Côte d''Ivoire
Marcoussis, le bout de la piste
Les délégations ivoiriennes et leurs parrains sont en place. Tous sont arrivés mercredi en début d’après-midi dans le petit village d’Ile de France de Marcoussis où va se jouer, à huis clos, l’avenir de la Côte d’Ivoire au cours de ces prochains jours. Une arrivée mouvementée, après une ouverture solennelle dans un centre de conférence parisien, en fin de matinée.
«Regardez-nous bien parce que, bientôt, nous serons les rebelles du Sud». Le comité d’accueil est à la hauteur du froid glacial qui s’est abattu sur la petite commune verdoyante de Marcoussis en fin d’après-midi. Au grand étonnement des habitants du village, quelques dizaines de partisans du président Gbagbo avaient fait le déplacement, avec banderoles et drapeaux, à l’initiative de l’Organisation des Ivoiriens de France (OIF) pour rappeler aux délégations, à leur arrivée au Centre national du Rugby, tout le mal qu’ils en pensaient. Tenus à bonne distance du portail par des barrières mobiles gardées par un cordon de gendarmes, ils scandent des slogans hostiles aux négociations, à la France et à ses médias. «Nous pouvons aussi devenir des assaillants. Attention : ils n’ont pas le monopole de la violence !», disent-ils à propos des rebelles qui ont pris les armes. Une manifestante, dans le feu de l’action, menace, survoltée : «Je serai la première kamikaze ivoirienne, ici, en France».
Ces opposants au processus qui démarre en France et qui défendent coûte que coûte le statu quo institutionnel dans leur pays peuvent s’inquiéter à juste titre de l’état d’esprit qui pourrait émerger des neuf jours de claustration que vont s’imposer les représentants des délégations invitées en France. En effet l’ouverture solennelle de la conférence, mercredi à la mi-journée au centre de conférence de la rue Kléber avait marqué par son caractère pathétique. Aucun absent parmi les délégués. Les visages reflétaient la gravité. Et les discours prononcés par le ministre français des Affaires étrangères, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et le ministre sénégalais des Affaires étrangères, au titre de la présidence en exercice de la CEDEAO, renvoyaient tous la même tonalité : la communauté internationale est désormais au chevet de la Côte d’Ivoire, comme auprès d’une vieille dame très malade pour laquelle on a désormais dépassé le stade de la compassion pour entrer dans l’action thérapeutique.
Gandhi en renfort
Une foule considérable et cosmopolite s’était pressée à l’ouverture de la conférence pour assister au démarrage des travaux, entendre les discours prononcés par les parrains et approcher les chefs de délégations, qu’on pourrait ne plus revoir avant une dizaine de jours. Et, dés les allocutions de bienvenues terminées, dés la séance levée, ce fut une gigantesque bousculade pour approcher les principales personnalités présentes et recueillir leur état d’esprit à l’ouverture de ce round décisif. Car si tous ont fait le voyage, il apparaît cette fois, à la lueur des premières déclarations, que la formule galvaudée de «réunion de la dernière chance» n’est pas qu’une formule journalistique mais une réalité cruellement ressentie par les participants. Dans les alcôves du centre de conférence, prises d’assaut par les journalistes en recherche d’un minimum de tranquilité pour interroger les personnalités présentes, les chefs de délégations, malgré la gravité de la situation dans leur pays, ne cachaient pas leur satisfaction. Marcoussis sera-t-il le cadre idéal ? «Nous le pensons», déclare le secrétaire général des rebelles du MPCI, alors que le chef du Parti ivorien des travailleurs déclare que «Paris apparaît comme la dernière chance».
Cependant, à l’ouverture de la table-ronde, bien que toutes les déclarations recueillies faisaient état de l’urgente nécessité d’entamer ce dialogue, aucune surprise n’a été enregistrée dans les positions des uns et des autres. Les représentants des parties ivoiriennes acceptent le dialogue mais campent sur des positions qui annoncent des débats houleux à Marcoussis. Dans la matinée, lors de son discours de bienvenue aux délégués, le ministre sénégalais des Affaires étrangères avait prodigué des conseils de lecture aux participants, afin que leur réclusion à Marcoussis soit propice à une réflexion constructive. Et Cheik Tidiane Gadio leur a notamment recommandé la lecture du Mahatma Gandhi.
Ces opposants au processus qui démarre en France et qui défendent coûte que coûte le statu quo institutionnel dans leur pays peuvent s’inquiéter à juste titre de l’état d’esprit qui pourrait émerger des neuf jours de claustration que vont s’imposer les représentants des délégations invitées en France. En effet l’ouverture solennelle de la conférence, mercredi à la mi-journée au centre de conférence de la rue Kléber avait marqué par son caractère pathétique. Aucun absent parmi les délégués. Les visages reflétaient la gravité. Et les discours prononcés par le ministre français des Affaires étrangères, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et le ministre sénégalais des Affaires étrangères, au titre de la présidence en exercice de la CEDEAO, renvoyaient tous la même tonalité : la communauté internationale est désormais au chevet de la Côte d’Ivoire, comme auprès d’une vieille dame très malade pour laquelle on a désormais dépassé le stade de la compassion pour entrer dans l’action thérapeutique.
Gandhi en renfort
Une foule considérable et cosmopolite s’était pressée à l’ouverture de la conférence pour assister au démarrage des travaux, entendre les discours prononcés par les parrains et approcher les chefs de délégations, qu’on pourrait ne plus revoir avant une dizaine de jours. Et, dés les allocutions de bienvenues terminées, dés la séance levée, ce fut une gigantesque bousculade pour approcher les principales personnalités présentes et recueillir leur état d’esprit à l’ouverture de ce round décisif. Car si tous ont fait le voyage, il apparaît cette fois, à la lueur des premières déclarations, que la formule galvaudée de «réunion de la dernière chance» n’est pas qu’une formule journalistique mais une réalité cruellement ressentie par les participants. Dans les alcôves du centre de conférence, prises d’assaut par les journalistes en recherche d’un minimum de tranquilité pour interroger les personnalités présentes, les chefs de délégations, malgré la gravité de la situation dans leur pays, ne cachaient pas leur satisfaction. Marcoussis sera-t-il le cadre idéal ? «Nous le pensons», déclare le secrétaire général des rebelles du MPCI, alors que le chef du Parti ivorien des travailleurs déclare que «Paris apparaît comme la dernière chance».
Cependant, à l’ouverture de la table-ronde, bien que toutes les déclarations recueillies faisaient état de l’urgente nécessité d’entamer ce dialogue, aucune surprise n’a été enregistrée dans les positions des uns et des autres. Les représentants des parties ivoiriennes acceptent le dialogue mais campent sur des positions qui annoncent des débats houleux à Marcoussis. Dans la matinée, lors de son discours de bienvenue aux délégués, le ministre sénégalais des Affaires étrangères avait prodigué des conseils de lecture aux participants, afin que leur réclusion à Marcoussis soit propice à une réflexion constructive. Et Cheik Tidiane Gadio leur a notamment recommandé la lecture du Mahatma Gandhi.
par Georges Abou
Article publié le 15/01/2003