet de Dakar le 18 décembre dernier. Il s'agit notamment du Nigeria, du Togo, du Mali et du Ghana.
Me Wade avait d’abord voulu minimiser ce signal d'alarme. Sa position a ensuite évolué, d’abord avec la venue à Dakar au lendemain du sommet d’Alassane Ouattara, en provenance de Libreville où il réside depuis son exfiltration d'Abidjan par la France fin novembre. Alors que certaines délégations n'avaient pas encore quitté Dakar, celui-ci martèle ses revendications qui sont aux antipodes des décisions du sommet avorté. Le leader du RDR ivoirien réclame de nouvelles élections; la non reconnaissance de la légitimité de Gbagbo parce que les élections de 2000 n'avaient pas été démocratiques et transparentes et explique qu’en tant que président du RDR il accepte la réunion de Paris.
Quand Gbagbo court-circuite Wade
La semaine suivante, Laurent Gbagbo, qui s'était engagé à en envoyer aux d'Etat de la CEDEAO, en premier lieu à son président en exercice, dans la semaine, son «plan global de sortie de crise», organisait des fuites dans la presse sur un «pré projet» court-circuitant ainsi ses pairs. C'est peu dire que Dakar n'a pas apprécié le geste des autorités ivoiriennes. La réalité est alors apparue cruellement au président Wade: Gbagbo l'a floué et a choisi la solution de Paris et son parapluie militaire renforcé dans la même période, alors que la CEDEAO, n'a pas pu elle, tenir sa promesse de déployer ses quelques 1 300 soldats le 31 décembre comme annoncé à Dakar. Jusqu'à ce jour, seuls une soixantaine de soldats (des officiers pour l'essentiel) sont sur place depuis le 4 janvier dernier, le reste de la troupe est maintenant annoncée pour la mi-janvier. Et le clou de la «trahison» est venu de Lagos avec l'annonce par les autorités nigérianes qu'elles n'enverraient pas de troupes en Côte d'Ivoire. Or, dans toutes les opérations de maintien de l'ordre initiées jusqu'ici par la CEDEAO, du Libéria à la Sierra Leone, le Nigeria a toujours été, le principal fournisseur de troupes.
Enfin, l’estocade est finalement venue des accords obtenus par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique De Villepin, lors de son voyage en Côte d'Ivoire le week-end dernier. En effet, toutes les forces politiques, y compris les mouvements rebelles, ont donné leur accord pour se rendre à Paris le 15 janvier.
L'Union africaine, présidée par le président sud-africain Thabo Mbeki, jusqu'ici très discrète dans le traitement de la crise, a approuvé l'initiative de Paris par la voix du président de la Commission, l'Ivoirien Amara Essy. Avec la présence annoncée du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la boucle est bouclée. Les bailleurs de fonds et les garants militaires du cessez-le-feu seront tous présents sur les rives de la Seine. Me Wade, à moins de vouloir terminer sa présidence (de la CEDEAO) par un isolement total sur le continent où il mécontente beaucoup de chefs d'Etat par ses sorties peu diplomatiques, ne pouvait qu'aller à Canossa.
par Demba Ndiaye
Article publié le 07/01/2003