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Australie

Melbourne se mobilise contre la guerre en Irak

Plus de 150 000 personnes ont défilé dans les rues de Melbourne, le jour de la Saint Valentin. Il s’agit là de la plus grande manifestation en Australie depuis trente ans, au moment de la guerre du Vietnam. Cet événement, dont l’ampleur a surpris tout le monde, marque le fossé qui sépare la politique du gouvernement de John Howard avec la majorité de l’opinion publique. Après le désaveu du Sénat, la semaine passée, le Premier ministre doit désormais faire face à celui de son électorat.
De notre correspondante à Melbourne

Il n’y a pas beaucoup de thèmes qui mobilisent les Australiens un vendredi soir, veille d’un week end d’été austral. Pourtant plus de 150 000 personnes se sont retrouvées dans le cœur de Melbourne pour dénoncer la politique du gouvernement Howard et affirmer leur volonté de ne pas participer à une guerre en Irak. Alors que le rendez-vous était fixé à 17h00, la foule s’est faite plus dense dès 16h00. A 17h00 Swanston Street, l’artère principale de Melbourne, était complètement paralysée. Pour beaucoup de personnes présentes c’était leur première manifestation. Travaillistes, Verts, et Démocrates avaient appelé à la mobilisation mais ce sont surtout les sans étiquettes qui ont fait la différence, défilant avec un drapeau blanc, une branche de gui, une fleur, une colombe en papier ou alors un bout de carton avec juste un mot écrit: «NON».

Les slogans qui s’étalent sur les banderoles traduisent eux aussi l’opinion de la population restée jusque là plutôt silencieuse. «Pas de guerre pour du pétrole», «Combien de morts au litre», «C’est la guerre des Etats-Unis pas la nôtre», «L’Australie ne doit pas devenir comme l’Amérique», «Nous ne sommes pas des Yankees», «Pas en mon nom»…. Les Australiens souhaitent ainsi montrer leurs différences avec les américains mais surtout leur opposition à la politique de John Howard qui s’est largement engagé aux côtés des Etats Unis et de la Grande-Bretagne pour un très probable affrontement dans le golfe persique. Le sénateur John Brown, leader des Verts, s’est montré encore plus clair. «C’est la guerre de George Bush, c’est la guerre de Tony Blair, c’est la guerre de John Howard, mais ce n’est pas la guerre de l’Australie», déclare-t-il avant de demander au Premier ministre de «rappeler les 2 000 hommes qu’il a déjà envoyés dans le Golfe».

«J'ai bien réfléchi»

John Howard termine actuellement une semaine de visite aux Etats-Unis en Angleterre et en Indonésie «en mission pour la paix» comme il l’a défini lui-même. Ce déplacement arrive à point nommé pour le Premier ministre australien. Il est à la recherche d’une nouvelle crédibilité auprès de l’opinion publique, suite aux sondages de plus en plus défavorables et du désaveu essuyé devant le Sénat la semaine passée (voire article daté du 8 février 2003). Pourtant cette visite ne semble pas avoir eu les résultats escomptés au vu des 150 000 Australiens descendus dans les rues de Melbourne, ce 14 février. En réponse à la manifestation, John Howard précise qu’il a «un grand respect pour l’opinion publique qu’il écoute. Je sais qu’il y a des personnes qui formulent des réserves au sujet de l’Irak. J’ai bien réfléchi à tout cela. Je ne crois pas que l’opinion publique soit complètement établie», poursuit-il.

La manifestation de Melbourne marque le début d’une longue série qui devrait se tenir dans les principales villes du pays (Sydney, Adelaide, Alice, Brisbane, Perth), mais aussi à travers le monde entier. Ainsi des centaines de manifestations contre une possible guerre en Irak sont prévues durant le week- end à Kuala Lumpur, Tokyo, Hong Kong. Malgré cette mobilisation sans précédent, nombreux sont les manifestants qui redoutent que John Howard soit allé trop loin pour faire maintenant marche arrière.



par Carole  Martin

Article publié le 15/02/2003