Eglise catholique
Les passeurs d’espérance
Après quatre jours d’échanges et de prière, les XXVe rencontres européennes de Taizé se sont achevées ce mercredi 1er janvier à Paris. A l’invitation de la communauté œcuménique, 80 000 jeunes ont échangé sur leurs engagements et sur le sens qu’ils veulent donner à leur vie.
Le temps s’est arrêté, pendant quatre jours, au parc des expositions de Paris. A midi et le soir, dans les immenses halles transformées en chapelles provisoires, des milliers de jeunes, assis à même le sol, ont prié. Un décor simple: lumière tamisée, de grandes tentures, quelques icônes; des chants, méditatifs, repris par tous à quatre voix; enfin, un long silence. Plusieurs fois au long de ces prières communes, le fondateur de la communauté de Taizé, Roger Schutz, s’est adressé aux jeunes: «Une paix sur la terre se prépare dans la mesure où grandit le nombre de ceux qui osent se poser la question: puis-je être porteur de confiance là où je vis ?».
Si le recueillement est un aspect frappant de ce rassemblement, la rencontre, l’émulation, l’interpellation en est un autre vecteur. Il faut dire que la communauté œcuménique de Taizé n’en est pas à son premier contact avec les jeunes. Chaque année, ils sont près de cent mille de toutes les confessions, croyants ou simples «chercheurs», à passer par le petit village de Bourgogne où elle est implantée. Il y viennent d’Europe, mais aussi de l’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine.
Vie intérieure et responsabilités humaines
Chaque année encore depuis 25 ans, la communauté organise dans une grande ville européenne ce «pèlerinage de confiance sur la terre». Ainsi à Paris pendant quatre jours, 80 000 jeunes de plus de 35 pays européens sont venus échanger sur leurs trajectoires personnelles, sur leur attentes et sur leurs projets pour le monde contemporain. Une expérience fraternelle et, pour beaucoup d’entre eux, fondatrice. «Ce qui les conduit à venir, explique frère Émile, c’est une recherche commune. Chacun est ici pour réfléchir sur ce qui est essentiel dans sa vie. Et tous sont invités à prendre des responsabilités de retour chez eux, parfois très simplement». De la parole au silence, vie intérieure et responsabilités humaines sont les deux matrices d’une «rencontre européenne»; elles s’y déclinent sur tous les tons et –ce qui frappe l’oreille du visiteur– dans toutes les langues.
Accueillis dans les familles d’Ile-de-France, les jeunes pèlerins auront participé à la vie des paroisses, mais auront aussi goûté les divers haut-lieux du centre de Paris pour des débats sur des thèmes spirituel, artistique, ou social. «Dans chacun de ces domaines, commente un frère, il s’agit d’encourager les jeunes à être créateurs là où ils vivent». Au Sénat, un débat sur «l’Europe vue depuis Budapest, Lisbonne et Moscou» a rassemblé les pèlerins autour de personnalités politiques européennes. A l’hôtel de ville, des participants engagés en politique ont témoigné devant une salle comble sur «l’engagement dans la cité».
Dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, ils étaient des centaines à avoir participé à un carrefour intitulé «Existe-t-il une espérance de paix aujourd’hui ?». Pour Jean-Claude, haut-fonctionnaire qui a animé ce carrefour, il est inhérent à l’expérience de Taizé d’avoir une prise directe avec ces questions. La réalité internationale traverse la communauté même, dont les frères viennent de tous les continents. Cela permet d’ouvrir un espace pour les jeunes, et parfois d’orienter de façon décisive leurs choix professionnels ou associatifs. «Ils peuvent ici faire une expérience de plain-pied de l’international, sans les entraves qu’ils ont éventuellement dans la vie institutionnelle, ou des États. Le court temps d’une rencontre, ils trouvent ici une grande fluidité dans la relation et dans la réflexion, et surtout, je crois, une grande liberté».
Comme dans d’autres lieux transversaux, un partenariat entre société civile et institutions peut alors trouver un creuset: «Les jeunes nous posent ici des questions sous des angles imprévus, et qui prennent à rebours les présupposés institutionnels. Ce que Taizé apporte, c’est, au sens le plus antique, la tradition du Forum. Éclairé, ici, par une attente et une lumière que nous nommons évangile».
