Irak
Les réactions au conseil de sécurité
Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Espagne, Syrie et Chili notamment ont réagi au rapport des inspecteurs.
Etats-Unis: de "graves conséquences" pour l'Irak
Le secrétaire d’Etat Colin Powell a, contre toute attente, usé d’un ton mesuré lors de son intervention devant le Conseil de sécurité. Répondant à Dominique de Villepin qui avait évoqué son «vieux pays», la France, le chef de la diplomatie américaine a déclaré en contrepartie appartenir à «la plus vieille démocratie du monde» qui, selon lui, s’est de tout temps battu pour le respect du droit et de la liberté. Il a rappelé que la résolution 1441 de l’ONU portait «sur le désarmement et non sur les inspections». Dans ce contexte, a-t-il dit, «nous n’avons pas constaté le niveau de coopération attendu» de la part des autorités irakiennes. Colin Powell a certes reconnu qu’«une amélioration sur le plan de la procédure» avait certes été enregistrée. Mais a-t-il souligné, «il s’agit de ruses et de subterfuges destinés à tromper la communauté internationale». «Rien ne prouve, a-t-il insisté, que la coopération de l’Irak est pleine et entière».
Le secrétaire d’Etat a par ailleurs estimé que l’Irak était en «violation patente» de la résolution 1441. Selon lui en effet, en présentant une déclaration fausse sur son désarmement et en ne coopérant pas activement avec les inspecteurs, les autorités irakiennes se sont mises en infraction avec l’ONU. «Mes amis, ils ne peuvent pas s’en tirer une fois de plus», a ainsi insisté Colin Powell pour qui le Conseil de sécurité doit être désormais prêt à examiner «dans un avenir très proche» de possibles «graves conséquences» pour l'Irak sur son refus de se conformer aux décisions des Nations unies.
France: l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui
Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française, s’appuyant sur les rapports de Hans Blix et Mohamed el-Baradeï, a affirmé que Bagdad avait fait «des progrès réels» dans sa coopération avec les inspecteurs de l’ONU. Il a rappelé que les autorités irakiennes avaient notamment autorisé le survol de leur territoire par des avions espions et autorisé les entretiens privés avec des scientifiques irakiens. «Les inspections donnent des résultats» a-t-il ainsi affirmé tout en appelant à maintenir la pression sur le régime de Bagdad pour lequel la France, a-t-il rappelé, n’a aucune «complaisance». «La voie des inspections peut-être efficace» a également déclaré le ministre français en rappelant que la France, soutenue par l’Allemagne, avait proposé une série de mesures «pratiques et concrètes» destinées à renforcer le régime des inspections en Irak. Ces mesures, a-t-il précisé, sont «dans l’esprit de la résolution 1441 et ne nécessitent donc pas de nouvelle résolution». Le ministre français a dans ce contexte demandé une nouvelle réunion du Conseil de sécurité le 14 mars au niveau ministériel, pour «évaluer la situation» en Irak.
Soulignant la nécessité de lutter contre le terrorisme, le ministre français a par ailleurs déclaré qu’«en l'état actuel des recherches et informations rien ne permettait d'établir des liens» entre l'Irak et Al-Qaïda. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de poursuivre les inspections en affirmant que «l’usage de la force ne se justifiait pas et qu’il y avait une alternative à la guerre». Dominique de Villepin a enfin conclu son intervention par une vibrante défense «d'un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien», qui «se tient debout face à l'histoire et devant les hommes», dans une critique à peine voilée aux propos du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Il avait auparavant dénoncé l’accusation de Colin Powell selon laquelle les propositions franco-allemandes visaient à «sauver la mise» au régime de Saddam Hussein.
Russie: poursuivre les inspections
Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères considère que "les inspecteurs doivent poursuivre leurs inspections" parce "qu'il y a un mouvement dans la bonne direction" de la part de l'Irak. Le chef de la diplomatie russe demande néanmoins à Bagdad d'augmenter sa coopération avec les inspecteurs. Pour lui, le conseil de sécurité doit continuer à "fournir aux inspecteurs toute l'assistance nécessaire".
Royaune Uni: Saddam doit changer d'attitude pour éviter la guerre
Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères juge qu'un "changement d'attitude total et immédiat" de la part de Saddam Hussein est nécessaire pour éviter la guerre. Le chef de la diplomatie britannique estime que le conseil de sécurité doit savoir faire face au "tyran" et s'en tenir "aux décisions prises au cas où l'Irak ne mettrait pas fin à son attitude de défi." Selon le chef de la diplomatie britannique, la question "cruciale" n'est "pas une question de temps mais une question de coopération".
