Côte d''Ivoire
Politique : nuances abidjanaises
Hier, les députés ivoiriens ont longuement débattu de la situation politique et des perspectives après Marcoussis. Le FPI les rejette. Les autres partis sont beaucoup plus nuancés. Il n’y a pas d’union sacrée au sein de la classe politique ivoirienne.
Depuis son retour de Paris, il y a dix jours, le chef de l'Etat ivoirien a pu prendre la mesure de l'état d'esprit de la rue abidjanaise où les manifestations d'opposition aux projets de la communauté internationale pour la Côte d'Ivoire ont été violemment rejetés. Depuis peu, on en sait également davantage sur l'état d'esprit des Français de Côte d'Ivoire, désignés comme complices des autorités de leur pays dans un premier temps, avant qu’un certain nombre d’entre eux n’affichent leur distance à l'égard d'une diplomatie dont certains se sentent finalement les otages et qu'ils ne soutiennent pas. Avant de s'adresser à la nation, lors d'un discours qui se fait attendre et qui devrait préciser ses intentions et ses objectifs, il ne manquait plus à Laurent Gbagbo que de mesurer l'état d'esprit de la représentation nationale. C'est désormais chose faite après le débat qui a eu lieu mardi au Parlement ivoirien.
Première constatation: le président ivoirien ne peut pas s’appuyer sur une assemblée unanime. Les prises de positions épousent les clivages et hésitations qui marquent les nuances de la classe politique. Les interventions des élus du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI), affichent une opposition radicale, tant aux accords de Marcoussis, qu’au traitement qui leur ont été réservés par les chefs d’Etat et autres parrains internationaux lors du sommet qui a suivi la table ronde. Sur les accords eux-mêmes, plusieurs dispositions ne passent pas, notamment celles qui élargissent les pouvoirs du Premier ministre, dépossédant symétriquement le chef de l’Etat des siens.
Selon le député de Gboguhué, ce transfert de souveraineté est tout simplement anticonstitutionnel, notamment en ce qui concerne la désignation-révocation du chef du gouvernement, l’agenda des travaux de l’assemblée nationale et la maîtrise du calendrier électoral. Mais l’un des principaux motifs de rejet des accords réside dans le profond sentiment d’injustice ressenti face à ce qui est régulièrement dénoncé comme un encouragement à prendre les armes: «Les députés du groupe parlementaire FPI constatent avec un réel étonnement que l’agression armée contre la Côte d’Ivoire n’a fait l’objet d’aucune condamnation lors de la table ronde (…). Cette absence de condamnation traduit, à notre sens, une prime à la rébellion et amène à s’interroger sur le sort des démocraties naissantes en Afrique». Evidemment, pour le FPI, «le principe de la présence de ces rebelles au gouvernement de la République pose (…) un grave problème».
«Le débat se poursuivra dans la rue»
Dans sa déclaration, à l’issue des travaux, le groupe parlementaire du parti présidentiel interpelle la patrie de Jaurès, Blum et de Gaulle. Tandis que, dans les couloirs de l’assemblée, la présidente du groupe FPI Simone Gbgbo, l’épouse du président, regrette que les initiatives françaises. «Aujourd’hui, tout ce que la France peut faire si elle refuse de nous aider à bouter les assaillants hors de Côte d’Ivoire, c’est de se mettre de côté». «Pour moi, la France, elle n’a qu’à rester tranquille et se mêler de ses affaires, elle nous a causé assez de problème comme ça», a notamment déclaré Simone Gbagbo à la télévision publique française.
Plus mesuré, l’autre grand groupe parlementaire, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), héritier de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, convient que les règles du jeu constitutionnelles sont transgressés. Il appelle donc à corriger ces anomalies. Mais, dans ce cadre constitutionnel, il appelle à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et constate que tous les partis ont paraphé et signé les accords de Marcoussis. Que, si tous ont réclamé un réaménagement des décisions du sommet, les mêmes ont réaffirmé leur soutien à ces accords. Il rappelle que Laurent Gbagbo a signé le décret de nomination du nouveau Premier ministre, Seydou Diarra. Et qu’on attend toujours qu’il vienne rendre compte à la Nation, ce que les députés du PDCI réclament désormais, avant de trancher. «Le peuple a accompagné le président de la République et l’a accueilli à son retour. Il est revenu, qu’il nous donne les nouvelles conformément à la coutume», a résumé le député Rémi Allah Kouadio.
