Etats-Unis
Bush s'en prend à l'Irak et à la crise
Au cours de son traditionnel discours sur l'état de l'Union, le président américain s'est livré à un violent réquisitoire contre l'Irak, promettant des preuves pour la semaine prochaine au Conseil de sécurité. Il a toutefois tenté de recentrer son agenda sur la lutte contre la crise économique et la réforme du système de santé.
New York, de notre correspondant
Les yeux plantés dans la caméra, George Bush a martelé un réquisitoire connu contre l'Irak. «Si Saddam Hussein ne se désarme pas complètement, a-t-il prévenu, pour la sécurité de notre peuple et pour la paix dans le monde nous dirigerons une coalition pour le désarmer». Le président américain n'a toutefois offert aucune preuve contre l'Irak, aucun argument foncièrement nouveau. Il réserve ce rôle à son secrétaire d'Etat, Colin Powell, qui doit présenter mercredi prochain au Conseil de sécurité des éléments nouveaux tendant à prouver que l'Irak contourne les inspections, possède et produit toujours des armes de destruction massive. Colin Powell devrait également offrir plus de détails sur les liens qui lient selon son gouvernement l'Irak à des groupes terroristes dont Al-Qaïda. «Secrètement, sans laisser de traces (Saddam Hussein) pourrait fournir une de ses armes prohibées à des terroristes ou les aider à développer leurs propres armes», a prévenu George Bush. La rencontre de mercredi pourrait signaler le début de l'ultime offensive diplomatique de l'administration Bush avant d'entrer en guerre contre l'Irak.
En attendant, George Bush s'est contenté de stigmatiser une fois de plus la cruauté de Saddam Hussein. Il a détaillé les armes biologiques et chimiques selon lui aux mains du régime: 25 000 litres d'anthrax, 38 000 litres de toxine du botulisme, 500 tonnes de gaz sarin, de gaz moutarde et de gaz innervant VX, ainsi que plus de
30 000 munitions capables de propager ces agents. Ces chiffres semblent toutefois être issus de la première mission d'inspection de l'ONU qui s'était livrée à des estimations et n'apportait pas la preuve de l'existence de ces armements. Citant les sources de renseignement américain, le président Bush a affirmé que des milliers de fonctionnaires irakiens sont employés à dissimuler des documents et des équipements aux yeux des inspecteurs, et que des espions irakiens se font passer pour des scientifiques afin de tromper les inspecteurs. Les véritables scientifiques ont, selon lui, été menacés d'exécution si ils parlent aux inspecteurs. Selon George Bush, l'Irak a par ailleurs récemment tenté d'importer de l'uranium en provenance d'Afrique du Sud, et des tubes d'aluminium destinés à enrichir cet uranium. Aucune de ces accusations n'a été confirmée sur place par l'Agence internationale à l'énergie atomique. Il a également évoqué des laboratoires mobiles d'armes biologiques.
Volontiers acerbe, le président américain a appelé le monde à se rallier à sa cause, balayant les arguments de ceux qui affirment que l'Irak ne constitue pas une menace immédiate. «Depuis quand les terroristes et les tyrans nous avertissent-ils de leurs intentions, nous font-ils poliment savoir qu'ils vont frapper ?», a-t-il demandé. Il a prévenu que si les Nations unies n'entérinaient pas une guerre contre l'Irak, l'Amérique conduirait seule une opération militaire. Sans déclarer une guerre à l'Irak, il a promis de «combattre avec toute la force et la puissance de l'appareil militaire des Etats-Unis». Les derniers sondages indiquent toutefois que 7 Américains sur 10 souhaitent accorder plusieurs mois supplémentaires aux inspections.
«L’axe du mal» aux oubliettes
Déterminé à lutter contre le terrorisme sur le sol américain, George Bush a aussi annoncé la création d'un centre de traitement de la menace terroriste, affilié au nouveau ministère de la Sécurité intérieure. Cette création a pour objet de centraliser les sources de renseignement, de la CIA et du FBI, pour faire tomber les cloisons qui ont empêché de prévenir les attentats du 11 septembre. Pour répondre aux menaces biologiques, il a également demandé au Congrès d'allouer six milliards de dollars sur dix ans pour généraliser la diffusion de vaccins et de traitements contre des maladies telles que la peste ou la maladie du charbon. Sur le chapitre de la lutte contre Al-Qaïda, le président a consciencieusement omis de mentionner Oussama Ben Laden, toujours en cavale, et qui était l'an dernier la cible de ses menaces. Autre grand absent du discours: «l'axe du mal», qui semble relégué aux oubliettes, même si le président s'en est pris séparément à l'Iran et la Corée du Nord.
