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Congo démocratique

L’ONU met en cause les rebelles

La mission de l’ONU en République démocratique du Congo, la Monuc, confirme les exactions perpétrées par des soldats des forces rebelles sur des populations civiles, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Les groupes rebelles du MLC (Mouvement de libération du Congo) et RCD-N (Rassemblement congolais pour la démocratie-National) directement mis en cause nient les faits.
Suites aux plaintes insistantes des populations d’Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, la mission de l’ONU en RDC a dépêché sur place une commission d’enquête qui a rendu un rapport mettant en cause les groupes rebelles du MLC et du RCD-N qui occupent la région. Les enquêteurs ont interrogé 368 personnes, toutes victimes et témoins des abus. Elles auraient subi pendant 15 jours, viols, mutilations, exécutions sommaires. Elles ont révélé, par ailleurs, des faits de cannibalisme imposés par les rebelles. La communauté des Pygmées a durement été frappée par les forfaits commis par les rebelles, précisent les enquêteurs de l’ONU. Ils se gardent pour l’instant de donner avec précision le nombre de victimes.

Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est saisi du dossier et condamne «les massacres et violations systématiques des droits de l’homme perpétrés par le MLC et RCD-N dans la région d’Ituri». Le président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, l’ambassadeur français Jean-Marc de La Sablière, a rappelé le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba, à ses devoirs et obligations qui consistent à assurer la sécurité des populations civiles vivant dans le territoire dont il a le contrôle. Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont également exigé que «toutes les parties revendiquant un rôle dans l’avenir de la RDC démontrent leur attachement aux droits de l’homme, au droit international humanitaire ainsi qu’à la sécurité des biens et des personnes, dans les zones sous leur contrôle».

Elargir les compétences de la Monuc

Le haut commissaire des Nations unies aux doits de l’homme,
Sergio Vieira de Mello (Invité Afrique, 16 janvier 2003) s’élève aussi contre les atrocités commises et appelle à la fin de la culture de l’impunité en RDC. «Il faut que justice soit rendue aux victimes» réclame-t-il en recommandant l’instauration dans ce pays «d’institutions capables de garantir les valeurs de la démocratie et de la justice». Il a assuré les autorités de Kinshasa de la collaboration de son bureau en relation avec la Monuc. Aussi, pour de nombreux observateurs politiques, le moment est peut-être venu d’élargir les compétences de la Monuc. Mais pour les membres du Conseil de sécurité, «il n’est pas question que le mandat ce la Monuc soit étendu et englobe le rétablissement ou le maintien de l’ordre». Le souvenir de ce genre de mission de police est encore présent dans les esprits, après les tristes expériences en Somalie en 1993 et au Rwanda en 1994 qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de casques bleus. La seule concession reste le renforcement des effectifs de la Monuc qui passeraient de 5500 à 8700 soldats. Leur mission est de la supervision des accords conclu entre belligérants, la surveillance du retrait des troupes étrangères et l’aide à la réinsertion des combattants.

Enfin, malgré les accords de Pretoria du 17 décembre 2002, portant sur un partage du pouvoir et la constitution d’un régime de transition, les mouvements rebelles qui se partagent différentes régions du pays, se sont livrés à de violents combats dès le 26 décembre 2002. Le MLC et le RCD-N qui ne nient pas leur implication dans la recrudescence des combats dans le nord-est de la RDC, rejettent néanmoins les exactions qui leur sont imputées. En revanche, cinq soldats du MLC auraient été arrêtés, annonce Jean-Pierre Bemba. Ces soldats seraient passibles de la Cour d’ordre militaire de Gbadolité (siège du MLC) s’il sont «reconnus coupables» précise-t-il. Le 13 janvier, et toujours dans le cadre de cette affaire, un officier supérieur du MLC aurait été mis aux arrêts. Le MLC poursuit sa propre enquête, mais d’ores et déjà réfute toute accusation d’actes de cannibalisme.



par Didier  Samson

Article publié le 16/01/2003