Mexique
Chasse aux «ripoux» de la lutte anti-drogue
Pour lutter contre les cartels de la drogue et la corruption qui gangrènent toutes les structures de la société, le gouvernement de Vicente Fox a décidé de couper dans le vif: le Service spécial pour les délits contre la santé (FEADS) autrement dit l’anti-drogue mexicaine, celui de lutte contre la délinquance organisée (UEDO) et le blanchiment (UELD) seront démantelés et regroupés dans une nouvelle institution du ministère de la Justice.
De notre correspondant à Mexico
L’armée mexicaine a fait irruption, simultanément, dans 16 dépendances du ministère de la Justice chargées de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le procureur général de la République, Rafael Macedo de la Concha, a ordonné cette opération coup de poing dans 13 États (sur 31), car il estime que 15% du personnel qui travaille au sein de cette institution est de mèche avec les cartels de la drogue, ce qui voue toute action policière à l’échec.
Sept personnes ont été arrêtées pour extorsion, 200 autres (sur 700) sont mises en examen, tous les documents saisis seront analysés pour mesurer l’ampleur de la corruption et ses ramifications. Pour garantir la continuité du service public, le temps de restructurer et de nettoyer de fond en comble, les services de lutte anti-drogue ont été confié temporairement à l’armée. L’envergure de cette opération démontre à quel point les cartels de la drogue ont pénétré les corporations policières et judiciaires. Après l’arrestation la semaine dernière du chef de l’anti-drogue de la ville de Tijuana (frontière nord-ouest du Mexique) et de ses six acolytes, surpris en flagrant délit de corruption par l’armée – il tentait de monnayer pour deux millions de dollars, la libération d’un capo de la drogue et de son chargement de 5 tonnes de marijuana - le gouvernement mexicain a décidé de frapper un grand coup, au cœur même de ses services.
«Je n’ai jamais eu confiance dans ses services de lutte contre le trafic de drogue et la délinquance organisée, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de les supprimer. Nous devons nettoyer de fond en comble les écuries que nous avons trouvé lors de notre arrivée en 2000. Nous allons épurer ces services et les restructurer totalement. Le personnel sera passé au crible, les bons resteront, ceux qui ne pourront justifier leur fortune iront en prison. Je n’ai pas peur d’appliquer la main dure et nous allons faire ce travail secteur par secteur. Je me donne quatre ans», a déclaré le procureur.
Agir sur deux fronts
Lors de sa prise de fonction, il y a juste deux ans, le président Vicente Fox avait annoncé une croisade contre le trafic de drogue et la corruption, estimant que c’était une question de sécurité nationale. Un combat qui semble parfois perdu d’avance tant les cartels colombiens et mexicains sont puissants, tant les intérêts financiers en jeu sont importants. Néanmoins, le président mexicain et son procureur général de la République, ont relevé le défi. Depuis deux ans, ils livrent une dure bataille: 10 500 délinquants, ont été arrêtés, 36 tonnes de cocaïne, 717 kg d’opium, 439 kg d’heroïne et des millions de doses d’amphétamines et de metanphétamines ont été saisi.
Pour désarticuler les organisations délictuelles, le gouvernement a décidé d’agir sur deux fronts: d’une part, il est parti en guerre contre les cartels qui produisent, acheminent et commercialisent la drogue, d’autre part, il tente de nettoyer toutes les institutions gangrenées par la corruption qu’engendre l’argent de la drogue. Les chiffres font frémir: lors de son arrestation, le Chapo Guzman, le chef de l’un des cartels les plus important du Mexique, responsable de l’introduction de 100 tonnes de cocaïne par an aux États-Unis, (soit le tiers de la consommation nord-américaine) avait avoué qu’il distribuait 10 millions de dollars (autant en euros) par mois pour sa protection! Arrêté il y a deux ans, il est parvenu à s’échapper par la grande porte de la prison de haute sécurité de Puente Grande, en achetant l’ensemble du personnel pénitencier.
Vicente Fox souligne souvent dans ses discours que son administration a fait arrêté les têtes des principales bandes de trafiquants de drogues mais paradoxalement, il n’y a jamais eu autant de drogue en circulation dans le Mexique. Il semble au contraire que la décapitation des cartels a entraîné une atomisation des réseaux de trafiquants. Et si le président mexicain est déterminé à aller au fond du problème, il lui faudra s’attaquer au nerf de la guerre: c’est a dire au blanchiment de l’argent qui représenterait 5% du PIB. L’autre crainte est de voir l’armée mexicaine prendre de plus en plus souvent en charge des taches qui ne lui incombent pas, avec le risque d’être, elle aussi, phagocytée par l’argent de la corruption. La célèbre phrase du général Obregon est toujours d’actualité: il est difficile de résister a un coup de canon d’un million de dollar.
