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Irak

Chirac n’exclut pas la guerre

Lors des traditionnelles cérémonies de vœux, le président de la République française, Jacques Chirac, a évoqué la question d’une éventuelle guerre contre l’Irak. Dans un contexte où les Etats-Unis et la Grande-Bretagne accélèrent la mise en place de leur dispositif militaire pour préparer une intervention et au moment où Saddam Hussein a réitéré ses accusations d’espionnage contre les experts de l’ONU présents dans son pays, les paroles du chef de l’Etat ont été interprétées comme une tentative pour préparer l’opinion nationale à un engagement de la France dans une offensive dont l’échéance pourrait se rapprocher rapidement.
Jacques Chirac l’a rappelé lors de ses vœux au corps diplomatique, «la France, qui a toujours assumé ses responsabilités, entend garder sa pleine liberté d’appréciation». Autrement dit, il n’est pas question de suivre les Etats-Unis coûte que coûte s’ils décident d’intervenir sans l’aval des Nations unies. Malgré tout, le président n’a pas exclu que les forces nationales participent à une intervention décidée «collectivement» au sein du Conseil de sécurité de l’ONU «sur la base d’un rapport motivé des inspecteurs». Car pour le chef de l’Etat français, «le désarmement de l’Irak est une obligation pour le Moyen-Orient et pour le monde. C’est un problème de paix et de sécurité collective».

La position française n’a donc pas véritablement changé. Depuis le début de la crise irakienne, Jacques Chirac a essayé d’endiguer le penchant interventionniste des Américains et de faire des Nations unies le cadre de la discussion sur la gestion de ce problème. Elle a notamment insisté pour que l’ONU adopte la résolution 1441, en novembre 2002, sur les modalités du retour des inspecteurs en Irak comme préalable à toute décision.

Malgré tout, le chef de l’Etat lorsqu’il s’est adressé aux armées a été très clair en demandant aux militaires de «se tenir prêts à toute éventualité» et notamment d’être «attentifs à la manière dont est appliquée par l’Irak la résolution 1441 du Conseil de sécurité». Selon lui, en effet, «d’autres théâtres d’opération pourraient s’ouvrir» pour les soldats français en 2003. D’ailleurs, l’inventaire des forces disponibles a déjà été fait et l’armée de Terre estime qu’elle pourrait mobiliser 15 000 hommes si une éventuelle intervention en Irak était décidée.

Saddam Hussein doit coopérer

Cette possibilité est d’autant plus envisageable depuis les dernières déclarations de Saddam Hussein, que le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a jugé «regrettables». Le président irakien a, en effet, une nouvelle fois accusé les inspecteurs envoyés par l’ONU d’être des espions et a affirmé que son pays sortirait vainqueur en cas d’affrontement militaire avec les Etats-Unis.

Pour Jacques Chirac, la guerre ne doit être qu’un «ultime recours». Néanmoins le président français a insisté sur la nécessaire coopération de Bagdad avec les inspecteurs pour donner au pays «une dernière chance de désarmer dans la paix» et d’éviter l’intervention militaire souhaitée par les Etats-Unis. «Il n’existe pas d’autre issue possible que de coopérer activement par tous les moyens avec les missions de l’ONU qui doivent disposer de toutes les facilités et informations nécessaires à l’accomplissement de leur mandat».

Dans tous les cas, le président français s’est engagé à organiser un débat devant le Parlement pour «l’associer à toutes les étapes de l’évolution de cette crise». De nombreux hommes politiques de l’opposition mais aussi de la majorité ont, en effet, demandé à être consultés sur un engagement éventuel de la France dans une «guerre préventive» qui est loin de faire l’unanimité. Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a ainsi estimé que le président ne pouvait pas «prendre, seul, une décision aussi grave» et que la représentation nationale devait se prononcer «par le truchement d’un vote de confiance au Parlement». Selon lui, les déclarations de Jacques Chirac lors des vœux sont très significatives et montrent l’évolution de sa position concernant la crise irakienne. «Il se résigne à cette guerre absurde et prépare l’opinion nationale et internationale à un engagement militaire de la France».



par Valérie  Gas

Article publié le 08/01/2003