Présent lors de la rencontre, le philosophe français Paul Ricœur déclarait: «La fonction fondamentale de la religion, c’est de libérer la bonté cachée des autres; libérer le fond de bonté». Quel est l’impact exact d’un tel événement ? Difficile de l’évaluer, car les statistiques ne sont pas du goût de la maison. Une façon pour elle, peut-être, de ne pas s’approprier les fruits d’un rassemblement ouvert sur l’avenir.
Si le recueillement est un aspect frappant de ce rassemblement, la rencontre, l’émulation, l’interpellation en est un autre vecteur. Il faut dire que la communauté œcuménique de Taizé n’en est pas à son premier contact avec les jeunes. Chaque année, ils sont près de cent mille de toutes les confessions, croyants ou simples «chercheurs», à passer par le petit village de Bourgogne où elle est implantée. Il y viennent d’Europe, mais aussi de l’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine.
Vie intérieure et responsabilités humaines
Chaque année encore depuis 25 ans, la communauté organise dans une grande ville européenne ce «pèlerinage de confiance sur la terre». Ainsi à Paris pendant quatre jours, 80 000 jeunes de plus de 35 pays européens sont venus échanger sur leurs trajectoires personnelles, sur leur attentes et sur leurs projets pour le monde contemporain. Une expérience fraternelle et, pour beaucoup d’entre eux, fondatrice. «Ce qui les conduit à venir, explique frère Émile, c’est une recherche commune. Chacun est ici pour réfléchir sur ce qui est essentiel dans sa vie. Et tous sont invités à prendre des responsabilités de retour chez eux, parfois très simplement». De la parole au silence, vie intérieure et responsabilités humaines sont les deux matrices d’une «rencontre européenne»; elles s’y déclinent sur tous les tons et –ce qui frappe l’oreille du visiteur– dans toutes les langues.
Accueillis dans les familles d’Ile-de-France, les jeunes pèlerins auront participé à la vie des paroisses, mais auront aussi goûté les divers haut-lieux du centre de Paris pour des débats sur des thèmes spirituel, artistique, ou social. «Dans chacun de ces domaines, commente un frère, il s’agit d’encourager les jeunes à être créateurs là où ils vivent». Au Sénat, un débat sur «l’Europe vue depuis Budapest, Lisbonne et Moscou» a rassemblé les pèlerins autour de personnalités politiques européennes. A l’hôtel de ville, des participants engagés en politique ont témoigné devant une salle comble sur «l’engagement dans la cité».
Dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, ils étaient des centaines à avoir participé à un carrefour intitulé «Existe-t-il une espérance de paix aujourd’hui ?». Pour Jean-Claude, haut-fonctionnaire qui a animé ce carrefour, il est inhérent à l’expérience de Taizé d’avoir une prise directe avec ces questions. La réalité internationale traverse la communauté même, dont les frères viennent de tous les continents. Cela permet d’ouvrir un espace pour les jeunes, et parfois d’orienter de façon décisive leurs choix professionnels ou associatifs. «Ils peuvent ici faire une expérience de plain-pied de l’international, sans les entraves qu’ils ont éventuellement dans la vie institutionnelle, ou des États. Le court temps d’une rencontre, ils trouvent ici une grande fluidité dans la relation et dans la réflexion, et surtout, je crois, une grande liberté».
Comme dans d’autres lieux transversaux, un partenariat entre société civile et institutions peut alors trouver un creuset: «Les jeunes nous posent ici des questions sous des angles imprévus, et qui prennent à rebours les présupposés institutionnels. Ce que Taizé apporte, c’est, au sens le plus antique, la tradition du Forum. Éclairé, ici, par une attente et une lumière que nous nommons évangile».
Présent lors de la rencontre, le philosophe français Paul Ricœur déclarait: «La fonction fondamentale de la religion, c’est de libérer la bonté cachée des autres; libérer le fond de bonté». Quel est l’impact exact d’un tel événement ? Difficile de l’évaluer, car les statistiques ne sont pas du goût de la maison. Une façon pour elle, peut-être, de ne pas s’approprier les fruits d’un rassemblement ouvert sur l’avenir.
par Marie Balas
Article publié le 01/01/2003