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Médias

La difficile naissance d’une «CNN à la française»

Lors de la dernière campagne présidentielle, Jacques Chirac avait plaidé pour la création d'une «grande chaîne d'information internationale en français, capable de rivaliser avec la BBC ou CNN». Un an plus tard, il semblerait que ce souhait prenne des allures plus concrètes. En effet, les acteurs de l'audiovisuel public - France Télévisions, TV5, RFI, Arte et RFO - ont annoncé qu’ils allaient prochainement présenter un projet commun de chaîne autonome d’information à vocation internationale. En dix ans, les gouvernements successifs ont réfléchi à cette chaîne, sans aucun résultat.
La future chaîne internationale d'information a longtemps attisé les convoitises, mais depuis quelques semaines, il semblerait qu’elle prenne une tournure plus concrète. Ainsi, lors d’une audition commune, à l’Assemblée nationale, le 12 février dernier, devant la Mission d’information sur la création d’une télévision française d’information à vocation internationale, Ghislain Achard, directeur général délégué du groupe France Télévisions, Serge Adda, PDG de TV5 Monde et Jean-Paul Cluzel, PDG de RFI ont annoncé la présentation «dans les semaines prochaines» d’un projet dans lequel ils réuniraient leurs compétences et leur savoir-faire tout en ajoutant qu’ils étaient ouverts «à des partenariats avec l’Agence France Presse (AFP) ainsi que des producteurs et opérateurs audiovisuels privés».

Tous ces acteurs ont une idée bien précise de cette future «CNN à la française». Jean-Paul Cluzel, qui milite depuis très longtemps pour cette chaîne, a déclaré qu’elle devait être «d’influence et destinée à présenter une vision française de l’actualité internationale et non pas un remake de chaînes existantes (…) Elle doit être en français, en arabe et en anglais avec des publics différents et des contenus légèrement différents». Quant à Ghislain Achard, il a expliqué qu’elle devrait être «faite par une rédaction indépendante et professionnelle et refléter la vision française du monde, mais aussi ce qu’est la France dans sa diversité».

Une solution public-privé n’est pas à exclure

Le ministère des Affaires étrangères qui pilote ce projet au niveau gouvernemental, a confié à la fin de l’année dernière, à Philippe Baudillon, diplomate, une mission technique de trois mois pour examiner la question éventuelle de cette chaîne. Il devrait remettre un rapport d’ici juin 2003 et définir le cahier des charges afin de trouver une traduction dans le projet de loi de finances pour 2004. Outre l’audition de Serge Adda, Ghislain Achard et Jean-Paul Cluzel, la mission a également entendu Philippe Cayla, directeur général d’Euronews et Jean-Claude Dassier, directeur général de LCI. Marc Tessier, président de France télévisions, l’AFP et RFO devrait être respectivement entendu, le 5, 19 et 25 mars prochains. Le projet annoncé le 12 février par les dirigeants de France Télévisions, TV5 et RFI est «un projet parmi d’autres», a tenu a préciser François Rochebloine, président de la Mission d’information et député UDF de la Loire. Selon une source proche du dossier, une solution mixte public-privé ne serait pas à exclure.

Le 14 février, sur France Inter, Jean-Jacques Aillagon, ministre français de la Culture et de la Communication, a exprimé son souhait de voir naître cette chaîne qui «aurait une vocation à être amarrée au service public de la télévision, en association avec les autres sociétés nationales qui traitent l’information, je pense à RFI et à l’AFP, grande agence d’information d’expression française». «L’idée a été lancée, le sujet est complexe, nous y verrons plus clair l’été prochain», a-t-il ajouté, en estimant «qu’aucun projet privé ne s’était présenté à ce jour».

Il est vrai que dans le contexte actuel - probable guerre en Irak, événements du 11 septembre 2001, événements en Côte d’Ivoire …etc. - la France n’a pas, actuellement, à sa disposition une chaîne de télévision pouvant rivaliser avec CNN, la BBC ou Al Jazira. Au cours de ses vœux à la presse, le 9 janvier dernier, le président français a d’ailleurs évoqué à ce titre son «désir de voir la France davantage présente dans la bataille des images».



par Clarisse  VERNHES (avec AFP)

Article publié le 19/02/2003