En perte de popularité, George Bush a profité de la solennité du traditionnel discours sur l'Etat de l'union, pour recentrer son agenda, sur des questions de politique intérieure. Très symboliquement, il a réservé ses premiers mots à l'économie. «Après la récession, les attentats terroristes, les scandales dans les sociétés et les déclins des marchés boursiers, notre économie se redresse, mais elle ne croît pas suffisamment vite, ou avec assez de force», a-t-il affirmé. Une bonne partie de son argumentaire a consisté à défendre un projet très controversé de baisses d'impôts que même certains Républicains jugent déraisonnables. Dans leur traditionnelle réponse officielle, les Démocrates, par la voix du gouverneur de l'Etat de Washington Gary Locke, ont concentré leurs attaques sur l'Irak et, surtout, sur l'économie. «Les politiques de cette administration vont produire un déficit de plus d'un milliard de dollars au cours de la prochaine décennie», a-t-il prévenu. Selon lui, le plan économique du président «fait trop peu pour stimuler l'économie aujourd'hui, et fait trop pour affaiblir l'économie dans le futur».
Déterminé lorsqu'il promet de réformer le système de santé avec un budget de 400 milliards de dollars sur dix ans, George Bush apparaît moins convaincant lorsqu'il se pose en défenseur de l'environnement. Son plaidoyer pour les vertus du moteur à hydrogène et sa promesse de dépenser 1,2 milliard de dollars pour accélérer le développement de ce type de véhicules ont déconcerté les écologistes les plus endurcis. Le président américain surprend aussi, quand il propose de dépenser 15 milliards de dollars en cinq ans pour lutter contre le sida en Afrique et dans les Antilles. Mais au bout du compte, George Bush offre peu d'idées nouvelles. Il n'a pas délivré le discours historique que certains promettaient.
Les yeux plantés dans la caméra, George Bush a martelé un réquisitoire connu contre l'Irak. «Si Saddam Hussein ne se désarme pas complètement, a-t-il prévenu, pour la sécurité de notre peuple et pour la paix dans le monde nous dirigerons une coalition pour le désarmer». Le président américain n'a toutefois offert aucune preuve contre l'Irak, aucun argument foncièrement nouveau. Il réserve ce rôle à son secrétaire d'Etat, Colin Powell, qui doit présenter mercredi prochain au Conseil de sécurité des éléments nouveaux tendant à prouver que l'Irak contourne les inspections, possède et produit toujours des armes de destruction massive. Colin Powell devrait également offrir plus de détails sur les liens qui lient selon son gouvernement l'Irak à des groupes terroristes dont Al-Qaïda. «Secrètement, sans laisser de traces (Saddam Hussein) pourrait fournir une de ses armes prohibées à des terroristes ou les aider à développer leurs propres armes», a prévenu George Bush. La rencontre de mercredi pourrait signaler le début de l'ultime offensive diplomatique de l'administration Bush avant d'entrer en guerre contre l'Irak.
En attendant, George Bush s'est contenté de stigmatiser une fois de plus la cruauté de Saddam Hussein. Il a détaillé les armes biologiques et chimiques selon lui aux mains du régime: 25 000 litres d'anthrax, 38 000 litres de toxine du botulisme, 500 tonnes de gaz sarin, de gaz moutarde et de gaz innervant VX, ainsi que plus de
30 000 munitions capables de propager ces agents. Ces chiffres semblent toutefois être issus de la première mission d'inspection de l'ONU qui s'était livrée à des estimations et n'apportait pas la preuve de l'existence de ces armements. Citant les sources de renseignement américain, le président Bush a affirmé que des milliers de fonctionnaires irakiens sont employés à dissimuler des documents et des équipements aux yeux des inspecteurs, et que des espions irakiens se font passer pour des scientifiques afin de tromper les inspecteurs. Les véritables scientifiques ont, selon lui, été menacés d'exécution si ils parlent aux inspecteurs. Selon George Bush, l'Irak a par ailleurs récemment tenté d'importer de l'uranium en provenance d'Afrique du Sud, et des tubes d'aluminium destinés à enrichir cet uranium. Aucune de ces accusations n'a été confirmée sur place par l'Agence internationale à l'énergie atomique. Il a également évoqué des laboratoires mobiles d'armes biologiques.