Chine: donner du temps aux inspecteurs
Tang Jiaxuan, ministre des Affaires étrangères chinois se prononce en faveur de la poursuite des inspections en Irak. Le chef de la diplomatie chinoise a également exhorté Saddam Hussein et son régime à faire preuve de plus de coopération avec les inspecteurs. "Le travail d'inspection a premis d'enregistrer des progrès et de clarifier un certain nombre de questions", estime Tang Jiaxuan, "les inspections fonctionnent et il faut donner aux inspecteurs le temps dont ils ont besoin."
Espagne: maintenir la pression sur Bagdad
Soledad Alvear, ministre des Affaires étrangères du Chili estime que "le processus d'inspections doit se poursuivre et s'approfondir". "Le maintien de la pression s'est révélé comme le seul chemin" à suivre envers Bagdad, c'est pourquoi "il doit se poursuivre", a-t-elle dit. La ministre chilienne a estimé "qu'il y a encore des attitudes négatives et dilatoires qui alimentent les soupçons sur la présence d'armes de destruction massive".
Syrie: les inspections produisent des résultats
Le ministre syrien des affaires étrangères, Farouk Al Chareh, estime que "les inspections produisent des résultats importants". Selon le chef de la diplomatie syrienne "le conseil de sécurité doit continuer à soutenir les inspecteurs et leur accorder le temps nécessaire à l'accomplissement de leur tâche". Farouk Al-Chareh a souligné que son pays soutenait la proposition française visant à renforcer le régime des inspections.
Irak: Bagdad disposé à davantage de coopération
L’ambassadeur irakien aux Nations unies, Mohamed al-Douri, a réaffirmé devant le Conseil de sécurité que son pays avait accepté de «coopérer pleinement» avec les experts en désarmement. Il a notamment rappelé que les inspecteurs ont eu accès à tous les sites qu’ils souhaitaient visiter et que les autorités irakiennes avaient autorisé le survol de leur territoire. Parallèlement et depuis Rome où il a rencontré le pape Jean-Paul II, le vice-Premier ministre Tarek Aziz a confirmé que Bagdad était «disposé à davantage de coopération avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU». Il a en outre affirmé que les Etats-Unis étaient «minoritaires au sein de la communauté internationale». Il a enfin estimé que «la participation des pays chrétiens à une guerre d’agression contre l’Irak serait interprétée comme une croisade contre les arabes et l’islam».
Le secrétaire d’Etat Colin Powell a, contre toute attente, usé d’un ton mesuré lors de son intervention devant le Conseil de sécurité. Répondant à Dominique de Villepin qui avait évoqué son «vieux pays», la France, le chef de la diplomatie américaine a déclaré en contrepartie appartenir à «la plus vieille démocratie du monde» qui, selon lui, s’est de tout temps battu pour le respect du droit et de la liberté. Il a rappelé que la résolution 1441 de l’ONU portait «sur le désarmement et non sur les inspections». Dans ce contexte, a-t-il dit, «nous n’avons pas constaté le niveau de coopération attendu» de la part des autorités irakiennes. Colin Powell a certes reconnu qu’«une amélioration sur le plan de la procédure» avait certes été enregistrée. Mais a-t-il souligné, «il s’agit de ruses et de subterfuges destinés à tromper la communauté internationale». «Rien ne prouve, a-t-il insisté, que la coopération de l’Irak est pleine et entière».
Le secrétaire d’Etat a par ailleurs estimé que l’Irak était en «violation patente» de la résolution 1441. Selon lui en effet, en présentant une déclaration fausse sur son désarmement et en ne coopérant pas activement avec les inspecteurs, les autorités irakiennes se sont mises en infraction avec l’ONU. «Mes amis, ils ne peuvent pas s’en tirer une fois de plus», a ainsi insisté Colin Powell pour qui le Conseil de sécurité doit être désormais prêt à examiner «dans un avenir très proche» de possibles «graves conséquences» pour l'Irak sur son refus de se conformer aux décisions des Nations unies.
France: l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui
Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française, s’appuyant sur les rapports de Hans Blix et Mohamed el-Baradeï, a affirmé que Bagdad avait fait «des progrès réels» dans sa coopération avec les inspecteurs de l’ONU. Il a rappelé que les autorités irakiennes avaient notamment autorisé le survol de leur territoire par des avions espions et autorisé les entretiens privés avec des scientifiques irakiens. «Les inspections donnent des résultats» a-t-il ainsi affirmé tout en appelant à maintenir la pression sur le régime de Bagdad pour lequel la France, a-t-il rappelé, n’a aucune «complaisance». «La voie des inspections peut-être efficace» a également déclaré le ministre français en rappelant que la France, soutenue par l’Allemagne, avait proposé une série de mesures «pratiques et concrètes» destinées à renforcer le régime des inspections en Irak. Ces mesures, a-t-il précisé, sont «dans l’esprit de la résolution 1441 et ne nécessitent donc pas de nouvelle résolution». Le ministre français a dans ce contexte demandé une nouvelle réunion du Conseil de sécurité le 14 mars au niveau ministériel, pour «évaluer la situation» en Irak.
