Sénégal
Lourdes pertes de l’armée en Casamance
Quatre morts et 23 blessés dans les rangs de l’armée. Un nombre indéterminé de victimes du côté des rebelles séparatistes de Casamance. Le bilan est lourd pour cet accrochage qui survient alors que les négociations en vue d’une solution pacifique semblaient en bonne voie.
De notre correspondant à Dakar
L'armée sénégalaise a subi dans la nuit de dimanche à lundi, une de ses plus grandes pertes en Casamance depuis l'éclatement du conflit il y a vingt ans. En effet, selon le commandement de la zone militaire sud, l'armée aurait perdu dans la confrontation avec des éléments armés du MFDC, (mouvement séparatiste qui réclame depuis vint ans l'indépendance de la région sud du Sénégal), quatre soldats tués et vingt quatre autres blessés, dont deux gravement atteints.
L'incident a eu lieu au cours d'une des opérations de «ratissage pour sécuriser les populations civiles» (termes utilisée par l'armée) fréquemment effectuées par l'armée dans certaines des zones de la Casamance. Le village de Niassia, chef lieu de l'arrondissement du même nom, situé à quelques 18 kilomètres de Ziguinchor sur la route du Cap Skirring, est connu pour être un des points très sensibles de la Casamance. Mais, paradoxalement, depuis novembre, aucun incident n'avait été signalé dans la zone. Le dernier incident date du 12 novembre où le véhicule de l'inspecteur départemental de l'enseignement de Oussouye (berceau du maquis originel), qui avait pris en stop deux militaires, avait essuyé des coups de feu, occasionnant des blessures légères pour un des militaires.
Contacté hier soir, l'Abbé Diamacoune Senghor, secrétaire général du MFDC, ne cache pas sa colère et son mécontentement: «mais qu'est ce qu'ils (l'armée, ndlr) sont allés faire là bas? Les gosses sont tranquilles et il n'y a rien eu là bas depuis quatre mois». Il est d'autant plus en colère qu'il confie avoir envoyé dans la zone, quatre messagers en moins de deux mois «pour calmer les gosses, leur dire que nous sommes en train de négocier la paix et, aussi, réunifier les différentes factions de la zone». En effet, l'arrondissement de Niassia, à quelques encablures de la frontière avec la Guinée-bissau, et adossé à la foret classée (sacrée), constitue une zone de concentration de plusieurs factions du maquis depuis son éclatement en décembre 2000.
«Au moment où on s’achemine vers la paix»
Pour le vieux curé, sa religion est faite: «ils (l'armée) ont programmé ce genre d'opérations depuis longtemps. C'est toujours comme ça à l'approche de négociations. Certains d'entre eux ne veulent pas de la paix. Sinon, pourquoi aller réveiller des lions qui dorment. Si on voulait torpiller le processus de paix, on ne s'y prendrait pas autrement», assène t-il. Ce qui n'est évidemment pas l'avis de l'armée qui, dans un communiqué, déclare avoir organisé cette opération suite à des incidents survenus les 12 et 25 novembre dernier, incidents au cours desquels trois soldats avaient péri en sautant sur des mines posées par les rebelles dans la zone de Mpak, frontière avec Bissau, une zone pourtant, totalement à l'opposé du lieu du ratissage. Et c'est pour réagir à ces incidents et déminer les pistes de passages, qu'elle a organisé cette opération dans la nuit de dimanche à lundi.
Cette opération qui, pour beaucoup, ne s'imposait pas en ces lieux, et dans le contexte actuel, a fait réagir la société civile de Casamance, par la voix de Malamine Kourouma, porte-parole de ceux qu'on appelle en Casamance les «socio-culturels». Lors d'une conférence de presse tenue mardi en fin d'après-midi à Ziguinchor, ils ont dénoncé cette opération de l'armée «alors que rien ne la justifiait, surtout au moment où on s'achemine vers la paix». Il reste que selon des sources proches du maquis, des éléments de celui-ci basés dans la zone du théâtre des opérations, s'apprêtaient à déclencher «une attaque-surprise pour dénoncer le retard des négociations de paix». Généralement bien informés des mouvements de l'armée, ils ont pris les devant et miné les pistes où l'armée était obligée de passer pour les atteindre. Avec les résultats que l'on sait.
Cet accrochage pourrait tendre encore plus les relations entre le MFDC et le gouvernement et ainsi contrecarrer les projets du président Abdoulaye Wade qui, pourtant, déclarait à la Nation le 31 décembre dernier: «J'ai voulu réserver le point culminant de mon message (à la Nation, ndlr) en vous parlant de la Casamance et pour vous annoncer que grâce aux contacts de très haut niveau que j'ai eus avec la rébellion, grâce à l'action des femmes et des jeunes, nous allons bientôt vous apporter la paix dans la région sud de notre pays».
