Irak
Paris veut renforcer le régime des inspections
Consciente de la détermination de Washington à en découdre coûte que coûte avec le régime de Saddam Hussein, la France, qui reste convaincue que la guerre n’est pas inévitable, a présenté une série de propositions au Conseil de sécurité de l’ONU destinée à renforcer le régime des inspections en Irak. Pour la première fois en outre, Paris s’est dit prêt à se joindre à une action militaire au cas où la voie diplomatique échouerait, exigeant ainsi de Bagdad une coopération beaucoup plus active.
La France, qui cherche à tout prix à éviter l’impasse diplomatique, a plaidé mercredi pour un renforcement des inspections en Irak. Intervenant après le discours de plus d’une heure et demie du secrétaire d’Etat américain devant le Conseil de sécurité, le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a en effet estimé que l’exposé de Colin Powell avait apporté «une nouvelle justification à la voie choisie par les Nations unies», à savoir celle des inspections. «Entre l’intervention militaire et un régime d’inspections insuffisant en raison d’un défaut de coopération de l’Irak, il faut choisir un renforcement décisif des moyens d’inspections», a notamment affirmé le ministre français. Il a ainsi suggéré de «doubler voire tripler» le nombre d’experts sur le terrain et de déployer des gardes non armés chargés de maintenir sous surveillance les sites déjà contrôlés en Irak. Il a en outre proposé de mettre à disposition des experts de l’ONU les avions d’observations français Mirage IV basés en Arabie saoudite alors que Paris s’y était jusqu’à présent refusé dans le souci d’éviter d’intégrer ses forces dans un dispositif militaire américain. Dominique de Villepin a enfin souhaité la création d’un «centre de coordination et de traitement des informations» qui rendrait compte directement aux chefs des inspecteurs Hans Blix et Mohamed el-Baradeï. Il reste toutefois à savoir si un tel renforcement des inspections pourra être efficacement mis en place en moins de dix jours, avant le 14 février, date à laquelle les experts de l’Onu ont à nouveau rendez-vous devant le Conseil de sécurité pour un deuxième rapport détaillé sur le résultat de leurs travaux.
Outre ce panel de mesures, destiné à renforcer le régime des inspections, le chef de la diplomatie française a haussé le ton contre Bagdad, exigeant des Irakiens une coopération beaucoup plus active. Devant le conseil de sécurité, il a en effet affirmé que l’Irak devait «satisfaire sans délai, aux exigences» des experts en désarmement, laissant notamment entendre que les dix prochains jours pourraient être décisifs pour sauver la paix. Il a en effet estimé que la date du 14 février était cruciale pour Bagdad qui devra d’ici là donner la preuve de sa bonne volonté de coopérer. Selon lui, un manque de diligence du régime de Saddam Hussein pourrait lui être fatal. Dans ce contexte, Dominique de Villepin a donc réclamé de l’Irak qu’il accepte «la tenue sans témoin d’entretiens avec les scientifiques irakiens» et l’utilisation par les inspecteurs d’avions d’observation U2, ce que les autorités de Bagdad avaient jusqu’à présent refusé. Ce changement de ton en dit long sur l’embarras de la France qui, il y a quelques mois encore, s’était prononcée contre ces mêmes mesures réclamées à l’époque par Washington.
«Le risque irakien»
Sans doute soucieuse de ne pas être taxée de «pacifisme bêlant», la France n’a pas minimisé le danger que pourrait représenter le régime de Saddam Hussein. Dominique de Villepin a ainsi reconnu pour la première fois qu’il existait «un risque irakien» et qu’il fallait que Bagdad «apporte des réponses claires sur le fond, en particulier sur le dossier des armes chimiques et biologiques». Il a notamment évoqué des «présomptions significatives» concernant la production par l’Irak de gaz VX et d’ypérite ainsi que la possible détention de stocks de bacille du charbon et de toxines botuliques. Ce changement d’attitude qui révèle l’impatience des autorités françaises pourrait pousser Bagdad, aujourd’hui plus isolé que jamais, à coopérer plus activement avec les inspecteurs de l’ONU.
