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Côte d''Ivoire

Arrivée des «casques blancs»

Les «casques blancs» forces d’interposition ouest-africaines, sous mandat de la CEDEAO commencent à arriver en Côte d’Ivoire. Ils ont pour mission de relever les soldats français de l’opération «Licorne» et veiller à l’application des accords de cessez-le-feu. Le Bénin, le Togo, le Niger, le Ghana et le Sénégal se sont engagés à fournir un total de 1 264 soldats.
Les premières unités des casques blancs de la CEDEAO sont arrivés à Abidjan le samedi 18 janvier. Le Sénégal, qui s’est engagé à fournir un total de 650 hommes à la force d’interposition ouest-africaine, vient d’envoyer sur le sol ivoirien un premier contingent de 172 soldats. Ils ont débarqué au port d’Abidjan avec leurs propres matériels, composés d’automitrailleuses, de chars Sagaie, de véhicules tout-terrain et de transport de troupe, et de fusils d’assaut. Pris en charge par l’armée française, ces soldats ont immédiatement été conduits à Yamoussoukro. Dans les prochains jours, ils seront déployés sur la ligne de front entre les troupes loyalistes et les forces rebelles à Tiébissou, au nord de Yamoussoukro. Le contingent sénégalais est commandé par le lieutenant colonel Seyni Cissé Diop.

Sur les 250 soldats promis par le Niger, 179 seraient déjà arrivés en Côte d’Ivoire. Le gouvernement togolais a, quant à lui, confirmé un premier envoi de 89 soldats, sans préciser le chiffre exact des effectifs à déployer en Côte d’Ivoire. Il a néanmoins annoncé l’envoi prochain de deux autres contingents. Au fur et à mesure des arrivées les affectations et le positionnement des troupes seront coordonnés par un colonel français, Eric Fournier. Il est l’officier de liaison avec la force de la CEDEAO. Sur la ligne de front, d’ouest en est, les Français sont présents à Duékoué, à Vavoua, à Daloa, à Yamoussoukro, à Tiébissou et à Laoudi-Ba au nord et Bondoukou vers la frontière ghanéenne. Les forces françaises sont également présentes à San Pedro et à Abidjan. Sur l’ensemble de ces positions l’armée française comptent quelque 2 500 hommes.

Le grand absent est le Nigeria

Pour l’instant, malgré l’arrivée effective des soldats de la CEDEAO, le retrait total de l’armée française n’est pas envisagé. Dans certaines régions, dites sensibles, les forces françaises se replieront d’une cinquante de kilomètres, derrières les casques blancs. Elles seront maintenues en alerte maximum «prêtes à intervenir en cas de besoin» précisent les officiers de l’opération «Licorne». Du côté de la CEDEAO, on n’est pas prêt non plus à se passer entièrement de l’assistance française. L’engagement des pays contributeurs ne convainc pas entièrement les dirigeants de la CEDEAO qui affirment que «l’armée française doit rester en Côte d’Ivoire».

Le grand absent de cette force ouest-africaine en Côte d’Ivoire est le Nigeria. Le gouvernement nigérian l’a officiellement annoncé en décembre dernier. Il consent néanmoins à envoyer éventuellement «un personnel médical et des ingénieurs chargés des transmissions». Le Nigeria qui avait pris le commandement des missions de la force d’interposition ouest africaine (ECOMOG) en Sierra Leone et au Libéria, dans les années 90. De nombreuses exactions, et des actions militaires injustifiées avaient été reprochées aux soldats nigérians. Une ingratitude selon les autorités nigérianes qui n’ont pas obtenu non plus la compensation des frais engagés qui s’élèvent à 15 millions de dollars. La perspective de l’élection présidentielle prochaine, fin 2003, a certainement pesé dans l’implication du Nigeria dans le conflit en Côte d’Ivoire.

Il apparaît aujourd’hui évident que les pays membres de la CEDEAO ne pourraient pas supporter seuls la charge des frais de cette mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire. Aussi un tour de table a-t-il été effectué auprès des partenaires traditionnels. Les Etats-Unis ont promis une aide de deux millions de dollars, le Royaume-Uni deux millions de livres, au contingent du Ghana. Le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas ont aussi promis un soutien logistique et financier.



par Didier  Samson

Article publié le 20/01/2003