Volontiers acerbe, le président américain a appelé le monde à se rallier à sa cause, balayant les arguments de ceux qui affirment que l'Irak ne constitue pas une menace immédiate. «Depuis quand les terroristes et les tyrans nous avertissent-ils de leurs intentions, nous font-ils poliment savoir qu'ils vont frapper ?», a-t-il demandé. Il a prévenu que si les Nations unies n'entérinaient pas une guerre contre l'Irak, l'Amérique conduirait seule une opération militaire. Sans déclarer une guerre à l'Irak, il a promis de «combattre avec toute la force et la puissance de l'appareil militaire des Etats-Unis». Les derniers sondages indiquent toutefois que 7 Américains sur 10 souhaitent accorder plusieurs mois supplémentaires aux inspections.
«L’axe du mal» aux oubliettes
Déterminé à lutter contre le terrorisme sur le sol américain, George Bush a aussi annoncé la création d'un centre de traitement de la menace terroriste, affilié au nouveau ministère de la Sécurité intérieure. Cette création a pour objet de centraliser les sources de renseignement, de la CIA et du FBI, pour faire tomber les cloisons qui ont empêché de prévenir les attentats du 11 septembre. Pour répondre aux menaces biologiques, il a également demandé au Congrès d'allouer six milliards de dollars sur dix ans pour généraliser la diffusion de vaccins et de traitements contre des maladies telles que la peste ou la maladie du charbon. Sur le chapitre de la lutte contre Al-Qaïda, le président a consciencieusement omis de mentionner Oussama Ben Laden, toujours en cavale, et qui était l'an dernier la cible de ses menaces. Autre grand absent du discours: «l'axe du mal», qui semble relégué aux oubliettes, même si le président s'en est pris séparément à l'Iran et la Corée du Nord.
En perte de popularité, George Bush a profité de la solennité du traditionnel discours sur l'Etat de l'union, pour recentrer son agenda, sur des questions de politique intérieure. Très symboliquement, il a réservé ses premiers mots à l'économie. «Après la récession, les attentats terroristes, les scandales dans les sociétés et les déclins des marchés boursiers, notre économie se redresse, mais elle ne croît pas suffisamment vite, ou avec assez de force», a-t-il affirmé. Une bonne partie de son argumentaire a consisté à défendre un projet très controversé de baisses d'impôts que même certains Républicains jugent déraisonnables. Dans leur traditionnelle réponse officielle, les Démocrates, par la voix du gouverneur de l'Etat de Washington Gary Locke, ont concentré leurs attaques sur l'Irak et, surtout, sur l'économie. «Les politiques de cette administration vont produire un déficit de plus d'un milliard de dollars au cours de la prochaine décennie», a-t-il prévenu. Selon lui, le plan économique du président «fait trop peu pour stimuler l'économie aujourd'hui, et fait trop pour affaiblir l'économie dans le futur».
Déterminé lorsqu'il promet de réformer le système de santé avec un budget de 400 milliards de dollars sur dix ans, George Bush apparaît moins convaincant lorsqu'il se pose en défenseur de l'environnement. Son plaidoyer pour les vertus du moteur à hydrogène et sa promesse de dépenser 1,2 milliard de dollars pour accélérer le développement de ce type de véhicules ont déconcerté les écologistes les plus endurcis. Le président américain surprend aussi, quand il propose de dépenser 15 milliards de dollars en cinq ans pour lutter contre le sida en Afrique et dans les Antilles. Mais au bout du compte, George Bush offre peu d'idées nouvelles. Il n'a pas délivré le discours historique que certains promettaient.
par Philippe Bolopion
Article publié le 29/01/2003