Côte d''Ivoire
Désaccords chez les rebelles
La première rencontre officielle entre les trois mouvements rebelles (MPCI, MJP et MPIGO), qui s’est tenue jeudi 6 février à Man (la «capitale» du cacao, dans l’ouest du pays), a tourné court. A l’issue d’une journée de discussions houleuses, un communiqué officiel a confirmé les divergences profondes qui existent entre eux, sur la stratégie à adopter en ce moment, à la veille d’un sommet de chefs d’Etat qui devrait favoriser la «sortie de la crise» et la «réconciliation nationale». Et de l’intervention attendue du président Laurent Gbagbo.
La rencontre de Man a une nouvelle fois mis en évidence les divergences qui existent entre le MPCI, partisan cette fois-ci d’un simple ultimatum aux autorités abidjanaises et les deux autres groupes, favorables à la reprise immédiate des hostilités. Le désaccord n’a pas pu être caché et s’est manifesté même en dehors de la rencontre, lorsqu’une vive tension est apparue, selon l’envoyé spécial de l’AFP : on pouvait voir des responsables des divers mouvements, dont les frontières paraissent de plus en plus floues, s’affronter verbalement en public, entourés de leurs gardes rapprochées respectives surarmées.
Cette tension est apparue jeudi après-midi, après un déjeuner commun caractérisé par la franche bonne humeur affichée par tous les principaux rebelles. Des milliers d’hommes en armes étaient présents sur les lieux de la rencontre, et la démonstration de force était évidente, toujours selon l’AFP : de nombreux véhicules militarisés étaient garés dans l’enceinte sportive où s’est tenue la réunion et les treillis supplantaient de très loin les costumes de ville dans la tribune officielle.
Le fameux «sergent Félix Doh» n’est en réalité ni sergent ni Félix ni Doh
Depuis plusieurs jours les rebelles du MPCI - le premier mouvement apparu après la rébellion du 19 septembre - avaient laissé entendre que la rencontre de Man devait aboutir à un ultimatum au chef de l’Etat ivoirien, pour qu’il commence à appliquer l’accord de Marcoussis signé le 24 janvier dernier. Et Guillaume Soro d’ajouter néanmoins, à Man, que ses rebelles sont prêts à aller «jusqu’à la victoire finale». «Et la victoire finale, si M. Gbagbo refuse d’appliquer Marcoussis, c’est d’aller à Abidjan prendre le pouvoir», a-t-il précisé. Ce que réclament pour tout de suite les deux autres mouvements, mais aussi certains chefs rebelles officiellement membres du MPCI, comme Zacharias Koné, qui contrôle la région de Vavoa, et qui depuis toujours est opposé à tout accord avec le pouvoir central.
Le MJP et le MPIGO auraient même voulu lancer leurs troupes à l’assaut d’Abidjan dès la fin du discours de Gbagbo attendu pour ce vendredi soir, sans même tenir compte de son contenu. Parallèlement, ces deux mouvements dépourvus de tout programme politique, voudraient harceler de nouveau l’armée française, qui tient toujours la ville de Duékoué, pour prendre celle-ci et ensuite poursuivre leur descente vers le port stratégique de San Pedro. Ce que Guillaume Soro, leader politique du MPCI, aurait catégoriquement refusé, afin de préserver la reconnaissance de facto obtenue à Marcoussis (France) comme à New York (ONU) par la rébellion..
Ces divergences ont empêché les trois mouvements d’aboutir à un compromis, mais elles confirment aussi que l’apparition soudaine, en novembre de deux autres mouvements, dans le Grand Ouest, en partie avec l’appui directe «d’éléments libériens» ne s’est pas faite sans douleur. Et ce d’autant plus que l’identité réelle des leaders du MPIGO est longtemps restée mystérieuse : le fameux «sergent Félix Doh» qui s’était présenté comme le chef du MPIGO n’est en réalité ni sergent ni Félix ni Doh. Il l’a lui même admis, récemment lors d’une conférence de presse, en confirmant qu’il s’appelle en réalité Ndri N’Guessan et surtout qu’il n’est nullement un Yacouba originaire de l’ouest, mais bel et bien un Baoulé du Centre. Ce qui détruit la thèse, soutenue notamment par l’AFP, que le MPIGO n’était qu’une organisation rebelle composée de Yacouba voulant «venger l’assassinat» de Robert Gueï, lui-même originaire de cette région.
