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Politique française

Malaise persistant au Parti socialiste

Depuis le «coup de tonnerre» du 21 avril et le départ précipité de Lionel Jospin de la vie politique, le parti socialiste est orphelin et se cherche un chef de file. Ce 18 janvier, le conseil national du PS va être l’occasion de comptabiliser le nombre de contributions avant le futur congrès prévu du 16 au 18 mai prochain, à Dijon. Plusieurs ténors socialistes se sont déjà exprimés pour esquisser les futures orientations à prendre, mais aucun d’entre eux n’arrive vraiment à se démarquer.
Sans véritable leader, le PS est actuellement en proie à la cacophonie. Tous les «éléphants» du parti y vont de leurs idées, de leurs concepts, de leurs orientations pour redonner un coup de jeune au PS. Des attitudes qui ne sont pas sans paralyser un peu plus un parti déjà bien amoindri par l’échec de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle, en avril dernier et par la constitution peu après de l’UMP, le grand parti de droite.

Outre la contribution de François Hollande, qu’il va présenter seul, mais qui est notamment soutenue par Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius ou encore Bertrand Delanoë, et qui s’articule autour de trois grands thèmes (clarifier, renouveler, rassembler), deux courants contestataires ont déjà fait savoir qu’ils se présenteraient face au premier secrétaire. «Le Nouveau Monde» d’Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon veut déplacer vers la gauche le «centre de gravité» du PS, auquel il reproche notamment d’avoir cédé aux sirènes néo-libérales. La motion proposée est de rompre «avec la logique marchande aujourd’hui dominante». Quant au «Nouveau Parti socialiste» du triumvirat Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et Julien Dray, il souhaite, lui aussi, rompre avec «une forme d’inertie» en conciliant «ancrage dans les valeurs socialistes» et «modernité».

Le retour de Lionel Jospin souhaité

Par ailleurs, l’ancienne ministre socialiste de l’Emploi, Martine Aubry a également présenté sa contribution au débat interne, intitulée «Construisons un autre monde». Un texte clairement ancré à gauche et qui ambitionne de donner une «ligne claire» au parti. Toutefois, si elle a choisi d’apporter sa pierre à l’édifice, Martine Aubry n’exclut pas de rallier l’axe majoritaire de François Hollande. Autre ancien ministre socialiste à proposer sa propre contribution, Jean Glavany qui assure ne pas contrer le premier secrétaire du PS en agissant ainsi mais faire avancer le débat d’idées au sein du parti. Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé, suivra également l’exemple de ces deux comparses.

A ces trois contributions, il faut ajouter des textes proposés par plusieurs autres socialistes, néanmoins amis de François Hollande. Anne Hidalgo, première adjointe au maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë ou Patrick Bloche ont décidé de déposer leur propre texte, au risque de brouiller plus encore le message du premier secrétaire. Avec la multiplication des contributions au débat du congrès du PS de la part des partisans déclarés ou non à François Hollande, le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis -proche de Dominique Strauss-Kahn- estime que «ceux qui à l’automne se bousculaient aux côtés de François Hollande ne peuvent aujourd’hui compliquer la tâche de clarification et de rassemblement du premier secrétaire». Selon le député de Paris, «la clarification de l’orientation du PS ne doit pas dégénérer en confusion dans cette polka des ego à laquelle nous assistons».

Dans l’entourage de François Hollande, nul ne s’offusque vraiment de cette production intensive de textes et de contributions «normales» en période d’avant-congrès. Tous espèrent seulement que le soutien à la démarche du premier secrétaire se fera clairement le moment venu. Dans le malaise qui subsiste au PS depuis près de huit mois, on notera une contribution symbolique mais révélatrice du moral des troupes et de l’absence de véritable chef à la tête du parti, celle de militants demandant à Lionel Jospin de faire expressément son retour en politique et baptisée «Lionel reviens». «Nous souhaitons à travers cette contribution rendre hommage au travail de Lionel Jospin et lui demander de revenir en politique même si la décision lui appartient», a expliqué l’un des initiateurs de cette démarche. Alors que l’ancien Premier ministre reste secret et muet sur son retour probable, les suppositions vont bon train. D’aucuns pronostiquent même qu’il interviendrait d’ici la fin du mois sur la chaîne de télévision France 2.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 18/01/2003