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Politique française

Gilles Lemaire élu à la tête des Verts

Le nouveau porte-parole du parti écologiste qui succède à Dominique Voynet est un défenseur de l’«écologie politique».
Un mois après le fiasco du congrès de Nantes au cours duquel les Verts n’étaient pas parvenus à se mettre d’accord pour élire un successeur à Dominique Voynet, le parti écologiste a réussi samedi à s’entendre sur le nom de Gilles Lemaire.

Le nouveau secrétaire national, informaticien âgé de 51 ans, est un proche d’Alain Lipietz, chef de file de l’aile gauche et éphémère candidat des Verts à l’élection présidentielle avant d’être écarté au profit de Noël Mamère. Gilles Lemaire est lui-même un militant relativement récent au sein de la mouvance écologiste. Issu de l’extrême-gauche, il a milité dans les années 60 et 70 tour à tour au PSU de Michel Rocard et au sein de la Gauche ouvrière et paysanne, un mouvement maoïste auquel appartenait également Alain Lipietz.

La trajectoire qui conduira Lemaire à la direction des Verts le fera d’abord passer par le parti socialiste auquel il adhère en 1982 avant de rejoindre dix ans plus tard le courant écologiste, mais ce n’est qu’en 1999 qu’il adhère aux Verts. Le 14 décembre dernier, Alain Lipietz obtenait sa revanche sur le courant majoritaire incarné à la fois par la secrétaire nationale sortante Dominique Voynet et par le candidat des Verts à la présidentielle Noël Mamère en rejetant majoritairement la direction sortante. Mais les statuts des Verts imposent à toute direction d’obtenir au moins 60 % des mandats et la motion présentée le lendemain par les partisans de Lipietz n’obtint que 54 % des voix, faisant capoter l’élection à la direction de Gilles Lemaire, qui avait déjà été présentée comme un fait acquis, laissant aux militants un goût amer.

De tous bords, les dirigeants écologistes fulminaient contre eux-même et leur incapacité, apparemment indépassable, à éviter de s’entre-déchirer. Le congrès de Nantes fut aux Verts ce que le Congrès de Rennes fut au parti socialiste.

«Pôle de radicalité» ou alliance avec le PS ?

Cette fois-ci, le conseil national interrégional des Verts (CNIR) a été mieux préparé et c’est sans psychodrame que l’élection s’est déroulée. Le nouveau secrétaire national est flanqué de quatre porte-paroles, représentant les différents courants du parti. Gilles Lemaire arrive à la direction des Verts avec une étiquette de «gauchiste» que lui accolent notamment les partisans de Noël Mamère à un moment où l’ensemble des partis de l’ex-majorité plurielle, hormis le PS, sont confrontés au problème stratégique de leur relation avec le PS. La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d’Olivier Besancenot a lancé un appel à regrouper ces partis au sein d’un «Pôle de radicalité», appel auquel nombre de militants communistes, déçus par la gestion de Robert Hue, ne sont pas insensible. La tentation n’est pas absente non plus des rangs écologistes. Toutefois, le passage au gouvernement a développé chez de nombreux militants et responsables une culture de gouvernement qui, en dépit des critiques très dures qu’ils réservent au PS, les oblige à considérer qu’aucun alternance n’est possible qui n’aurait pas le PS pour chef de file.

«Nous serons exigeants, le PS doit apprendre à nous respecter», a averti le nouveau secrétaire national. Mais il a aussi précisé que des alliances avec l’extrême-gauche n’étaient pas à l’ordre du jour. Dès son élection, Gilles Lemaire semble avoir délaissé l’attitude du militant contestataire pour endosser le costume du dirigeant responsable.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 11/01/2003