Côte d''Ivoire
Course de fond à Marcoussis
Rien n’a encore été formalisé lors de la table ronde inter-ivoirienne de Marcoussis. Si, selon la diplomatie française, «les travaux progressent», il semble néanmoins qu’aucun point n’a été officiellement acté.
Le ministère français des Affaires étrangères continuait de manifester un optimisme mesuré, samedi à la mi-journée. Les travaux des délégations ivoiriennes, cloîtrées depuis mercredi 15 janvier dans le petit village d'Ile de France de Marcoussis, «se poursuivent et progressent» autour des mêmes grandes questions de fond : «la nationalité, le statut des étrangers et les questions électorales», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay.
Ces questions institutionnelles ne sont donc pas épuisées, contrairement aux informations en circulation depuis vingt-quatre heures et faisant état d’un quasi-consensus sur le code de la nationalité. Le principe selon lequel les textes ne sont pas mauvais, et tout est question d’interprétation, n’est pas formellement acquis. Et, à ce stade de la discussion il n’engage que ses auteurs. D’ailleurs aucun dossier n’a, pour le moment, recueilli une adhésion digne d’être écrite.
Certaines délégations, et qui ne comptent pas forcément parmi les opposants au régime du président Gbagbo, ne cachent pas non plus qu'il est encore trop tôt pour affirmer qu'il ne sera pas nécessaire de modifier les textes. A ce niveau on ne s’interdit plus rien. La règle du jeu initial, selon laquelle il n'y a aucun tabou, s'applique toujours. Même si, de toute évidence, les experts oeuvrent au service d’une mise en cohérence des idées. Et bien qu’on ne cache pas qu'il faudra dés lundi commencer à aborder d'autres sujets, on n'exclut toujours pas la possibilité de recourir à un «toilettage» du code de la nationalité, voire des autres textes fondamentaux comme la constitution. «Il ne faut pas être amnésique. La constitution de juillet 2000 ne vaut rien, elle a été obtenue par la duperie et la tricherie», explique Ay Coulibaly, porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR d’Alassane Ouattara), à Libération dans son édition de samedi. Le quotidien français qui rappelle par ailleurs les exigences initiales du leader du RDR : adoption d’une nouvelle constitution, réforme du code de la nationalité et organisation d’élections anticipées.
Les modalités renvoyées à lundi
Si ces questions autour de la nationalité peuvent toujours s'inviter à la table ronde jusqu'au terme des débats, le 24 janvier, il faudra néanmoins, dés lundi, aborder les autres aspects du conflit. Sur leur bureau, en début de semaine, les délégués retrouveront le dossier de la propriété de la terre et du code foncier. Mais ils devront aussi examiner les modalités pratiques de sortie de crise : la fin de l’état de guerre civile, la restauration de la liberté de circulation, la normalisation de la vie civile et publique, le désarmement, le cantonnement des groupes armés. Dernier point, et non des moindres, la table ronde devra dresser des perspectives et éventuellement établir le calendrier du retour à une vie politique apaisée. Rien n’est donc joué mais, côté français, l’hypothèse selon laquelle la table ronde pourrait échouer ne semble pas retenue.
Ce retour au concret renvoie en tout cas aux réalités du terrain où subsiste une forte dimension militaire, dans laquelle l’engagement français est prédominant et durable. A cet égard le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est déclaré satisfait de l’avancée du dispositif militaire de la Cedeao qui, ce soir, devait disposer de quelques trois cents soldats en Côte d’Ivoire. Interrogé sur le remplacement éventuel des Français par les soldats ouest-africains, François Rivasseau a indiqué que les troupes françaises allait plutôt «travailler en étroite collaboration avec les troupes de la Cedeao».
A Marcoussis, la méthode de travail reste la même : entretiens informels et en groupes restreints le matin. Buffet à midi, dans une vaste salle où les délégués choisissent avec qui ils décident, ou non, de partager leur repas. Puis séance plénière autour de la table ronde l’après-midi. Officiellement, on progresse. Mais ces progrès ne sont pas mesurables. En tout cas aucune intervention extérieure n’est envisagée. Si le passage à Paris du chef de l’Etat sénégalais dimanche est confirmé, c’est pour effectuer une simple escale technique avant de repartir sur Londres. Quant au chef de la diplomatie française, son emploi du temps est serré : il est attendu à New York lundi, à Bruxelles mardi, à Paris mercredi et à Berlin jeudi, avant l’inauguration de la conférence des chefs d’Etat sur la Côte d’Ivoire, le 24. Samedi soir un point de consensus était acquis : le repos dominical sera respecté.
