Côte d''Ivoire
Entre communication et diplomatie
La diplomatie française ne veut rien imposer aux représentants des parties ivoiriennes réunies en banlieue parisienne. Mais, manifestement, elle souhaite entourer les débats de la plus grande discrétion afin de ne pas détériorer davantage la situation par des déclarations intempestives.
La confidentialité des débats est peut être l'une des clefs de la sérénité et de la réussite de la table-ronde, néanmoins elle se heurte à une autre nécessité : celle de communiquer. Au cours des discussions de ces prochains jours, faute d’avoir accès aux délégations, c’est donc le ministère français des Affaires étrangères qui rendra compte de l’évolution des travaux de Marcoussis. Jeudi à la mi-journée, le point de presse du Quai d’Orsay a donc été partiellement consacré, comme il le sera tout au long de la table ronde, à la méthode, aux objectifs et aux moyens.
Le porte-parole, François Rivasseau, a tout d’abord fait le bilan de la journée d’ouverture de la veille, indiquant notamment que le premier tour de table s’était terminé par une minute de silence en honneur et à la mémoire de toutes les victimes de la crise. Jeudi matin, le président de la table ronde Pierre Mazeaud a rencontré les chefs de délégations et devait démarrer dés le début de l’après-midi les discussions sur les problèmes de fond, à savoir: les questions d’ivoirité et de nationalité, le statut des communautés étrangères et le droit foncier. Interrogé sur la méthode, le porte-parole n’a pas pu préciser quelle seront les modalités retenues. Les deux principales possibilités qui s’offrent aux participants, éprouvées lors des conférences internationales, sont les réunions en commissions, ou en plénière, ou les navettes entre les deux formules. Pierre Mazeaud devait également s’en entretenir avec les chefs de délégations pour déterminer la meilleure façon de procéder. C’est un détail qui n’est pas sans importance en raison de la composition à géométrie variable des délégations, certaines comportant jusqu’à cinq membres, d’autres ne disposant, en tout et pour tout, que d’un seul siège.
Le rôle prééminent du président de la conférence est confirmé puisque c’est lui qui, dans un esprit de consensus, fixe l’ordre du jour des travaux, au fur et à mesure qu’apparaissent les problèmes. On imagine aussi que les qualités de juriste et d'africaniste de Pierre Mazeaud témoignent de l’attention particulière accordée par la France au dossier de la Constitution ivoirienne.
Les délégués ne sont pas «internés»
Pourtant, le parrain français insiste bien sur le fait qu’il n’y a pas de «plan français» et qu’en dépit de la mise à l’écart physique des délégations, la logique n’est pas d’imposer quoi que ce soit mais de contribuer à trouver une solution. D’ailleurs les représentants demeurent des citoyens libres circuler où bon leur semble et de communiquer à leur guise avec qui leur plaira. Si des chambres sont effectivement prévus pour tous au Centre national du rugby de Marcoussis, ils ne sont évidemment pas «internés», plaisante François Rivasseau. D’ailleurs on compte parmi les délégués un certain nombre de notables qui disposent de leur propre pied-à-terre dans la capitale française, à une demi-heure de route du centre de conférence. Il leur est simplement demandé de respecter la règle du jeu à laquelle ils ont souscrit en venant: être et travailler ensemble. C’est à dire ne point trop en faire et s’abstenir de nuire au processus par des déclarations intempestives.
Soucieux de ne froisser personne, le Quai d’Orsay a reconnu par ailleurs avoir reçu les partis, mouvements et groupes politiques ivoiriens qui n’avaient pu être invités. Une réception qui n’a pas de signification protocolaire particulière, déclare le ministère. Interrogé enfin sur l’atmosphère qui règne à Marcoussis, François Rivasseau s’est borné à déclarer qu’il y avait eu du poisson au menu du dîner, mercredi soir, et que les délégués qui le souhaitaient avaient pu faire un footing jeudi matin.
Bien que les positions restent encore très tranchées et apparemment irréconciliables à ce stade des discussions, la volonté d’aboutir est manifeste tant du côté des parrains que des représentants des parties ivoiriennes. On comprend que, dans cette affaire, la France s’est déjà engagée suffisamment loin pour ne plus pouvoir reculer sans perdre la face. Elle n’ira toutefois pas au-delà des limites qu’imposeront les Ivoiriens eux-mêmes. Car, en dépit des justifications historiques, on perçoit bien que le temps de l’ancienne puissance coloniale faisant et défaisant les régimes n’est plus d’actualité. Les dix dernières années ont profondément bouleversé le paysage international et la France en a tiré les leçons technique, dans le registre du maintien de la paix, et géostratégique, en matière de diplomatie. Sur le plan militaire, ses soldats ont eu à affronter nombre de conflits, sous la bannière de l’ONU notamment. Sur le plan politique, il a fallu réinventer une diplomatie débarrassée du soupçon de néocolonialisme. Le travail est toujours en cours. Il passe aujourd’hui par le dossier ivoirien.