L’armée mexicaine a fait irruption, simultanément, dans 16 dépendances du ministère de la Justice chargées de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le procureur général de la République, Rafael Macedo de la Concha, a ordonné cette opération coup de poing dans 13 États (sur 31), car il estime que 15% du personnel qui travaille au sein de cette institution est de mèche avec les cartels de la drogue, ce qui voue toute action policière à l’échec.
Sept personnes ont été arrêtées pour extorsion, 200 autres (sur 700) sont mises en examen, tous les documents saisis seront analysés pour mesurer l’ampleur de la corruption et ses ramifications. Pour garantir la continuité du service public, le temps de restructurer et de nettoyer de fond en comble, les services de lutte anti-drogue ont été confié temporairement à l’armée. L’envergure de cette opération démontre à quel point les cartels de la drogue ont pénétré les corporations policières et judiciaires. Après l’arrestation la semaine dernière du chef de l’anti-drogue de la ville de Tijuana (frontière nord-ouest du Mexique) et de ses six acolytes, surpris en flagrant délit de corruption par l’armée – il tentait de monnayer pour deux millions de dollars, la libération d’un capo de la drogue et de son chargement de 5 tonnes de marijuana - le gouvernement mexicain a décidé de frapper un grand coup, au cœur même de ses services.
«Je n’ai jamais eu confiance dans ses services de lutte contre le trafic de drogue et la délinquance organisée, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de les supprimer. Nous devons nettoyer de fond en comble les écuries que nous avons trouvé lors de notre arrivée en 2000. Nous allons épurer ces services et les restructurer totalement. Le personnel sera passé au crible, les bons resteront, ceux qui ne pourront justifier leur fortune iront en prison. Je n’ai pas peur d’appliquer la main dure et nous allons faire ce travail secteur par secteur. Je me donne quatre ans», a déclaré le procureur.
Agir sur deux fronts
Lors de sa prise de fonction, il y a juste deux ans, le président Vicente Fox avait annoncé une croisade contre le trafic de drogue et la corruption, estimant que c’était une question de sécurité nationale. Un combat qui semble parfois perdu d’avance tant les cartels colombiens et mexicains sont puissants, tant les intérêts financiers en jeu sont importants. Néanmoins, le président mexicain et son procureur général de la République, ont relevé le défi. Depuis deux ans, ils livrent une dure bataille: 10 500 délinquants, ont été arrêtés, 36 tonnes de cocaïne, 717 kg d’opium, 439 kg d’heroïne et des millions de doses d’amphétamines et de metanphétamines ont été saisi.
Pour désarticuler les organisations délictuelles, le gouvernement a décidé d’agir sur deux fronts: d’une part, il est parti en guerre contre les cartels qui produisent, acheminent et commercialisent la drogue, d’autre part, il tente de nettoyer toutes les institutions gangrenées par la corruption qu’engendre l’argent de la drogue. Les chiffres font frémir: lors de son arrestation, le Chapo Guzman, le chef de l’un des cartels les plus important du Mexique, responsable de l’introduction de 100 tonnes de cocaïne par an aux États-Unis, (soit le tiers de la consommation nord-américaine) avait avoué qu’il distribuait 10 millions de dollars (autant en euros) par mois pour sa protection! Arrêté il y a deux ans, il est parvenu à s’échapper par la grande porte de la prison de haute sécurité de Puente Grande, en achetant l’ensemble du personnel pénitencier.
Vicente Fox souligne souvent dans ses discours que son administration a fait arrêté les têtes des principales bandes de trafiquants de drogues mais paradoxalement, il n’y a jamais eu autant de drogue en circulation dans le Mexique. Il semble au contraire que la décapitation des cartels a entraîné une atomisation des réseaux de trafiquants. Et si le président mexicain est déterminé à aller au fond du problème, il lui faudra s’attaquer au nerf de la guerre: c’est a dire au blanchiment de l’argent qui représenterait 5% du PIB. L’autre crainte est de voir l’armée mexicaine prendre de plus en plus souvent en charge des taches qui ne lui incombent pas, avec le risque d’être, elle aussi, phagocytée par l’argent de la corruption. La célèbre phrase du général Obregon est toujours d’actualité: il est difficile de résister a un coup de canon d’un million de dollar.
Article publié le 20/01/2003