Soulignant la nécessité de lutter contre le terrorisme, le ministre français a par ailleurs déclaré qu’«en l'état actuel des recherches et informations rien ne permettait d'établir des liens» entre l'Irak et Al-Qaïda. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de poursuivre les inspections en affirmant que «l’usage de la force ne se justifiait pas et qu’il y avait une alternative à la guerre». Dominique de Villepin a enfin conclu son intervention par une vibrante défense «d'un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien», qui «se tient debout face à l'histoire et devant les hommes», dans une critique à peine voilée aux propos du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Il avait auparavant dénoncé l’accusation de Colin Powell selon laquelle les propositions franco-allemandes visaient à «sauver la mise» au régime de Saddam Hussein.
Russie: poursuivre les inspections
Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères considère que "les inspecteurs doivent poursuivre leurs inspections" parce "qu'il y a un mouvement dans la bonne direction" de la part de l'Irak. Le chef de la diplomatie russe demande néanmoins à Bagdad d'augmenter sa coopération avec les inspecteurs. Pour lui, le conseil de sécurité doit continuer à "fournir aux inspecteurs toute l'assistance nécessaire".
Royaune Uni: Saddam doit changer d'attitude pour éviter la guerre
Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères juge qu'un "changement d'attitude total et immédiat" de la part de Saddam Hussein est nécessaire pour éviter la guerre. Le chef de la diplomatie britannique estime que le conseil de sécurité doit savoir faire face au "tyran" et s'en tenir "aux décisions prises au cas où l'Irak ne mettrait pas fin à son attitude de défi." Selon le chef de la diplomatie britannique, la question "cruciale" n'est "pas une question de temps mais une question de coopération".
Chine: donner du temps aux inspecteurs
Tang Jiaxuan, ministre des Affaires étrangères chinois se prononce en faveur de la poursuite des inspections en Irak. Le chef de la diplomatie chinoise a également exhorté Saddam Hussein et son régime à faire preuve de plus de coopération avec les inspecteurs. "Le travail d'inspection a premis d'enregistrer des progrès et de clarifier un certain nombre de questions", estime Tang Jiaxuan, "les inspections fonctionnent et il faut donner aux inspecteurs le temps dont ils ont besoin."
Espagne: maintenir la pression sur Bagdad
Soledad Alvear, ministre des Affaires étrangères du Chili estime que "le processus d'inspections doit se poursuivre et s'approfondir". "Le maintien de la pression s'est révélé comme le seul chemin" à suivre envers Bagdad, c'est pourquoi "il doit se poursuivre", a-t-elle dit. La ministre chilienne a estimé "qu'il y a encore des attitudes négatives et dilatoires qui alimentent les soupçons sur la présence d'armes de destruction massive".
Syrie: les inspections produisent des résultats
Le ministre syrien des affaires étrangères, Farouk Al Chareh, estime que "les inspections produisent des résultats importants". Selon le chef de la diplomatie syrienne "le conseil de sécurité doit continuer à soutenir les inspecteurs et leur accorder le temps nécessaire à l'accomplissement de leur tâche". Farouk Al-Chareh a souligné que son pays soutenait la proposition française visant à renforcer le régime des inspections.
Irak: Bagdad disposé à davantage de coopération
L’ambassadeur irakien aux Nations unies, Mohamed al-Douri, a réaffirmé devant le Conseil de sécurité que son pays avait accepté de «coopérer pleinement» avec les experts en désarmement. Il a notamment rappelé que les inspecteurs ont eu accès à tous les sites qu’ils souhaitaient visiter et que les autorités irakiennes avaient autorisé le survol de leur territoire. Parallèlement et depuis Rome où il a rencontré le pape Jean-Paul II, le vice-Premier ministre Tarek Aziz a confirmé que Bagdad était «disposé à davantage de coopération avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU». Il a en outre affirmé que les Etats-Unis étaient «minoritaires au sein de la communauté internationale». Il a enfin estimé que «la participation des pays chrétiens à une guerre d’agression contre l’Irak serait interprétée comme une croisade contre les arabes et l’islam».
par Mounia Daoudi et Philippe Couve
Article publié le 14/02/2003