Ces questions institutionnelles ne sont donc pas épuisées, contrairement aux informations en circulation depuis vingt-quatre heures et faisant état d’un quasi-consensus sur le code de la nationalité. Le principe selon lequel les textes ne sont pas mauvais, et tout est question d’interprétation, n’est pas formellement acquis. Et, à ce stade de la discussion il n’engage que ses auteurs. D’ailleurs aucun dossier n’a, pour le moment, recueilli une adhésion digne d’être écrite.
Certaines délégations, et qui ne comptent pas forcément parmi les opposants au régime du président Gbagbo, ne cachent pas non plus qu'il est encore trop tôt pour affirmer qu'il ne sera pas nécessaire de modifier les textes. A ce niveau on ne s’interdit plus rien. La règle du jeu initial, selon laquelle il n'y a aucun tabou, s'applique toujours. Même si, de toute évidence, les experts oeuvrent au service d’une mise en cohérence des idées. Et bien qu’on ne cache pas qu'il faudra dés lundi commencer à aborder d'autres sujets, on n'exclut toujours pas la possibilité de recourir à un «toilettage» du code de la nationalité, voire des autres textes fondamentaux comme la constitution. «Il ne faut pas être amnésique. La constitution de juillet 2000 ne vaut rien, elle a été obtenue par la duperie et la tricherie», explique Ay Coulibaly, porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR d’Alassane Ouattara), à Libération dans son édition de samedi. Le quotidien français qui rappelle par ailleurs les exigences initiales du leader du RDR : adoption d’une nouvelle constitution, réforme du code de la nationalité et organisation d’élections anticipées.
Les modalités renvoyées à lundi
Si ces questions autour de la nationalité peuvent toujours s'inviter à la table ronde jusqu'au terme des débats, le 24 janvier, il faudra néanmoins, dés lundi, aborder les autres aspects du conflit. Sur leur bureau, en début de semaine, les délégués retrouveront le dossier de la propriété de la terre et du code foncier. Mais ils devront aussi examiner les modalités pratiques de sortie de crise : la fin de l’état de guerre civile, la restauration de la liberté de circulation, la normalisation de la vie civile et publique, le désarmement, le cantonnement des groupes armés. Dernier point, et non des moindres, la table ronde devra dresser des perspectives et éventuellement établir le calendrier du retour à une vie politique apaisée. Rien n’est donc joué mais, côté français, l’hypothèse selon laquelle la table ronde pourrait échouer ne semble pas retenue.
Ce retour au concret renvoie en tout cas aux réalités du terrain où subsiste une forte dimension militaire, dans laquelle l’engagement français est prédominant et durable. A cet égard le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est déclaré satisfait de l’avancée du dispositif militaire de la Cedeao qui, ce soir, devait disposer de quelques trois cents soldats en Côte d’Ivoire. Interrogé sur le remplacement éventuel des Français par les soldats ouest-africains, François Rivasseau a indiqué que les troupes françaises allait plutôt «travailler en étroite collaboration avec les troupes de la Cedeao».
A Marcoussis, la méthode de travail reste la même : entretiens informels et en groupes restreints le matin. Buffet à midi, dans une vaste salle où les délégués choisissent avec qui ils décident, ou non, de partager leur repas. Puis séance plénière autour de la table ronde l’après-midi. Officiellement, on progresse. Mais ces progrès ne sont pas mesurables. En tout cas aucune intervention extérieure n’est envisagée. Si le passage à Paris du chef de l’Etat sénégalais dimanche est confirmé, c’est pour effectuer une simple escale technique avant de repartir sur Londres. Quant au chef de la diplomatie française, son emploi du temps est serré : il est attendu à New York lundi, à Bruxelles mardi, à Paris mercredi et à Berlin jeudi, avant l’inauguration de la conférence des chefs d’Etat sur la Côte d’Ivoire, le 24. Samedi soir un point de consensus était acquis : le repos dominical sera respecté.
par Georges Abou
Article publié le 18/01/2003