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Etats-Unis

Bush s'attaque à l'économie

Le président américain a lancé hier un plan de 674 milliards de dollars pour relancer l'économie américaine. Il s'agit principalement de baisses d'impôts et de mesures sociales destinées à créer 2,1 millions d'emplois en trois ans. Les Démocrates accusent George Bush de favoriser les plus riches.
De notre correspondant à New York

Avant même d'être révélé au public, le projet économique du président Bush a été précédé d'une sale réputation : celle de profiter aux plus riches. Lundi, les conseillers du président américain ont même lancé une offensive de charme, fournissant à coups de statistiques et de courbes de multiples exemples des bienfaits supposés du nouveau plan. Mais rien n'y a fait. Les Démocrates ont persisté à dénoncer le projet comme étant un nouvel appel du pied de George Bush en direction des Américains les plus prospères. Et comme pour leur donner raison, les investisseurs de Wall Street se sont emballés, faisant bondir lundi soir le Dow Jones de 171 points.

Dans ce contexte agité, le président Bush a détaillé mardi son plan à Chicago, devant un parterre d'hommes d'affaire plutôt enthousiastes. Si il est avalisé tel quel par le Congrès majoritairement Républicain, ce projet de "croissance et d'emploi" coûtera au pays 674 milliards de dollars sur dix ans. Une large portion est consacrée à la réduction d'impôts. Parmi ces réductions figure la suppression de l'imposition sur les dividendes touchés par les actionnaires. C'est la mesure la plus coûteuse, 364 milliards de dollars sur 10 ans, mais aussi la plus impopulaire dans le camp démocrate puisqu'elle ne bénéficiera qu'aux familles les plus aisées, soit environ 35 millions de ménages. Les économistes semblent également sceptiques quant aux retombées d'une telle mesure. Par ailleurs, l'entrée en vigueur de la réduction de 1,3 milliard de dollars d'impôts décidée l'an dernier -et déjà accusée de profiter aux plus riches- est également accélérée, avec un coût de 58 milliards de dollars de plus.

Les allocations chômage prolongées

Les couples mariés et les couples avec enfants bénéficieront également de réductions d'impôts. Selon l'administration américaine, 92 millions de contribuables américains bénéficieront grâce à ce plan d'une réduction d'impôts moyenne de 1083 dollars. La famille américaine moyenne, avec deux enfants et un revenu annuel de 39 000 dollars économisera 1100 dollars d'impôts dès cette année. Parmi les mesures à connotation plus sociale, le président Bush veut prolonger la période pendant laquelle les allocations chômage seront versées pour les personnes en fin de droit depuis la fin de l'année dernière. Des chèques d'un montant maximum de 3000 dollars pourraient également être versés à plus d'un million de chômeurs, pour les aider à suivre une formation et retrouver un emploi. Selon l'administration américaine, l'ensemble de ces mesures devraient aider à créer 2,1 millions d'emplois sur trois ans.

En lançant cette initiative, dont le coût a été doublé ces derniers jours, le président américain tente de ne pas reproduire les erreurs de son père, battu à l'élection présidentielle de 1992 pour s'être concentré uniquement sur le problème irakien, au détriment de l'économie. «Je demanderai au membres des deux partis de travailler avec moi pour garantir notre futur économique» a affirmé le président. «Nous ne serons pas satisfaits tant que tous les secteurs de notre économie ne seront pas sains et vigoureux» a-t-il ajouté, affirmant que «l'économie américaine est la plus forte et la plus vigoureuse du monde». Il a demandé au Congrès d'avaliser rapidement son projet. Wall Street semblait accueillir le plan avec un certain enthousiasme, mais de nombreux analystes financiers semblaient perplexes quant à ses effets bénéfiques à court terme pour l'économie.

Les Démocrates sont pour leur part loin d'avoir été convaincus par les arguments du président. Pour le sénateur démocrate et probable candidat à la présidentielle Joe Lieberman, cette série de mesures est «irresponsable, inefficace, et dictée par des considérations idéologiques.» «Il parle le langage que les travailleurs américains rêvent d'entendre, mais en offrant seulement des mots pour les distraire de sa nouvelle et considérable baisse des impôts pour les Américains les plus fortunés» a pour sa part déclaré le sénateur démocrate, lui aussi candidat à la présidentielle, John Kerry. Alors que pour la première fois depuis 1997, le budget de l'Etat fédéral est passé dans le rouge l'année dernière, les Démocrates affirment que ce plan ne fera qu'aggraver les déficits.

Bien décidés à prouver qu'ils ont travaillé sur le sujet depuis leur cuisante défaite aux élections de novembre, ils ont mis en avant leur propre projet de stimulation de l'économie, qui selon eux leur permettrait de créer un million d'emplois nouveaux, tout en favorisant les dépenses des ménages et en aidant les Etats à équilibrer leur budget, pour une enveloppe totale de 136 milliards de dollars. Leur plan envisage de donner plus d'argent aux personnes ayant les plus faibles revenus, en partant du principe qu'ils le dépenseront plus rapidement. «Il s'agit du marché des emplois, plus que du marché des actions» a expliqué le représentant démocrate John Spratt siégeant à la commission de la chambre des représentants sur le budget. Tout semble indiquer que le camp démocrate fera tout pour ralentir l'adoption du projet de George Bush.

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«USA: relance musclée»
Edito économique de Norbert Navarro du 7 janvier 2003



par Philippe  Bolopion

Article publié le 08/01/2003