Le porte-parole, François Rivasseau, a tout d’abord fait le bilan de la journée d’ouverture de la veille, indiquant notamment que le premier tour de table s’était terminé par une minute de silence en honneur et à la mémoire de toutes les victimes de la crise. Jeudi matin, le président de la table ronde Pierre Mazeaud a rencontré les chefs de délégations et devait démarrer dés le début de l’après-midi les discussions sur les problèmes de fond, à savoir: les questions d’ivoirité et de nationalité, le statut des communautés étrangères et le droit foncier. Interrogé sur la méthode, le porte-parole n’a pas pu préciser quelle seront les modalités retenues. Les deux principales possibilités qui s’offrent aux participants, éprouvées lors des conférences internationales, sont les réunions en commissions, ou en plénière, ou les navettes entre les deux formules. Pierre Mazeaud devait également s’en entretenir avec les chefs de délégations pour déterminer la meilleure façon de procéder. C’est un détail qui n’est pas sans importance en raison de la composition à géométrie variable des délégations, certaines comportant jusqu’à cinq membres, d’autres ne disposant, en tout et pour tout, que d’un seul siège.
Le rôle prééminent du président de la conférence est confirmé puisque c’est lui qui, dans un esprit de consensus, fixe l’ordre du jour des travaux, au fur et à mesure qu’apparaissent les problèmes. On imagine aussi que les qualités de juriste et d'africaniste de Pierre Mazeaud témoignent de l’attention particulière accordée par la France au dossier de la Constitution ivoirienne.
Les délégués ne sont pas «internés»
Pourtant, le parrain français insiste bien sur le fait qu’il n’y a pas de «plan français» et qu’en dépit de la mise à l’écart physique des délégations, la logique n’est pas d’imposer quoi que ce soit mais de contribuer à trouver une solution. D’ailleurs les représentants demeurent des citoyens libres circuler où bon leur semble et de communiquer à leur guise avec qui leur plaira. Si des chambres sont effectivement prévus pour tous au Centre national du rugby de Marcoussis, ils ne sont évidemment pas «internés», plaisante François Rivasseau. D’ailleurs on compte parmi les délégués un certain nombre de notables qui disposent de leur propre pied-à-terre dans la capitale française, à une demi-heure de route du centre de conférence. Il leur est simplement demandé de respecter la règle du jeu à laquelle ils ont souscrit en venant: être et travailler ensemble. C’est à dire ne point trop en faire et s’abstenir de nuire au processus par des déclarations intempestives.
Soucieux de ne froisser personne, le Quai d’Orsay a reconnu par ailleurs avoir reçu les partis, mouvements et groupes politiques ivoiriens qui n’avaient pu être invités. Une réception qui n’a pas de signification protocolaire particulière, déclare le ministère. Interrogé enfin sur l’atmosphère qui règne à Marcoussis, François Rivasseau s’est borné à déclarer qu’il y avait eu du poisson au menu du dîner, mercredi soir, et que les délégués qui le souhaitaient avaient pu faire un footing jeudi matin.
Bien que les positions restent encore très tranchées et apparemment irréconciliables à ce stade des discussions, la volonté d’aboutir est manifeste tant du côté des parrains que des représentants des parties ivoiriennes. On comprend que, dans cette affaire, la France s’est déjà engagée suffisamment loin pour ne plus pouvoir reculer sans perdre la face. Elle n’ira toutefois pas au-delà des limites qu’imposeront les Ivoiriens eux-mêmes. Car, en dépit des justifications historiques, on perçoit bien que le temps de l’ancienne puissance coloniale faisant et défaisant les régimes n’est plus d’actualité. Les dix dernières années ont profondément bouleversé le paysage international et la France en a tiré les leçons technique, dans le registre du maintien de la paix, et géostratégique, en matière de diplomatie. Sur le plan militaire, ses soldats ont eu à affronter nombre de conflits, sous la bannière de l’ONU notamment. Sur le plan politique, il a fallu réinventer une diplomatie débarrassée du soupçon de néocolonialisme. Le travail est toujours en cours. Il passe aujourd’hui par le dossier ivoirien.
par Georges Abou
Article publié le 16/01/2003