Politique française
Le gouvernement confronté aux plans sociaux
Devant la recrudescence de plans de licenciements (Metaleurop, Arcelor, Daewoo, Bull, Matra, Air Lib ou ACT-Manufacturing), le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin se trouve dans une position délicate, écartelé entre son credo libéral et la nécessité de répondre à une détresse sociale. Une actualité qui l’a poussé à s’impliquer davantage - en organisant notamment un comité interministériel, le 29 janvier - même si ses marges de manœuvre sont limitées face aux milliers d’emplois en passe d’être supprimés.
Alors que Jacques Chirac s’insurgeait, ce mercredi, contre les «agissements scandaleux» de certaines entreprises, Jean-Pierre Raffarin, pris de court par une vague de plans sociaux, tentait de riposter en présentant un plan d’action qui, à défaut d’apporter des solutions, entend mobiliser tous les acteurs. Il a ainsi présidé, après le Conseil des ministres du 29 janvier, un comité interministériel composé de sept ministres - Francis Mer, François Fillon, Dominique Perben, Roselyne Bachelot, Jean-Paul Delevoye, Nicole Fontaine et Jean-Louis Borloo - destiné à donner une image de mobilisation face à ces futurs licenciements.
Le Premier ministre qui traverse la période de turbulence la plus agitée depuis son arrivée à Matignon, en mai dernier, a pris conscience de la nécessité d’intervenir au plus vite, malgré des marges de manœuvre très réduites sur un sujet hautement sensible dans l’opinion publique. Plutôt en retrait à l’annonce des premiers plans de licenciements qui sont venus télescoper son calendrier sur la réforme du système des retraites, Jean-Pierre Raffarin, en réunissant ce comité, a permis de caler la méthode du gouvernement sans toutefois apporter d’éléments nouveaux par rapport à ce qui avait été annoncé les jours précédents.
Une belle aubaine pour la gauche et les syndicats
En organisant cette réunion de crise, le chef du gouvernement a surtout voulu montrer à l’opinion qu’il ne se résignait pas aux plans sociaux à Metaleurop, Daewoo, Matra… etc. Mais il a aussi voulu montrer, en bon spécialiste de la communication, qu’il avait retenu la leçon de la bourde de son prédécesseur Lionel Jospin qui avait déclaré être impuissant sur le dossier Michelin. En effet, en septembre 1999, le Premier ministre socialiste avait suscité un tollé en affirmant qu’il ne fallait «pas tout attendre de l’Etat et du gouvernement» alors que le géant des pneumatiques annonçait simultanément des bénéfices et un plan social. Surtout, Jean-Pierre Raffarin a, semble-t-il, voulu prouver qu’il ne prêtait pas attention qu’aux seules revendications patronales au moment où le gouvernement s’apprête à alléger l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Cependant, les mesures annoncées cachent mal l’impuissance générale du gouvernement face aux plans sociaux à répétition. Le Premier ministre a demandé, dans un premier temps, à mobiliser des «moyens exceptionnels» de reclassement des personnels touchés, qui pourraient reposer sur des cellules inter-entreprises, des plans de formation et la mobilisation du secteur public. Des mesures qui ne sont pas sans rappeler la méthodologie des gouvernements précédents. Quoi qu’il en soit, même si Jean-Pierre Raffarin aurait préféré concentrer tous ses efforts sur la délicate réforme des retraites, il n’a pas eu d’autre issue que de se mobiliser sur un sujet hautement sensible, susceptible de valoir très vite à tout gouvernement une rapide perte de popularité.
Même si, pour l’instant, celle-ci ne faiblit pas, voire augmente selon certains sondages, la gauche n’a pas manqué de profiter des faux pas du Premier ministre pour essayer de l’affaiblir publiquement lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale. Les syndicats n’ont, eux aussi, pas ménagé leurs critiques en qualifiant l’action du gouvernement de «léthargique» ou de «page blanche». «Le gouvernement ne va pas pouvoir s’en tenir à cette position d’affichage sans acte plus concret», a déclaré Bernard Thibault pour la CGT.