L'armée sénégalaise a subi dans la nuit de dimanche à lundi, une de ses plus grandes pertes en Casamance depuis l'éclatement du conflit il y a vingt ans. En effet, selon le commandement de la zone militaire sud, l'armée aurait perdu dans la confrontation avec des éléments armés du MFDC, (mouvement séparatiste qui réclame depuis vint ans l'indépendance de la région sud du Sénégal), quatre soldats tués et vingt quatre autres blessés, dont deux gravement atteints.
L'incident a eu lieu au cours d'une des opérations de «ratissage pour sécuriser les populations civiles» (termes utilisée par l'armée) fréquemment effectuées par l'armée dans certaines des zones de la Casamance. Le village de Niassia, chef lieu de l'arrondissement du même nom, situé à quelques 18 kilomètres de Ziguinchor sur la route du Cap Skirring, est connu pour être un des points très sensibles de la Casamance. Mais, paradoxalement, depuis novembre, aucun incident n'avait été signalé dans la zone. Le dernier incident date du 12 novembre où le véhicule de l'inspecteur départemental de l'enseignement de Oussouye (berceau du maquis originel), qui avait pris en stop deux militaires, avait essuyé des coups de feu, occasionnant des blessures légères pour un des militaires.
Contacté hier soir, l'Abbé Diamacoune Senghor, secrétaire général du MFDC, ne cache pas sa colère et son mécontentement: «mais qu'est ce qu'ils (l'armée, ndlr) sont allés faire là bas? Les gosses sont tranquilles et il n'y a rien eu là bas depuis quatre mois». Il est d'autant plus en colère qu'il confie avoir envoyé dans la zone, quatre messagers en moins de deux mois «pour calmer les gosses, leur dire que nous sommes en train de négocier la paix et, aussi, réunifier les différentes factions de la zone». En effet, l'arrondissement de Niassia, à quelques encablures de la frontière avec la Guinée-bissau, et adossé à la foret classée (sacrée), constitue une zone de concentration de plusieurs factions du maquis depuis son éclatement en décembre 2000.
«Au moment où on s’achemine vers la paix»
Pour le vieux curé, sa religion est faite: «ils (l'armée) ont programmé ce genre d'opérations depuis longtemps. C'est toujours comme ça à l'approche de négociations. Certains d'entre eux ne veulent pas de la paix. Sinon, pourquoi aller réveiller des lions qui dorment. Si on voulait torpiller le processus de paix, on ne s'y prendrait pas autrement», assène t-il. Ce qui n'est évidemment pas l'avis de l'armée qui, dans un communiqué, déclare avoir organisé cette opération suite à des incidents survenus les 12 et 25 novembre dernier, incidents au cours desquels trois soldats avaient péri en sautant sur des mines posées par les rebelles dans la zone de Mpak, frontière avec Bissau, une zone pourtant, totalement à l'opposé du lieu du ratissage. Et c'est pour réagir à ces incidents et déminer les pistes de passages, qu'elle a organisé cette opération dans la nuit de dimanche à lundi.
Cette opération qui, pour beaucoup, ne s'imposait pas en ces lieux, et dans le contexte actuel, a fait réagir la société civile de Casamance, par la voix de Malamine Kourouma, porte-parole de ceux qu'on appelle en Casamance les «socio-culturels». Lors d'une conférence de presse tenue mardi en fin d'après-midi à Ziguinchor, ils ont dénoncé cette opération de l'armée «alors que rien ne la justifiait, surtout au moment où on s'achemine vers la paix». Il reste que selon des sources proches du maquis, des éléments de celui-ci basés dans la zone du théâtre des opérations, s'apprêtaient à déclencher «une attaque-surprise pour dénoncer le retard des négociations de paix». Généralement bien informés des mouvements de l'armée, ils ont pris les devant et miné les pistes où l'armée était obligée de passer pour les atteindre. Avec les résultats que l'on sait.
Cet accrochage pourrait tendre encore plus les relations entre le MFDC et le gouvernement et ainsi contrecarrer les projets du président Abdoulaye Wade qui, pourtant, déclarait à la Nation le 31 décembre dernier: «J'ai voulu réserver le point culminant de mon message (à la Nation, ndlr) en vous parlant de la Casamance et pour vous annoncer que grâce aux contacts de très haut niveau que j'ai eus avec la rébellion, grâce à l'action des femmes et des jeunes, nous allons bientôt vous apporter la paix dans la région sud de notre pays».
par Demba Ndiaye
Article publié le 08/01/2003