Grande-Bretagne
Le centre de Londres devient payant pour les voitures
A partir de ce lundi, les automobilistes devront acquitter une taxe de cinq livres pour pénétrer le centre de la capitale.
De notre correspondante à Londres
Réussira, réussira pas ? Les paris restent ouverts à la veille du coup d’envoi de cette grande expérience urbaine dans le centre de la capitale britannique. Certains ont quoi qu’il en soit déjà surnommé ce 17 février 2003 le «bloody Monday» tant on prédit un cafouillage au début, jusqu’au maire de Londres lui-même d’ailleurs -pourtant instigateur du projet- qui a reconnu que cette journée de lancement serait effectivement un véritable «foutoir». «Il est clair que des automobilistes essaieront de jouer le jeu et d’autres tenteront de trouver des échappatoires», a déclaré Ken Livingstone, pour qui il faudra au moins deux semaines avant que les gens ne s’habituent à cette taxe embouteillage, appelée ici «Congestion Charge».
C’est qu’à partir du 17 février, voitures, poids-lourds et camionnettes devront payer 5 livres (près de 8 euros) pour pouvoir circuler dans le centre de Londres les jours de semaine, entre 7h00 et 18h30. Plus de 800 caméras ont été à cet effet installées au pourtour et à l’intérieur de cette zone d’environ 13 km² pour lire les plaques d’immatriculation des véhicules entrant ou circulant dans le secteur payant. Ces caméras seront reliées à un ordinateur central contenant toutes les immatriculations, qui lui, vérifiera si les automobilistes ont bien acquitté leur taxe. En revanche pour tous les resquilleurs, l’amende prévue sera salée puisqu’ils devront payer pas moins de 80 livres (près de 122 euros) et au bout du 3ème impayé leur voiture sera carrément saisie.
Un projet ambitieux pour une capitale plus que tout autre victime d’embouteillages monstres au quotidien et qui empirent chaque année. Une situation qui remonte à beaucoup plus loin que l’on pourrait penser comme l’explique Tony Travers, le directeur du Greater London Group, un organisme de recherche sur l’économie de Londres: «Les problèmes de Londres sont un héritage à la fois des romains, des anglo-saxons et de l’époque victorienne, avec des rues très anciennes et très étroites, trop étroites désormais pour un tel centre financier international. Car la capitale britannique n’a hélas pas bénéficié des métamorphoses opérées dans Paris par le baron Haussmann...». Résultat aujourd’hui, les voitures roulent moins vite dans le centre qu’au temps des chevaux, c’est-à-dire à environ 14 km/heure! Et les bus connaissent le même sort si bien qu’il vaut mieux être à pied pour être sûr d’être à l’heure.
Un projet ambitieux pour le maire de Londres
La solution adoptée par le nouveau maire a donc été de taxer l’accès au centre à la fois pour le désengorger et pour diminuer une pollution qui sans atteindre le niveau du fameux «smog» au temps de l’industrialisation, est malgré tout importante. Le but est de convaincre les automobilistes d’abandonner leur voiture et d’utiliser les transports en commun. Ken Livingstone espère ainsi réduire de 10 à 15% les embouteillages endémiques du centre-ville, tout en contribuant à rassembler quelque 130 millions de livres (près de 200 millions d’euros) les deux premières années afin de financer la modernisation des transports publics. Déjà de nombreux bus supplémentaires ainsi que de nouvelles lignes ont été introduits ces 18 derniers mois. Un plan qui, sur le papier, paraît parfait si ce n’est qu’en réalité le métro, les bus et les trains londoniens sont réputés pour être engorgés, en retard et vétustes. D’où un scepticisme certain, voire un rejet catégorique du principe de la «congestion charge». Et les opposants à cette taxe vont plus loin que l’argument des transports publics britanniques légendairement défectueux. Pour la coalition qui s’est rassemblée sous le nom de «Sod u Ken» (Ken, va te faire voir), cette taxe est non seulement injuste pour les tous les employés aux faibles revenus, mais en plus elle risque par ricochet d’engorger la périphérie de Londres, car tous les automobilistes vont désormais essayer d’emprunter le pourtour pour éviter la zone payante. Autant d’arguments que réfutent pourtant les adeptes du projet qui répliquent que ce péage n’affectera en réalité qu’une minorité de conducteurs, puisque 85% des gens qui vont dans le centre-ville empruntent déjà actuellement les transports publics. Des conducteurs qui plus est assez riches pour pouvoir jusqu’ici garer leur voiture dans le centre en payant des parcmètres à 4 livres de l’heure (plus de 6 euros!).
Malgré tout, il faut reconnaître que le maire prend un risque considérable et il le prend sans appui aucun, puisque le gouvernement travailliste s’est depuis le début bien gardé de prendre parti pour ou contre le projet. Une attitude ambiguë qui n’a d’ailleurs échappé à personne et que résume bien Tony Travers: «L’attitude du gouvernement est absolument révoltante car si Livingstone réussit, il sera un héros et le Labour en tirera tous les bénéfices en s’appropriant l’idée, mais si au contraire le maire échoue et que cette taxe est un fiasco, alors le gouvernement en fera un bouc-émissaire en rappelant que de toute façon il ne voulait pas de Ken Livingstone pour maire...»