Enfin, et c’est sans doute le plus grave, les désaccords qui persistent entre les mouvements rebelles rendent encore plus difficile l’indispensable réconciliation nationale, à l’heure où l’on s’attend que le président ivoirien s’adresse à la nation. Laurent Gbagbo devrait annoncer qu’il accepte l’accord de Marcoussis, en dépit des prises de position hostiles de ses partisans les plus extrémistes, tout en proposant un nouveau plan de «sortie de la crise» tenant compte de toutes les différences apparues ces derniers jours dans le camp des loyalistes, notamment entre le FPI de Gbagbo et le PDCI de Bédié.
Cette tension est apparue jeudi après-midi, après un déjeuner commun caractérisé par la franche bonne humeur affichée par tous les principaux rebelles. Des milliers d’hommes en armes étaient présents sur les lieux de la rencontre, et la démonstration de force était évidente, toujours selon l’AFP : de nombreux véhicules militarisés étaient garés dans l’enceinte sportive où s’est tenue la réunion et les treillis supplantaient de très loin les costumes de ville dans la tribune officielle.
Le fameux «sergent Félix Doh» n’est en réalité ni sergent ni Félix ni Doh
Depuis plusieurs jours les rebelles du MPCI - le premier mouvement apparu après la rébellion du 19 septembre - avaient laissé entendre que la rencontre de Man devait aboutir à un ultimatum au chef de l’Etat ivoirien, pour qu’il commence à appliquer l’accord de Marcoussis signé le 24 janvier dernier. Et Guillaume Soro d’ajouter néanmoins, à Man, que ses rebelles sont prêts à aller «jusqu’à la victoire finale». «Et la victoire finale, si M. Gbagbo refuse d’appliquer Marcoussis, c’est d’aller à Abidjan prendre le pouvoir», a-t-il précisé. Ce que réclament pour tout de suite les deux autres mouvements, mais aussi certains chefs rebelles officiellement membres du MPCI, comme Zacharias Koné, qui contrôle la région de Vavoa, et qui depuis toujours est opposé à tout accord avec le pouvoir central.
Le MJP et le MPIGO auraient même voulu lancer leurs troupes à l’assaut d’Abidjan dès la fin du discours de Gbagbo attendu pour ce vendredi soir, sans même tenir compte de son contenu. Parallèlement, ces deux mouvements dépourvus de tout programme politique, voudraient harceler de nouveau l’armée française, qui tient toujours la ville de Duékoué, pour prendre celle-ci et ensuite poursuivre leur descente vers le port stratégique de San Pedro. Ce que Guillaume Soro, leader politique du MPCI, aurait catégoriquement refusé, afin de préserver la reconnaissance de facto obtenue à Marcoussis (France) comme à New York (ONU) par la rébellion..
Ces divergences ont empêché les trois mouvements d’aboutir à un compromis, mais elles confirment aussi que l’apparition soudaine, en novembre de deux autres mouvements, dans le Grand Ouest, en partie avec l’appui directe «d’éléments libériens» ne s’est pas faite sans douleur. Et ce d’autant plus que l’identité réelle des leaders du MPIGO est longtemps restée mystérieuse : le fameux «sergent Félix Doh» qui s’était présenté comme le chef du MPIGO n’est en réalité ni sergent ni Félix ni Doh. Il l’a lui même admis, récemment lors d’une conférence de presse, en confirmant qu’il s’appelle en réalité Ndri N’Guessan et surtout qu’il n’est nullement un Yacouba originaire de l’ouest, mais bel et bien un Baoulé du Centre. Ce qui détruit la thèse, soutenue notamment par l’AFP, que le MPIGO n’était qu’une organisation rebelle composée de Yacouba voulant «venger l’assassinat» de Robert Gueï, lui-même originaire de cette région.
Enfin, et c’est sans doute le plus grave, les désaccords qui persistent entre les mouvements rebelles rendent encore plus difficile l’indispensable réconciliation nationale, à l’heure où l’on s’attend que le président ivoirien s’adresse à la nation. Laurent Gbagbo devrait annoncer qu’il accepte l’accord de Marcoussis, en dépit des prises de position hostiles de ses partisans les plus extrémistes, tout en proposant un nouveau plan de «sortie de la crise» tenant compte de toutes les différences apparues ces derniers jours dans le camp des loyalistes, notamment entre le FPI de Gbagbo et le PDCI de Bédié.
par Elio Comarin
Article publié le 07/02/2003