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Irak

Les Etats-Unis sur le pied de guerre

La pression monte autour de l’Irak. Washington a décidé un envoi massif de troupes en renfort des quelque 60 000 hommes déjà présents dans la région du Golfe. La Grande-Bretagne et l’Australie contribuent aussi à la mise en place de ce dispositif militaire destiné à préparer une «éventuelle» offensive contre l’Irak qui, si elle était finalement décidée, ne pourrait vraisemblablement pas avoir lieu avant la mi-février.
D’ici un mois, 150 000 soldats américains devraient se trouver dans la région du Golfe. D’ores et déjà, Washington a acheminé environ 66 000 hommes répartis sur plusieurs bases. Au Koweït, 17 000 soldats de l’armée de Terre et des marines sont déjà en position près de la frontière irakienne. Des hommes et des hélicoptères d’attaque de type Apache se trouvent aussi dans ce pays sur deux bases aériennes, à Al-Jaber et Ali Salem. Le Commandement central de ces troupes est installé à Doha, au Qatar. Dans ce dernier pays, 5 000 hommes ont été déployés à Al-udeid et As-Saliyah. En Arabie Saoudite, la base Prince Sultan accueille environ 5 000 soldats de l’armée de l’Air ainsi que des appareils de combat, des Awacs (avions-radar), et des avions ravitailleurs.

Des bases situées à Djibouti, en Turquie, à Diego Garcia, à Oman, accueillent aussi plusieurs milliers de soldats américains. Sans compter les militaires encore présents en Afghanistan (10 000), au Pakistan (1 000), en Ouzbékistan (1 700) et au Kirghizstan (1 000).

Le commandement de la flotte se situe, quant à lui, à Bahreïn où se trouvent 5000 hommes mais aussi des avions de combat et des bombardiers, basés à Cheikh Issa. A ces forces s’ajoutent environ 16 000 marins et membres de l’infanterie répartis sur les navires et le porte-avion USS Constellation qui croisent actuellement dans le Golfe.

Ce dispositif maritime pourrait être rapidement renforcé par un bâtiment de guerre, l’USS Yano, qui a emprunté dimanche le canal de Suez et le porte-avion USS Harry Truman, actuellement en Méditerranée. Mais aussi par le George Washington et le Kitty Hawk qui sont prêts à appareiller. D’autre part, une escadre de la Royal Navy et le porte-avion Ark Royal sont partis samedi de Portsmouth, au sud de l’Angleterre, en direction du Golfe.

Pas d’attaque avant mi-février ?

D’ici trois semaines ou un mois, les effectifs américains présents dans la région devraient au moins doubler. Ce qui porterait le total des troupes à près de 150 000 hommes, selon les chiffres diffusés par le ministère de la Défense américain. Trois ordres de mobilisation ont été signés ces derniers jours par Donald Rumsfeld, secrétaire d’Etat à la Défense, pour envoyer dans le Golfe près de 90 000 soldats supplémentaires, troupes d’infanterie et marines, mais aussi des chars, des navires de guerre, des avions de combat, des hélicoptères...

Le déploiement des forces américaines est accompagné par l’envoi de troupes anglaises mais aussi australiennes. Robert Hill, le ministre de la Défense de ce pays, a ainsi annoncé l’acheminement d’avions et de troupes (environ 1 500 hommes) dans la région pour les intégrer au dispositif américain.

Washington semble donc passer maintenant à la phase d’envoi sur le terrain de la force de combat principale, nécessaire en cas d’intervention militaire contre l’Irak. Pour lancer les opérations, les Américains n’auraient besoin, d’après les spécialistes, que de trois ou quatre divisions soit de 45 000 à 60 000 hommes. Mais l’offensive ne devrait malgré tout pas débuter avant la mi-février.

Ce délai semble difficile à réduire du fait des problèmes logistiques inhérents au déploiement d’un aussi grand nombre de soldats mais aussi à cause du contexte international. Les inspections de l’ONU ne sont pas terminées et n’ont, pour le moment, permis d’apporter aucune preuve tangible du réarmement de l’Irak. Et de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la politique américaine et condamner une intervention si elle était décidée de manière unilatérale.

Des sondages réalisés dans les pays traditionnellement proches des Etats-Unis ont montré que les populations sont, pour le moment, globalement opposées une intervention en Irak. Surtout si elle est menée à l’initiative des seuls Etats-Unis. De nombreux responsables politiques internationaux ont adopté la même position et ont fait part, eux aussi, de leurs réticences face à cette perspective. Le président égyptien, Hosni Moubarak, a affirmé dimanche qu’une guerre «verserait de l’huile sur le feu» et aurait des conséquences «redoutables» pour la région. «Aucun pays au monde ne peut empêcher les Etats-Unis de frapper l’Irak mais nous mettons en garde contre les conséquences d’une telle frappe». Mohammed Khatami, le président iranien, s’est lui aussi déclaré contre une intervention en Irak malgré le contentieux entre les deux pays. Et le Premier ministre turc, Abdullah Gul, a annoncé lors d’une visite en Arabie saoudite, que les deux pays allaient «déployer des efforts communs pour trouver une issue pacifique à cette crise».

Face à cette nouvelle pression entretenue par les Etats-Unis, qui ont aussi lancé ces derniers jours une campagne de propagande par e-mails pour susciter des défections au régime, Bagdad multiplie les déclarations pour montrer sa détermination. Le vice-Premier ministre, Tarek Aziz, a ainsi estimé que son pays «est prêt à faire face à toute agression». Dans le même temps, des milliers de miliciens du parti Baas ont participé à des manœuvres à tir réel, aux alentours de Bagdad et des troupes en armes ont défilé, devant des hauts responsables du régime, à Bassorah, la grande ville du sud de l’Irak. Ce défilé au cours duquel ont été brandies des banderoles aux slogans anti-américains a été retransmis sur la télévision nationale.



par Valérie  Gas

Article publié le 13/01/2003