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Union européenne

Sommet de conciliation des Quinze sur l’Irak

Les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze réunis en sommet extraordinaire sur la situation en Irak tentent de recoller les morceaux d'une unité européenne mise à mal au cours des dernières semaines. Avec, en toile de fond, la possibilité ou non pour l’Europe de mener une politique étrangère autonome de celle des Etats-Unis.
La Commission européenne espère que l’Europe «s’exprimera clairement d’une voix» sur l’Irak, à l’issue du sommet extraordinaire convoqué par la présidence grecque afin de tenter de mettre un terme aux oppositions entre «pacifistes» et tenants d’une intervention militaire rapide. Il n’est pas certain, cependant, que les Quinze aboutissent à une position commune et, si c’était le cas, il est peu probable qu’elle soit vraiment claire.

L’opération a déjà été tentée, le 27 janvier dernier, quand, après une réunion des ministres des Affaires étrangères des Quinze, une déclaration commune réaffirmant le rôle central des Nations unies dans la crise avait été rendue publique. Trois jours plus tard, cinq pays membres de l’Union européenne (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Danemark et Portugal) et trois pays entrants (Pologne, Hongrie, Tchéquie) signaient la «lettre des Huit» en soutien au président américain Bush.

Depuis, les relations sont devenues difficiles au sein de la communauté, entre la France et l’Allemagne, rejointes depuis peu par la Belgique, qui défendent la poursuite des inspections de désarmement des Nations unies en Irak et les autres, menés par le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Le désaccord au sein de l’Union européenne s’est manifesté avant le Conseil de sécurité des Nations unies dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne sont membres, ainsi qu’à la réunion de l’Otan destinée à aider la Turquie à faire face aux hostilités en Irak.

Reproches réciproques

Mais depuis, la position des pacifistes s’est trouvée renforcée par la teneur du rapport de Hans Blix et Mohamed El-Baradei, inspecteurs de l’ONU, vendredi devant le Conseil de sécurité, et par l’ampleur inattendue des manifestations hostiles à la guerre en Irak, samedi dans les capitales européennes. Les 500 000 manifestants en Allemagne et à peu près autant en France sont, de ce point de vue, moins déterminants que le million de Britanniques, les trois millions d’Italiens et les quatre millions d’Espagnols désavouant la position de leur gouvernement.

Un rapprochement très net de la position des uns et des autres n’est guère probable et les chefs d’Etat et de gouvernement devraient trouver un terrain d’entente sur un délai supplémentaire laissé aux inspecteurs. Il sera en revanche beaucoup plus difficile de tomber d’accord sur une date-butoir qui pourrait être interprétée comme un ultimatum à l’Irak et donc un «prétexte» pour les Etats-Unis à intervenir. Pas d’accord en vue, non plus, sur la nécessité d’une deuxième résolution de l’ONU en préalable à une intervention militaire.

De plus, dans ces discussions au sommet c’est l’avenir de la politique étrangère commune qui est en jeu. L’Europe des Quinze et bientôt des Vingt-Cinq est-elle en mesure d’élaborer une politique étrangère autonome, y compris divergente de celle des Etats-Unis, tout en maintenant la solidarité transatlantique à laquelle beaucoup de pays européens sont attachés. Au-delà même de leur différence d’appréciation sur les moyens de désarmer l’Irak les Européens se reprochent leur attitude par rapport la superpuissance mondiale. France et Allemagne seraient des pays ingrats, oublieux du rôle des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Ces deux pays auraient également concocté un axe Paris-Berlin sans en référer aux autres européens. Quand aux pays qui ont manifesté leur soutien à la politique des Etats-Unis, il sont accusés, comme l’a fait le leader de l’opposition socialiste espagnole José Luis Rodriguez Zapatero, de représenter davantage le président Bush que leurs propres citoyens.



par Francine  Quentin

Article publié le 17/02/2003