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Côte d''Ivoire

Combats et menaces sur la réunion de Paris

A Paris, alors qu’on se prépare activement pour la tenue de la conférence inter-ivoirienne, des combats s’intensifient dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, et des intentions de boycott sont déjà annoncées.
Après le bombardement par hélicoptères de la ville de Grabo, le 9 janvier, les FANCI (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) continuent leurs offensives contre les positions rebelles. Les villes de Toulépleu et de Bloléquin, près de la frontière avec le Libéria ont été la cible des hélicoptères de combats Mi-24 des forces loyalistes. L’état-major des FANCI justifient ces attaques par la volonté de stopper la marche des rebelles qui «descendent vers Tabou». Tabou est une petite ville portuaire de l’Ouest qui pourrait ouvrir aux rebelles la voix vers San Pedro, le principal port d’exportation du café et du cacao.

La reprise des combats dans l’ouest de la Côte d’Ivoire est confirmée par les forces françaises présentes à Duékoué. Elles dépêchent à Grabo des unités spéciales d’observation et d’évaluation des opérations menées par les FANCI. Karine Frenk de RFI a recueilli le témoignage d’un habitant qui fuit les combats. Selon les rebelles du MPIGO plusieurs dizaines de civiles auraient été tués lors de ces opérations. Face à l’insécurité grandissante d’importants mouvements de population ont été constatés par le HCR (Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés). De nombreux immigrés libériens se sont lancés sur les routes pour échapper aux règlements de compte. Selon les loyalistes, les Libériens constitueraient un important contingent dans les rangs rebelles du MPIGO. Mais selon Kris Janowski, porte-parole du HCR il faut éviter l’amalgame. «Nous demandons à tous les Ivoiriens de cesser de considérer tous les Libériens comme des rebelles» déclare-t-il. Plusieurs centaines de Libériens sont déjà hébergés par le HCR et la mission catholique de Touba. Le HCR recherche actuellement un site d’accueil pour au moins 5 000 Libériens en lançant un appel aux pays voisins de la Côte d’Ivoire.

Un charnier découvert à Man

Face à cette recrudescence des combats dans l’ouest de la Côte d’Ivoire le MPIGO renonce à sa participation à la table ronde de Paris. Le MPIGO déclare avoir été «trahi par la France» et lance un appel au MPCI qui contrôle le nord de la Côte d’Ivoire pour qu’il se «désolidarise de la réunion de dupes qui doit se dérouler à Paris» ajoute-t-il. Alors que les différents états-majors se concertent pour confirmer ou non leur participation à la réunion convoquée par Paris, un nouveau charnier est découvert à Man, métropole de l’ouest, comme le rapporte notre envoyé spécial dans la région, Cyril Bensimon.

Mais au moment où le MPIGO annonce son retrait de la réunion de Paris, sept partis politiques ivoiriens s’y invitent. Regroupés au sein du «Forum des partis, syndicats et organisations démocratiques». Ils affirment avoir été exclus des législatives de 2000 alors qu’ils constituent aussi des «partis représentatifs de l’opposition ivoirienne». Le communiqué de ce «forum» adressé à l’AFP précise que «la rencontre de Paris serait sans objet si elle devait se limiter à la délégation gouvernementales suggérée par le président ivoirien». Pour sa part Le MPCI confirme pour l’instant sa participation, mais sa délégation déjà présente dans la capitale française attend qu’on lui adresse une invitation officielle.



par Didier  Samson

Article publié le 10/01/2003