Conscient de l’impact de cette vague de licenciements dans l’opinion publique, François Fillon, le ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, a promis que les pouvoirs publics poursuivraient les entreprises n’ayant pas respecté le Code du travail, pour «dissuader», a-t-il dit, d’autres entreprises de les imiter. De plus, le gouvernement a décidé de rendre public le rapport de Claude Viet, l’homme chargé des plans sociaux auprès de Matignon, qui donne notamment la priorité à des mesures «d’anticipation».
Lire également :
Plans sociaux : l’affichage
(L’Editorial politique de Geneviève Goëtzinger)
Plans sociaux : effet Metaleurop
(L'Editorial économique de Norbert Navarro)
Le Premier ministre qui traverse la période de turbulence la plus agitée depuis son arrivée à Matignon, en mai dernier, a pris conscience de la nécessité d’intervenir au plus vite, malgré des marges de manœuvre très réduites sur un sujet hautement sensible dans l’opinion publique. Plutôt en retrait à l’annonce des premiers plans de licenciements qui sont venus télescoper son calendrier sur la réforme du système des retraites, Jean-Pierre Raffarin, en réunissant ce comité, a permis de caler la méthode du gouvernement sans toutefois apporter d’éléments nouveaux par rapport à ce qui avait été annoncé les jours précédents.
Une belle aubaine pour la gauche et les syndicats
En organisant cette réunion de crise, le chef du gouvernement a surtout voulu montrer à l’opinion qu’il ne se résignait pas aux plans sociaux à Metaleurop, Daewoo, Matra… etc. Mais il a aussi voulu montrer, en bon spécialiste de la communication, qu’il avait retenu la leçon de la bourde de son prédécesseur Lionel Jospin qui avait déclaré être impuissant sur le dossier Michelin. En effet, en septembre 1999, le Premier ministre socialiste avait suscité un tollé en affirmant qu’il ne fallait «pas tout attendre de l’Etat et du gouvernement» alors que le géant des pneumatiques annonçait simultanément des bénéfices et un plan social. Surtout, Jean-Pierre Raffarin a, semble-t-il, voulu prouver qu’il ne prêtait pas attention qu’aux seules revendications patronales au moment où le gouvernement s’apprête à alléger l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Cependant, les mesures annoncées cachent mal l’impuissance générale du gouvernement face aux plans sociaux à répétition. Le Premier ministre a demandé, dans un premier temps, à mobiliser des «moyens exceptionnels» de reclassement des personnels touchés, qui pourraient reposer sur des cellules inter-entreprises, des plans de formation et la mobilisation du secteur public. Des mesures qui ne sont pas sans rappeler la méthodologie des gouvernements précédents. Quoi qu’il en soit, même si Jean-Pierre Raffarin aurait préféré concentrer tous ses efforts sur la délicate réforme des retraites, il n’a pas eu d’autre issue que de se mobiliser sur un sujet hautement sensible, susceptible de valoir très vite à tout gouvernement une rapide perte de popularité.
Même si, pour l’instant, celle-ci ne faiblit pas, voire augmente selon certains sondages, la gauche n’a pas manqué de profiter des faux pas du Premier ministre pour essayer de l’affaiblir publiquement lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale. Les syndicats n’ont, eux aussi, pas ménagé leurs critiques en qualifiant l’action du gouvernement de «léthargique» ou de «page blanche». «Le gouvernement ne va pas pouvoir s’en tenir à cette position d’affichage sans acte plus concret», a déclaré Bernard Thibault pour la CGT.
Conscient de l’impact de cette vague de licenciements dans l’opinion publique, François Fillon, le ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, a promis que les pouvoirs publics poursuivraient les entreprises n’ayant pas respecté le Code du travail, pour «dissuader», a-t-il dit, d’autres entreprises de les imiter. De plus, le gouvernement a décidé de rendre public le rapport de Claude Viet, l’homme chargé des plans sociaux auprès de Matignon, qui donne notamment la priorité à des mesures «d’anticipation».
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(L'Editorial économique de Norbert Navarro)
par Clarisse Vernhes
Article publié le 30/01/2003