Prudence également du côté des partis UDPCI et MFA. Cités par l’AFP, les partisans du défunt général Robert Gueï estiment en effet que Marcoussis constitue «une base de négociations qui pourrait se poursuivre avec le comité de suivi». C’est donc une assemblée conforme aux ambiguïtés de la vie politique ivoirienne qui a débattu mardi. La représentation nationale est soumise à de fortes turbulences qui contrarient la sérénité des débats, l’empêchent de travailler et, finalement, paralysent l’expression d’une vie publique normale, démocratique. C’est le risque souligné par le président de l’Assemblée, le député FPI Mamadou Koulibaly: «Le débat se poursuivra dans la rue si nous, les parlementaires, nous ne pouvons pas le trancher ici».
Première constatation: le président ivoirien ne peut pas s’appuyer sur une assemblée unanime. Les prises de positions épousent les clivages et hésitations qui marquent les nuances de la classe politique. Les interventions des élus du parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI), affichent une opposition radicale, tant aux accords de Marcoussis, qu’au traitement qui leur ont été réservés par les chefs d’Etat et autres parrains internationaux lors du sommet qui a suivi la table ronde. Sur les accords eux-mêmes, plusieurs dispositions ne passent pas, notamment celles qui élargissent les pouvoirs du Premier ministre, dépossédant symétriquement le chef de l’Etat des siens.
Selon le député de Gboguhué, ce transfert de souveraineté est tout simplement anticonstitutionnel, notamment en ce qui concerne la désignation-révocation du chef du gouvernement, l’agenda des travaux de l’assemblée nationale et la maîtrise du calendrier électoral. Mais l’un des principaux motifs de rejet des accords réside dans le profond sentiment d’injustice ressenti face à ce qui est régulièrement dénoncé comme un encouragement à prendre les armes: «Les députés du groupe parlementaire FPI constatent avec un réel étonnement que l’agression armée contre la Côte d’Ivoire n’a fait l’objet d’aucune condamnation lors de la table ronde (…). Cette absence de condamnation traduit, à notre sens, une prime à la rébellion et amène à s’interroger sur le sort des démocraties naissantes en Afrique». Evidemment, pour le FPI, «le principe de la présence de ces rebelles au gouvernement de la République pose (…) un grave problème».
«Le débat se poursuivra dans la rue»
Dans sa déclaration, à l’issue des travaux, le groupe parlementaire du parti présidentiel interpelle la patrie de Jaurès, Blum et de Gaulle. Tandis que, dans les couloirs de l’assemblée, la présidente du groupe FPI Simone Gbgbo, l’épouse du président, regrette que les initiatives françaises. «Aujourd’hui, tout ce que la France peut faire si elle refuse de nous aider à bouter les assaillants hors de Côte d’Ivoire, c’est de se mettre de côté». «Pour moi, la France, elle n’a qu’à rester tranquille et se mêler de ses affaires, elle nous a causé assez de problème comme ça», a notamment déclaré Simone Gbagbo à la télévision publique française.
Plus mesuré, l’autre grand groupe parlementaire, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), héritier de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, convient que les règles du jeu constitutionnelles sont transgressés. Il appelle donc à corriger ces anomalies. Mais, dans ce cadre constitutionnel, il appelle à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et constate que tous les partis ont paraphé et signé les accords de Marcoussis. Que, si tous ont réclamé un réaménagement des décisions du sommet, les mêmes ont réaffirmé leur soutien à ces accords. Il rappelle que Laurent Gbagbo a signé le décret de nomination du nouveau Premier ministre, Seydou Diarra. Et qu’on attend toujours qu’il vienne rendre compte à la Nation, ce que les députés du PDCI réclament désormais, avant de trancher. «Le peuple a accompagné le président de la République et l’a accueilli à son retour. Il est revenu, qu’il nous donne les nouvelles conformément à la coutume», a résumé le député Rémi Allah Kouadio.
Prudence également du côté des partis UDPCI et MFA. Cités par l’AFP, les partisans du défunt général Robert Gueï estiment en effet que Marcoussis constitue «une base de négociations qui pourrait se poursuivre avec le comité de suivi». C’est donc une assemblée conforme aux ambiguïtés de la vie politique ivoirienne qui a débattu mardi. La représentation nationale est soumise à de fortes turbulences qui contrarient la sérénité des débats, l’empêchent de travailler et, finalement, paralysent l’expression d’une vie publique normale, démocratique. C’est le risque souligné par le président de l’Assemblée, le député FPI Mamadou Koulibaly: «Le débat se poursuivra dans la rue si nous, les parlementaires, nous ne pouvons pas le trancher ici».
par Georges Abou
Article publié le 04/02/2003