Réussira, réussira pas ? Les paris restent ouverts à la veille du coup d’envoi de cette grande expérience urbaine dans le centre de la capitale britannique. Certains ont quoi qu’il en soit déjà surnommé ce 17 février 2003 le «bloody Monday» tant on prédit un cafouillage au début, jusqu’au maire de Londres lui-même d’ailleurs -pourtant instigateur du projet- qui a reconnu que cette journée de lancement serait effectivement un véritable «foutoir». «Il est clair que des automobilistes essaieront de jouer le jeu et d’autres tenteront de trouver des échappatoires», a déclaré Ken Livingstone, pour qui il faudra au moins deux semaines avant que les gens ne s’habituent à cette taxe embouteillage, appelée ici «Congestion Charge».
C’est qu’à partir du 17 février, voitures, poids-lourds et camionnettes devront payer 5 livres (près de 8 euros) pour pouvoir circuler dans le centre de Londres les jours de semaine, entre 7h00 et 18h30. Plus de 800 caméras ont été à cet effet installées au pourtour et à l’intérieur de cette zone d’environ 13 km² pour lire les plaques d’immatriculation des véhicules entrant ou circulant dans le secteur payant. Ces caméras seront reliées à un ordinateur central contenant toutes les immatriculations, qui lui, vérifiera si les automobilistes ont bien acquitté leur taxe. En revanche pour tous les resquilleurs, l’amende prévue sera salée puisqu’ils devront payer pas moins de 80 livres (près de 122 euros) et au bout du 3ème impayé leur voiture sera carrément saisie.
Un projet ambitieux pour une capitale plus que tout autre victime d’embouteillages monstres au quotidien et qui empirent chaque année. Une situation qui remonte à beaucoup plus loin que l’on pourrait penser comme l’explique Tony Travers, le directeur du Greater London Group, un organisme de recherche sur l’économie de Londres: «Les problèmes de Londres sont un héritage à la fois des romains, des anglo-saxons et de l’époque victorienne, avec des rues très anciennes et très étroites, trop étroites désormais pour un tel centre financier international. Car la capitale britannique n’a hélas pas bénéficié des métamorphoses opérées dans Paris par le baron Haussmann...». Résultat aujourd’hui, les voitures roulent moins vite dans le centre qu’au temps des chevaux, c’est-à-dire à environ 14 km/heure! Et les bus connaissent le même sort si bien qu’il vaut mieux être à pied pour être sûr d’être à l’heure.
Un projet ambitieux pour le maire de Londres
La solution adoptée par le nouveau maire a donc été de taxer l’accès au centre à la fois pour le désengorger et pour diminuer une pollution qui sans atteindre le niveau du fameux «smog» au temps de l’industrialisation, est malgré tout importante. Le but est de convaincre les automobilistes d’abandonner leur voiture et d’utiliser les transports en commun. Ken Livingstone espère ainsi réduire de 10 à 15% les embouteillages endémiques du centre-ville, tout en contribuant à rassembler quelque 130 millions de livres (près de 200 millions d’euros) les deux premières années afin de financer la modernisation des transports publics. Déjà de nombreux bus supplémentaires ainsi que de nouvelles lignes ont été introduits ces 18 derniers mois. Un plan qui, sur le papier, paraît parfait si ce n’est qu’en réalité le métro, les bus et les trains londoniens sont réputés pour être engorgés, en retard et vétustes. D’où un scepticisme certain, voire un rejet catégorique du principe de la «congestion charge». Et les opposants à cette taxe vont plus loin que l’argument des transports publics britanniques légendairement défectueux. Pour la coalition qui s’est rassemblée sous le nom de «Sod u Ken» (Ken, va te faire voir), cette taxe est non seulement injuste pour les tous les employés aux faibles revenus, mais en plus elle risque par ricochet d’engorger la périphérie de Londres, car tous les automobilistes vont désormais essayer d’emprunter le pourtour pour éviter la zone payante. Autant d’arguments que réfutent pourtant les adeptes du projet qui répliquent que ce péage n’affectera en réalité qu’une minorité de conducteurs, puisque 85% des gens qui vont dans le centre-ville empruntent déjà actuellement les transports publics. Des conducteurs qui plus est assez riches pour pouvoir jusqu’ici garer leur voiture dans le centre en payant des parcmètres à 4 livres de l’heure (plus de 6 euros!).
Malgré tout, il faut reconnaître que le maire prend un risque considérable et il le prend sans appui aucun, puisque le gouvernement travailliste s’est depuis le début bien gardé de prendre parti pour ou contre le projet. Une attitude ambiguë qui n’a d’ailleurs échappé à personne et que résume bien Tony Travers: «L’attitude du gouvernement est absolument révoltante car si Livingstone réussit, il sera un héros et le Labour en tirera tous les bénéfices en s’appropriant l’idée, mais si au contraire le maire échoue et que cette taxe est un fiasco, alors le gouvernement en fera un bouc-émissaire en rappelant que de toute façon il ne voulait pas de Ken Livingstone pour maire...»
par Muriel Delcroix
Article publié le 17/02/2003