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Irak

Blix et Baradeï arrachent un accord à Bagdad

A une semaine exactement de la remise au Conseil de sécurité d’un rapport très attendu sur les résultats des deux premiers mois d’inspection en Irak, les autorités de Bagdad se sont engagées à renforcer leur coopération avec les experts en désarmement de l’ONU. Un accord en dix points a même été signé avec les chefs des inspecteurs. Ce texte devrait renforcer la position devant le Conseil de sécurité de Hans Blix et Mohamed el-Baradeï qui espèrent ainsi obtenir plus de temps pour les inspections. A Washington, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a par ailleurs estimé qu’un exil de Saddam Hussein permettrait d’éviter une guerre contre l’Irak. Une option qualifiée de «stupide» par Bagdad.
Hans Blix et Mohamed el-Baradeï ne sont pas repartis bredouilles de leur visite de 24 heures à Bagdad. Déterminés à obtenir une coopération plus active de l’Irak, ils ont réussi à finaliser un accord en dix points dans lequel les autorités de Bagdad s’engagent notamment à accorder aux inspecteurs un accès à tous les sites, dont les maisons privées. L’Irak y promet également d’encourager ses scientifiques à accepter de se faire interviewer en privé, sans la présence de responsables irakiens. Il s’y engage en outre à fournir à l’ONU une liste complète de ses experts dans les différents domaines de l’armement. La visite des chefs des inspecteurs étaient très attendue à Bagdad où les autorités, accablées par des pressions de toutes parts, voulaient donner la preuve de leur bonne volonté à coopérer. Dès dimanche, elles ont ainsi annoncé avoir découvert quatre nouvelles têtes chimiques vides semblables à celles trouvées jeudi par les inspecteurs. Et dans l’accord signé lundi, elles se sont engagées à mettre en place une commission pour enquêter sur cette découverte et pour rechercher s’il existe d’autres ogives chimiques de ce type dans des dépôts irakiens.

Mais si les responsables irakiens se sont déclarés satisfaits de leurs discussions avec les chefs des inspecteurs, estimant notamment que leur rencontre avait été «constructive et utile», Hans Blix et Mohamed el-Baradeï n’en continue pas moins de faire pression sur Bagdad. Les deux hommes ont en effet, avant de quitter la capitale irakienne, estimé que «des questions essentielles étaient toujours en suspens». «Nous avons réglé un certain nombre de questions pratiques, a ainsi déclaré le Suédois Hans Blix, mais pas toutes. Il y a des questions en suspens que nous n'avons pas été en mesure de résoudre», a-t-il également affirmé en précisant qu'il s'agissait de «questions essentielles liées au bacille du charbon, au VX et aux Scud». Mohamed el-Baraeï a pour sa part rappelé que l’urgence aujourd’hui était «d’avoir des progrès rapides sur un nombre aussi grand que possible de questions en suspens».

Les concessions arrachées à Bagdad par Hans Blix et Mohamed el-Baradeï, à une semaine de la remise le 27 janvier de leur rapport au Conseil de sécurité, devraient permettre aux experts de l’ONU d’intensifier leurs inspections. Elles devraient surtout permettre aux deux hommes, forts de l’accord en dix points signé à Bagdad, de plaider pour un délai supplémentaire pour les inspections en Irak, alors que Washington poursuit le renforcement de son dispositif militaire dans la région. Condoleeza Rice, la conseillère du président Bush pour les Affaires de sécurité, avait estimé la semaine dernière que la date du 27 janvier marquerait «le début de la dernière phase» de la crise irakienne, lançant ainsi les spéculation sur l’imminence d’une offensive contre le régime de Bagdad.

Washington pour un exil de Saddam Hussein

Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, pourtant fervent partisan d’une intervention militaire éclair en Irak, a appuyé dimanche l’idée, que si Saddam Hussein et certains responsables du régime irakien acceptaient de quitter le pouvoir, ils seraient exemptés de poursuites judiciaires. «Pour éviter une guerre, je recommanderais personnellement des mesures afin que les dirigeants irakiens et leur familles bénéficient d’un exil dans un autre pays», a-t-il notamment affirmé en précisant que ce serait «un arrangement juste pour éviter une intervention militaire». La proposition de Donald Rumsfeld a été approuvée à Londres où le chef de la diplomatie Jack Straw a estimé qu’il s’agissait d’une «suggestion très sensée». «Il serait bien sûr difficile d'accepter qu'une quelconque immunité soit proposée au régime de Saddam Hussein, comme l'a dit Donald Rumsfeld, mais si l'alternative choisie est la guerre, je pense que la plupart des gens avaleront la pilule et seront d'accord que c'est un arrangement juste», a-t-il également affirmé.

Une conférence régionale sur la crise irakienne, destinée à éviter une guerre et chargée officieusement de plancher sur un exil éventuel de Saddam Hussein, pourrait se tenir très prochainement à Ankara. L’Arabie saoudite, la Syrie, la Jordanie et l’Egypte auraient d’ores et déjà accepté d’y participer. Evoquée avec insistance ces derniers jours, l’idée d’un exil de Saddam Hussein a été jusqu’à présent rejeté par l’Irak. «Les informations sur un départ du président Saddam Hussein de Bagdad ne sont que des stupidités», a encore récemment déclaré le ministre irakien de l’Information, Mohammad Saïd al-Sahhaf.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 20/01/2003