Dominique de Villepin a en outre insisté, et c’est également une première, sur le fait que la France était prête à se joindre à une action militaire si la diplomatie ne parvenait pas à dénouer la crise. «Si cette voie devait échouer et nous conduire à une impasse, alors nous n’exclurons aucune option, y compris, en dernière extrémité le recours à la force comme nous l’avons toujours dit», a notamment affirmé le ministre français. Il a toutefois souligné que le temps d’une nouvelle résolution n’était toujours pas venu. Sans doute une réponse à la proposition britannique de réunir le Conseil de sécurité pour obtenir son aval avant une intervention contre l’Irak. En se prononçant pour une telle résolution à laquelle Paris était favorable depuis le début de la crise, Londres avait espéré que la France se rallie enfin à sa position et à celle de Washington, mais ce n’est visiblement toujours pas le cas.
Outre ce panel de mesures, destiné à renforcer le régime des inspections, le chef de la diplomatie française a haussé le ton contre Bagdad, exigeant des Irakiens une coopération beaucoup plus active. Devant le conseil de sécurité, il a en effet affirmé que l’Irak devait «satisfaire sans délai, aux exigences» des experts en désarmement, laissant notamment entendre que les dix prochains jours pourraient être décisifs pour sauver la paix. Il a en effet estimé que la date du 14 février était cruciale pour Bagdad qui devra d’ici là donner la preuve de sa bonne volonté de coopérer. Selon lui, un manque de diligence du régime de Saddam Hussein pourrait lui être fatal. Dans ce contexte, Dominique de Villepin a donc réclamé de l’Irak qu’il accepte «la tenue sans témoin d’entretiens avec les scientifiques irakiens» et l’utilisation par les inspecteurs d’avions d’observation U2, ce que les autorités de Bagdad avaient jusqu’à présent refusé. Ce changement de ton en dit long sur l’embarras de la France qui, il y a quelques mois encore, s’était prononcée contre ces mêmes mesures réclamées à l’époque par Washington.
«Le risque irakien»
Sans doute soucieuse de ne pas être taxée de «pacifisme bêlant», la France n’a pas minimisé le danger que pourrait représenter le régime de Saddam Hussein. Dominique de Villepin a ainsi reconnu pour la première fois qu’il existait «un risque irakien» et qu’il fallait que Bagdad «apporte des réponses claires sur le fond, en particulier sur le dossier des armes chimiques et biologiques». Il a notamment évoqué des «présomptions significatives» concernant la production par l’Irak de gaz VX et d’ypérite ainsi que la possible détention de stocks de bacille du charbon et de toxines botuliques. Ce changement d’attitude qui révèle l’impatience des autorités françaises pourrait pousser Bagdad, aujourd’hui plus isolé que jamais, à coopérer plus activement avec les inspecteurs de l’ONU.
Dominique de Villepin a en outre insisté, et c’est également une première, sur le fait que la France était prête à se joindre à une action militaire si la diplomatie ne parvenait pas à dénouer la crise. «Si cette voie devait échouer et nous conduire à une impasse, alors nous n’exclurons aucune option, y compris, en dernière extrémité le recours à la force comme nous l’avons toujours dit», a notamment affirmé le ministre français. Il a toutefois souligné que le temps d’une nouvelle résolution n’était toujours pas venu. Sans doute une réponse à la proposition britannique de réunir le Conseil de sécurité pour obtenir son aval avant une intervention contre l’Irak. En se prononçant pour une telle résolution à laquelle Paris était favorable depuis le début de la crise, Londres avait espéré que la France se rallie enfin à sa position et à celle de Washington, mais ce n’est visiblement toujours pas le cas.
par Mounia Daoudi
Article publié le 06/02/2003