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Corée

Le nucléaire de Pyongyang devant le Conseil de sécurité

Par 31 voix et deux abstentions, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a décidé de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU de la violation par la Corée du Nord de ses obligations de non-prolifération nucléaire. Cette saisine du Conseil peut, à terme, ouvrir la voie à des sanctions contre Pyongyang si le régime n’honore pas ses engagements. A ce stade, l’AIEA n’a pas réclamé de sanctions contre la Corée du Nord. Cette décision, qui replace l’affaire dans un cadre multilatéral est accueillie avec satisfaction aux Etats-Unis qui se félicitent du soutien de la communauté internationale à cette occasion. En revanche la Russie et la Chine, ex-partenaires stratégiques de Pyongyang, estiment que la décision est prématurée et que tous les recours bilatéraux, américano-nord-coréens notamment, n’ont pas été épuisés.
Une nouvelle étape est franchie. En remettant l'affaire sur le bureau du Conseil de sécurité, l'Agence internationale de l'énergie atomique renvoie formellement le dossier à la communauté internationale et l'engage vers une approche multilatérale. Washington, qui est au cœur du contentieux avec Pyongyang, s'en félicite. Le porte-parole de la Maison Blanche a déclaré la satisfaction de son pays après la résolution massivement adoptée par l’agence atomique. Ari Fleischer a rappelé que son administration préconisait la résolution de la crise par «la diplomatie et de manière multilatérale». Et il a souligné que la décision de l’AIEA «démontre qu’il ne s’agit pas d’un problème bilatéral entre les Etats-Unis et la Corée du Nord mais d’une crise entre la Corée du Nord et le monde».

Cet argument de poids vient au secours des Américains qui tentent d’échapper au face-à-face que les Nord-coréens veulent leur imposer depuis la révélation de la relance de leur programme nucléaire, en septembre 2002, au mépris de la signature du traité de non-prolifération nucléaire. Pyongyang estime en effet que Washington n’a pas rempli tous ses engagements, tant sur le plan diplomatique que sur celui de la coopération en matière d’énergie. Le régime s’est engagé dans un bras de fer menaçant qui tombe fort mal pour des Américains préoccupés par d’autres fronts.

Pourtant la méthode préconisée par l’AIEA suscite des réserves. La Chine, ex-partenaire stratégique, de la Corée du Nord continue de privilégier l’approche bilatérale de la question. «Bien que cette question touche à la sécurité régionale et au mécanisme de non-prolifération, et inquiète la communauté internationale, la Chine considère que la solution du problème passe essentiellement par un dialogue entre les Etats-Unis et la Corée du Nord». Les Américains mènent donc également une bataille diplomatique pour persuader les Chinois du contraire et demandent qu’ils fassent pression sur Pyongyang pour l’amener à abandonner l’option nucléaire.

Traitement différencié entre Bagdad et Pyongyang

La position du ministère russe de Affaires étrangères est proche de celle de Pékin. «Soulever cette question à ce stade au Conseil de sécurité de l’ONU est prématuré et contre-productif», déclare le communiqué publié mercredi soir. La Russie est l’un des pays qui se sont abstenu durant le vote à l’AIEA.

Dans la région, «le Japon espère vivement que la Corée du Nord va prendre cette décision au sérieux et va immédiatement reprendre ses discussions avec l'AIEA et abandonner rapidement son programme nucléaire de manière vérifiable par des inspecteurs». De son côté, la Corée du Sud appelle Pyongyang à profiter de la «fenêtre d'opportunité» ouverte par l'AIEA car le Conseil de sécurité «peut faciliter les efforts diplomatiques par son prestige et son influence». Les deux pays voisins se sentent d’autant plus menacés que la Corée du Nord franchi un pas, en début d’année, en annonçant son retrait du traité de non-prolifération nucléaire.

Pyongyang a réagi en lançant un avertissement, fidèle à sa logique de menace du «faible au fort». Les autorités ont réclamé à leur tour une enquête de l’ONU sur les Etats-Unis et brandi leur capacité de riposte militaire, annonçant leur disposition à frapper «tout personnel militaire et tout commandement militaire des Etats-Unis dans le monde».

Dans le contexte d’avant-guerre au Moyent-Orient, et de stigmatisation des opposants aux projets américains, la chancelier allemand a manifesté jeudi son incompréhension devant la différence de traitement appliquée par Washington entre l’Irak et la Corée du Nord.



par Georges  Abou

Article publié le 13/02/2003